« Qu'est devenue la joie de la première fraise, de la première cerise de l'année ? » Il fut une époque où, en plein hiver, les tomates et les fraises n'existaient pas sur les étals des magasins. À partir des années 1970, le marché de la contre-saison permit progressivement de trouver « de tout, toute l'année ». Au plus grand bonheur des commerçants qui, comme dans l'archive de 1973 en tête d'article, disaient les avantages d'une telle évolution de la vente de fruits et légumes. Résultat : « Pour la nourriture, il n'y [avait] pratiquement plus de saisons ».
Marcel Picard, négociant commissionnaire aux Halles, récusait le terme de contre-saison : « Personnellement, je n'appellerai pas ça contre-saison, car dans les pays d'où ça provient c'est la pleine saison, mais ça rentre presque dans les mœurs, il ne viendrait pas à une ménagère à l'heure actuelle l'idée de manquer de tomates ou de haricots verts. » Un restaurateur de renchérir : « Moi, ma grand-mère quand il y avait les premiers petits pois, on mangeait les premiers petits pois chez ma grand-mère, où les premiers haricots verts, les premières fraises. Mais maintenant, c'est exact, y'a plus de saisons puisqu'on trouve de tout toute l'année. »
Il était désormais possible de se procurer certains fruits et légumes tout au long de l'année : « Ce qui n'existait pas il y a seulement cinq ans ».
Importation, culture sous-serre et conservation
Un résultat d'importations de plus en plus mondialisées. « Dans le temps, nous connaissions les importations d'Afrique du Nord et d'Amérique quelques fois. » Désormais tous les pays d'Afrique étaient en capacité d'exporter vers l'Europe. « On a les haricots verts par exemple d'Égypte, du Kenya, du Sénégal. »
Un deuxième aspect avait permis de manger des tomates en toute saison : la culture sous serre. « Non plus les serres d'autrefois, mais celles immenses des temps modernes qui avec les perfectionnements des chauffages, des plastiques et de la chimie utilisent les techniques les plus avancées. » Et enfin, le développement de technique de conservation, « des entrepôts frigorifiques ou mieux encore dans des chambres spéciales dites à atmosphère contrôlée ». Dans notre archive, un spécialiste disait l'intérêt de ces méthodes de conservation pour la « régularisation du marché » en ce que les légumes et fruits pouvaient ainsi être vendus au « moment le plus opportun ».