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Tendre fruit des pleurs de l’Aurore

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TENDRE FRUIT DES PLEURS
DE L’AURORE


 
Tendre fruit des pleurs de l’aurore,
Toi dont Zéphire va jouir ;
Reine de l’empire de Flore,
Hâte-toi de t’épanouir. Bis

Que dis-je, hélas ! crains de paraître,
Diffère un moment de t’ouvrir ;
L’instant qui doit te faire naître
Est celui qui doit te flétrir.

Thémire est une fleur nouvelle,
Qui subira la même loi ;
Rose, tu dois briller comme elle,
Elle doit passer comme toi.

Quitte cette tige épineuse,
Va l’embellir de tes couleurs :
Tu dois être la plus heureuse
Comme la plus belle des fleurs.

Va, meurs sur le sein de Thémire,
Qu’il soit ton trône et ton tombeau.
Jaloux de ton sort, je n’aspire,
Qu’au bonheur d’un trépas si beau.

Suis la main qui va te conduire
Du côté que tu dois pencher ;
Éclate à nos yeux, sans leur nuire,
Pare son sein, sans le cacher.

Mais si quelque autre main s’avance,
Si quelque amant est mon égal,
Emporte avec toi ma vengeance,
Garde une épine à mon rival.


Tu vivras plus d’un jour, peut-être,
Sur l’autel que tu dois parer ;
Un soupir t’y fera renaître,
Si Thémire peut soupirer.

Fais-lui sentir par mes alarmes
Le prix du plus grand de ses biens
En voyant expirer tes charmes,
Qu’elle apprenne à jouir des siens.

Gentil-Bernard.