datent des trois dernières années. Pour montrer combien la géographie de cette région était mal connue, nous dirons que naguère ; encore certains géographes européens s’accordaient à enseigner que le Paropamise des historiens grecs, cette chaîne de montagnes dont ceux-ci ont tant parlé, en l’appelant aussi Caucase indien, et en la dépeignant comme l’inévitable barrière que devaient franchir tous les conquérans de la hante Asie, n’existait pas. Or le Paropamise, on le sait maintenant, n’est autre chose que l’Hindou-Kouch, et son existence s’est affirmée, de la façon la plus indéniable et la plus imposante, aux yeux de tous les voyageurs encore rares qui ont pu contempler son formidable et gigantesque profil. Partant du nœud central des grandes chaînes asiatiques, cette crête s’avance dans la direction de l’ouest-sud-ouest, jusqu’au-delà de Hérat, et ses cimes arrivent jusqu’à l’énorme altitude de 7 800 mètres, presque égale à celle des plus hauts sommets de l’Himalaya.
Trois routes, ou, pour mieux dire, trois groupes de routes, permettent de traverser cette chaîne de montagnes colossale, que les conquérans venus du nord ou de l’ouest, Perses, Macédoniens, Arabes, Mongols et Turcs, ont si souvent franchie, toujours victorieux, malgré l’extrême difficulté du terrain, pour se ruer à la conquête des fertiles plaines de l’Inde.
Si nous considérons cette grande barrière montagneuse dans tout son développement, c’est-à-dire depuis Hérat jusqu’à la frontière de Chine, sur une longueur de 1 500 kilomètres, nous voyons que vers son centre, tout près de la ville de Kaboul, entre la moitié orientale qui seule porte aujourd’hui, pour les indigènes le nom d’Hindou-Kouch et la section qu’ils nomment Kouch-Baba (Mère des Montagnes), s’ouvre un groupe de cols, les passes de Bamian. Ces défilés empruntent ce nom collectif à la petite ville de Bamian, située sur la rivière Koundouz, à une altitude de 2 000 mètres, et qui en est la clef sur le versant nord. L’une des routes qui en partent va directement de la vallée du Koundouz dans celle du Kaboul, c’est-à-dire du bassin de l’Oxus dans celui de l’Indus, par la traversée d’une ligne de faîte unique. C’est le col de Chibar, dont l’altitude, voisine de 4 000 mètres, n’est pas très forte par rapport au fond des vallées adjacentes et dont l’accès est relativement aisé. Ce n’est cependant pas la route la plus fréquentée, car elle n’est pas la plus facile, et en outre la vallée du Gourbent, affluent du Kaboul, où elle débouche, ne permet d’atteindre que par un long détour la ville de Kaboul, capitale de l’Afghanistan. L’autre route, plus fréquentée, passe d’abord de la vallée du Koundouz dans la haute vallée de l’Helmound,