L'ACTU.
La fiabilité des résultats des machines à voter électroniques - facilement piratables selon leurs détracteurs - est régulièrement remise en cause. Certains États réclament même le retour au comptage manuel, plus long et chaotique. Une demande en totale opposition avec les avantages du vote électronique présenté comme plus exact, efficace et en théorie plus rapide. C’est en tout cas pour ces raisons que les premières machines furent adoptées dans de nombreux États américains dès les années 1970, notamment au moment des élections présidentielles. Depuis cette date, les journalistes français affichent une petite fascination pour ces façades « hightech » couvertes de boutons et de manettes.
LES ARCHIVES.
L’archive que nous vous présentons en tête d’article date du 6 novembre 1972. Dans le journal télévisé de 13 heures, Jean-François Robinet interrogeait Elton Stepherson, le conseiller de l'ambassade des États-Unis à Paris sur la tenue des élections américaines du lendemain, mais surtout, sur cette étrange machine à voter. Le responsable américain présentait alors le moyen de vote ultra-moderne qui serait proposé aux électeurs et expliquait, avec plus ou moins de clarté, le mécanisme de la machine. Parmi les innovations remarquables, un bouton rouge « connecté » qui refermait automatiquement le rideau de l’isoloir et validait le vote, interdisant ensuite de le modifier. En fin d'interview, c'est le journaliste qui vanterait lui-même l’avantage de cette machine reliée à un ordinateur, ainsi que la célérité des résultats obtenus dès la fermeture du bureau de vote. « Une trentaine de seconde après la fermeture » confirmait d'ailleurs Elton Stepherson à son interlocuteur médusé.
Cette innovation fut testée dès l’année suivante, à Paris et en Corse. Une bonne occasion pour les journalistes de décrire la machine en question, aux fonctionnalités, certes nombreuses, mais tout de même un peu complexes. Dans un exercice de haute-voltige, ici encore, un journaliste louait le comptage automatique des voix, voire quasi instantané, permettant « d’éviter les risques d’erreur ». Plus de bulletins ni d’enveloppes, source « d’erreur pour les électeurs ».
Mais en France, la machine à voter n’allait pas remporter les suffrages.
La machine à voter
1973 - 02:04 - vidéo
Il restait heureusement les élections américaines pour retrouver ces chères machines à voter. Dans les années 1980, ce système de vote moderne suscitait toujours l'intérêt - et parfois l'agacement - des journalistes français. Ainsi cette démonstration réalisée par Jean Lefèvre, usant d'un ton désabusé : « Les électeurs américains votent avec des boutons ! C'est bien américain, me direz-vous ! On n'arrête pas le progrès », déclarait-il ci-dessous, avant de leur reprocher de ne pas avoir conservé comme nous « le bulletin de vote et les urnes qui sont le symbole de la démocratie ».
La machine à voter américaine
1980 - 01:38 - vidéo
Au cours des décennies suivantes, la machine à voter est devenue un incontournable des bureaux de vote américains. Elle n'a pas été abandonnée malgré le problème de comptage des votes de l'élection présidentielle de 2000 qui avait plongé le pays dans l'expectative durant 36 jours ! Malgré ce raté, les machines « vintage » étaient toujours utilisées pour l'élection de 2004, suscitant, encore une fois, une dose d’étonnement chez les Français.
C'est ainsi que David Pujadas, le présentateur du 20 heures de France 2, présent à New York à l'occasion de l'élection présidentielle, était fier de dévoiler son « scoop » du jour : une machine à voter prêtée par un bureau de vote voisin, et semblable à celle utilisée dans les années 1970, avec sa manette rouge fermant le rideau de l'isoloir. Démonstration !
David Pujadas et la machine à voter aux Etats-Unis
2004 - 01:12 - vidéo