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Coupe Davis 1991 : le match France-Israël déplacé de Marseille à Rennes

Coupe Davis 1991 : le match France-Israël déplacé de Marseille à Rennes

Dans un contexte géopolitique tendu, le match de football France-Israël de jeudi 14 novembre aura bien lieu au Stade de France, sous haute surveillance. Des compétitions sportives à la sécurité renforcée, voire reportées ou déplacées, en raison du conflit au Proche-Orient, c'est déjà arrivé. Ce fut par exemple le cas en 1991, pour la rencontre des tennismans français et israéliens au cours de la coupe Davis. 

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 13.11.2024
 

L'ACTU.

Dans un contexte géopolitique tendu depuis le début de la guerre Israël-Hamas et à la suite des agressions qui ont lieu à Amsterdam en marge de la rencontre entre l’Ajax et le Maccabi Tel-Aviv début novembre, le match de football France-Israël du jeudi 14 novembre au Stade de France se fera sous haute-surveillance. 20 000 spectateurs sont attendus sur les 80 000 places du stade, pour environ 4 000 policiers et 1 600 agents de sécurité. Le président français Emmanuel Macron et son Premier ministre Michel Barnier devraient être présents tandis que les autorités israéliennes appellent leurs ressortissants à ne pas se rendre au match.

Il s'agit de la cinquième journée de la Ligue des nations, une compétition sans grand enjeu sportif. C'est le contexte géopolitique qui fait de ce match un événement. Comme en 1991, en pleine guerre du Golfe. À l'époque, Israël avait demandé à déplacer dans le temps et l'espace la rencontre France - Israël de la Coupe Davis. Récit en archives.

LES ARCHIVES.

« Le match de Coupe Davis opposant la France à Israël et qui doit avoir lieu, ou qui devait avoir lieu on ne sait plus très bien, à Marseille à la fin mars : une affaire qui déborde ce soir largement du pur cadre sportif. » En février 1991, la guerre du Golfe atteignait son paroxysme. Elle opposait l'Irak après son invasion du Koweït à une coalition de pays dont les États-Unis, la France et Israël. Certains États impliqués craignaient des répercussions du conflit sur leur sol ou leurs ressortissants. C'était notamment le cas d'Israël.

Comme on l'entend dans l'archive en tête d'article, le président de la Fédération israélienne de tennis David Harnik exprimait le souhait qu'un match de tennis de la Coupe Davis, opposant l'équipe israélienne aux Français n'ait pas lieu à Marseille comme prévu. En raison de la guerre du Golfe, « la Fédération internationale avait déjà accepté le report de février au mois de mars », ajoutait le journaliste.

Pour cette nouvelle demande, la fédération israélienne ne justifiait pas directement sa demande par la guerre, mais par « la trop forte concentration d'Arabes » à Marseille. Et le journaliste de préciser, à propos du président de la Fédération israélienne de tennis : « Selon lui, les conditions de sécurité ne seraient pas réunies à Marseille pour ce match. La communauté maghrébine y serait trop importante ».

Ces propos firent polémique et froissèrent jusqu'au consul général israélien à Marseille, David Yehuda Soussana : « Ici, à Marseille, la vie est calme et les communautés y vivent conjointement de la meilleure façon. (...) Les gens sont des gens d'une conscience assez mature pour comprendre la nécessité de vivre ensemble ici à Marseille, sans tenir compte de ce qui se passe au golfe. La guerre n'est pas à Marseille. » La décision appartenait désormais à la fédération française.

Une rencontre jouée à Rennes

Pour la Fédération française de tennis (FFT), ces « inquiétudes n'étaient pas justifiées ». Elle accédait tout de même à la demande en tenant compte des « préoccupations manifestées ». Le match était déplacé à Rennes, pour le plus grand bonheur des Bretons qui accueillaient pour la première fois une épreuve de la Coupe Davis. « Service gagnant pour la ville de Rennes », se réjouissait-on sur France 3 Bretagne ci-dessous.

Sur place, la sécurité avait été renforcée. Une « centaine de policiers » étaient chargés de la sécurité. La veille de la compétition, les athlètes israéliens assuraient dans l'archive ci-dessous : « Oui, nous avons une très bonne sécurité à l'hôtel et au club. Ici, on se sent vraiment très, très bien ».

En réponse aux propos du président de la Fédération israélienne de tennis David Harnik, qui les avait blessés comme on l'entend ci-dessous, une délégation de jeunes Marseillais de la communauté maghrébine se rendait à Rennes pour profiter de la compétition. « Par ce geste pour eux avant tout symbolique, ils entendent protester contre la décision de la FFT qui a accepté que, pour des raisons de sécurité, se joue, ailleurs que dans la cité phocéenne où initialement elles avaient été prévues, les rencontres ».

Sur place, les membres la délégation marseillaise expliquaient : « On a été un peu choqué de voir ce tournoi qui est la Coupe Davis être déplacé dans une autre ville. Alors que tout le monde était content de voir et de voir des joueurs de tennis de très haut niveau ». Et d'ajouter : « Nous, nous voulons affirmer que nous appartenons toujours à la communauté nationale. Il ne s'agit pas de nous traiter comme citoyens français en période de crise et en période de paix redevenir les boucs émissaires ».

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