moyen âge, a quitté l’Europe ainsi que son ancien foyer classique, l’Egypte. La suette anglaise, qui, née en Angleterre à la suite de la guerre des deux Roses, a, vers le milieu du XVIe siècle, décimé tout le nord-est de l’Europe, n’existe presque plus ; et, si la vaccination se pratiquait avec toute l’exactitude que la science réclame, il ne serait plus question de la variole.
En réalité, si les maladies infectieuses et contagieuses sont un des plus cruels fléaux qui désolent l’humanité, ce sont aussi les maux sur lesquels nous avons le plus de prise, soit pour arrêter leurs progrès, soit même pour empêcher qu’ils ne se produisent. Les maladies infectieuses sont les vraies maladies évitables. Il est donc d’un grand intérêt pratique et public d’être fixé sur la route que suivent les épidémies, afin de pouvoir mettre obstacle à leur marche et les supprimer dans leur germe.
Un premier point doit être établi : les épidémies qui, pour quelques auteurs, sont d’origine exclusivement météorique, comme la grippe, offrent cependant une marche et un développement qui sont modifiés par les courans humains.
La grippe, — que les Français appellent influenza, et les Italiens influence, — qui a régné en Europe en 1889 et en 1890 et dont le point de départ semble avoir été Saint-Pétersbourg et Moscou, a gagné rapidement Odessa, Varsovie, Stockholm, toutes villes en communication directe avec Saint-Pétersbourg et Moscou, soit par voie de terre, soit par voie de mer.
On la voit en moins d’une semaine atteindre Berlin et Paris alors qu’elle met plus d’un mois pour aller de Stockholm à Christiania. Cela tient à ce que, d’un côté, il y a des communications plus rapides entre les premières villes et que, de l’autre, Stockholm et Christiania sont séparées par des chaînes de montagnes. Ce fait est déjà démonstratif, mais il y a plus : une fois la grippe installée à Berlin, à Paris, à Vienne, on la voit bientôt régulièrement rayonner autour de ces différens foyers.
De Paris elle s’étend vers le nord-est à la rencontre des cas propagés de Berlin et de Kiel, et à l’est, vers ceux qui se répandent de Vienne vers l’occident ; de telle sorte que dans tout le triangle déterminé par ces villes : Paris, Kiel, Vienne, la semaine dont la mortalité est la plus élevée est celle qui se termine le 4 janvier 1890. Une semaine plus tard, cette grande mortalité apparaît au nord-ouest de ce triangle : Amsterdam, Londres, Dublin, Edimbourg, et au midi : Lyon, Pesth, Trieste. Ce développement en rayons a été nettement prouvé pour les garnisons