Petite révolution au Cercle Gaulois : trois femmes de renom vont devenir membres de ce club prestigieux réservé aux hommes
Mardi, l'assemblée générale du Cercle Gaulois, dans une atmosphère tendue, a décidé d'ouvrir la possibilité d'adhérer aux femmes. À l'origine de cette évolution, un groupe de membres très actifs qui a agi avec détermination afin de moderniser cette institution de la capitale.
- Publié le 15-05-2024 à 14h18
- Mis à jour le 15-05-2024 à 19h12
Partager
Idéalement situé au cœur du Parc Royal de Bruxelles, entre le parlement fédéral, le cabinet du Premier ministre et le Palais, le Cercle Gaulois est l'un des clubs les plus réputés de la capitale belge et européenne. S'y retrouvent des diplomates, des entrepreneurs, des magistrats, des avocats, des décideurs politiques, des économistes, des représentants des médias pour un déjeuner, une conférence ou encore une discussion feutrée au bar.
Une AG chahutée
Fondé en 1847, le Cercle Royal Gaulois, Artistique et Littéraire – selon sa dénomination précise – est également une institution ancienne. Et cette institution connaît une petite révolution. Selon nos informations, l'assemblée générale (AG) du club, réunie mardi dans une ambiance très houleuse, a décidé d'ouvrir ses rangs aux femmes. Une première, bien que les statuts du Cercle n'interdisent pas formellement leur présence. Il fallait toutefois faire évoluer le règlement d'ordre intérieur qui, implicitement, verrouillait le caractère masculin de l'organisation en exigeant le port d'une cravate.
Céline Fremault, Ilham Kadri, Françoise Tulkens
Cette décision doit encore être approuvée par les instances internes et publiée ensuite au Moniteur. Mais il semble acquis que trois femmes d'envergure deviendront très prochainement membres du Cercle Gaulois : Céline Fremault (Les Engagés), l'ancienne ministre bruxelloise qui quittera bientôt la vie politique ; Ilham Kadri, la puissante ancienne CEO de Solvay et désormais patronne de Syensqo ; Françoise Tulkens, l'ancienne juge à la Cour européenne des droits de l'homme et figure de la magistrature belge. Leur entrée devra être validée formellement par la "commission de ballotage" du Cercle, le 25 juin.
Ces trois personnalités avaient été approchées par certains responsables du Cercle favorables à une ouverture aux femmes. Une adhésion leur a été proposée et elles ont accepté. Le choix de ces trois noms a été longuement réfléchi. Il vise à un certain équilibre : l'expérience politique, le pouvoir économique et le monde judiciaire sont représentés. Il ne s'agit que d'un premier pas, bien entendu. D'autres arrivées féminines devraient suivre. À ce sujet, le nom de Sophie Wilmès circule.
Un groupe très déterminé
D'où vient cette volonté de féminiser le Cercle ? Plusieurs membres ont estimé qu'il devenait inacceptable de camper sur la tradition prévoyant l'exclusivité masculine du club. Ce groupe d'hommes volontaires et décidés s'est heurté à des résistances. Mais il a fini par l'emporter. Parmi ces personnes, on trouve l'ancien chef de cabinet du Roi Frans van Daele, ou encore le constitutionnaliste Francis Delpérée.
Cette victoire de principe a été arrachée de haute lutte. Au sein du Cercle, de nombreux membres ne sont pas d'accord avec ce changement. L'issue de l'AG de mardi a bien reflété le rapport de force : 120 votes ont été exprimés en faveur de l'ouverture aux femmes et 60 contre.
Parmi les réticents, il s'en trouve qui estiment que la présence de l'autre sexe au sein du club est de nature à perturber les relations entre hommes : certains voudront se pousser du col afin de briller aux yeux des femmes, rendant l'atmosphère moins conviviale. Certains membres envisagent de quitter le club pour cette raison. La saga n'est peut-être pas terminée…
Interdites au bar…
Certaines situations pouvaient être embarrassantes. Si des conférencières ou intervenantes étaient conviées au "Gaulois", elles ne pouvaient donc pas en être membres. Et, malgré une invitation officielle, leur présence au bar restait absolument interdite… "Surréaliste", juge un informateur proche du dossier.
Dans les coulisses, nos sources estiment qu'il conviendra rapidement d'aller au-delà de la simple possibilité donnée aux femmes de prendre une carte de membre : leur présence dans le conseil d'administration du Cercle Gaulois et dans le comité de direction pourrait devenir également une réalité à l'avenir.
Cette évolution était inscrite dans les astres. On résiste difficilement à son époque." Ne pas avoir de femmes comme membres était une honte, tranche une source. Des chefs d'entreprise quittaient d'ailleurs le Cercle pour cette raison."
Une histoire de bail
Par ailleurs, la décision prise en assemblée générale s'inscrit également dans le renouvellement du bail de l'élégant bâtiment qui abrite le "Gaulois" dans le Parc Royal. Ces murs appartiennent à la Ville de Bruxelles. Et les décideurs politiques communaux auraient fait comprendre, à l'occasion de ce renouvellement, qu'il aurait été de bon ton de moderniser les règles internes du club et de l'ouvrir à une certaine vision de la modernité.