intérêts à l’étranger, les souverains des autres états allemands, indépendans sous le régime de l’ancienne confédération, ont abdiqué leurs pouvoirs particuliers entre les mains de la monarchie prussienne. La constitution de l’Empire, émanée des inspirations de la Prusse, confère à l’empereur seul le droit de déclarer la guerre et de rétablir la paix, de conclure des alliances et autres traités avec les puissances étrangères, de recevoir et d’accréditer des ambassadeurs au nom de l’Allemagne, de convoquer et de clore le Bundesrath et le Reichstag, de proclamer les lois et d’en surveiller l’exécution. Une action unique, exécutée par des mains prussiennes, sous le couvert de l’intérêt allemand, éclate ainsi dans toutes les directions de l’activité politique, sans aucune entrave, sans qu’il faille prendre formellement l’avis des états particuliers dans les questions de la plus haute importance. Quand, avec l’épée, les rois de Prusse disposeront aussi de la caisse, garnie suivant leurs exigences, les derniers vertiges d’autonomie auront disparu pour les autres gouvernemens allemands, abandonnés aux loisirs du far-niente, laissant danser tous leurs sujets dans la mesure et sur l’air marqués par Berlin. L’épée, la monarchie prussienne la tient assez fort déjà pour ne pas lâcher prise, grâce aux garanties introduites par son premier ministre dans la constitution de l’Empire. Le prince de Bismarck met en mouvement tous les ressorts de sa politique intérieure, dans la phase présente, afin d’assurer à la caisse de l’Empire des revenus suffisans pour n’avoir plus rien à demander au Reichstag, mandataire du peuple allemand.
Certes la politique prussienne est bien nette dans ses vues. D’aucun côté, elle ne se trouve à court pour avoir négligé les précautions nécessaires à la réalisation de ses fins. Sachant que celui qui tient l’épée arrive aussi à disposer de la caisse, que la caisse, que la fortune est livrée à la force, le chancelier, afin d’écarter la moindre chance de conflit, a eu soin de stipuler dans la constitution que l’empereur, commandant les forces de terre et de mer, nommerait personnellement au sein du conseil fédéral, en sa qualité de président, les membres des commissions spéciales pour l’armée, la marine et les fortifications, tandis que le conseil élit les membres de ses autres commissions. Cette manière de s’attribuer la part du lion en tout et partout rappelle le procédé de Polichinelle qui dit, en recommandant de bien partager en frères : « À moi le tout, le reste aux autres ». Nul doute que les jours du Bundesrath ne soient comptés aussi, et que, du moment où l’Empire aura acquis son autonomie financière complète, l’institution du conseil fédéral, ainsi que celle du Reichstag, ne risquent fort de tomber, comme des rouages gênans dans l’organisme du gouvernement personnel. C’est ce qu’appréhende le Reichstag quand il dispute au chancelier de