dans la grande publication de l’état-major prussien. Telle est la puissance de l’enseignement allemand, que les erreurs, une fois qu’elles y ont pris place, sont plus difficiles à déraciner dans ce pays que nulle part ailleurs : comme elles sont transmises à tous les enfans, garçons et filles, et comme elles sont implantées dans le premier âge, elles tiennent au plus profond de l’esprit, et si quelqu’un laisse voir un doute, le fait contesté trouve aussitôt des garans non moins nombreux que convaincus.
Si efficace que soit cet ensemble de mesures, il n’a pas encore paru suffisant. Le 8 octobre 1873 se réunissait à Berlin, sous la présidence du ministre de l’instruction publique, une conférence où étaient appelés, avec quelques personnes étrangères à l’instruction, les représentans les plus éminens de l’enseignement prussien. Parmi les questions soumises à ses délibérations se trouvait celle-ci : « On a fait récemment aux écoles publiques le reproche qu’elles ne se préoccupent pas assez de nourrir chez les élèves la conscience de la nationalité allemande. Que peut-on, par ordonnances spéciales, ajouter à ce qui se fait déjà dans cette direction ? » Nous ne croyons pouvoir mieux faire que de traduire, en la condensant par endroits, la partie afférente du procès-verbal officiel[1].
Le rapporteur, M. le docteur Jäger (directeur du gymnase de Cologne), commence par rappeler que, jusqu’aux événemens de 1866 et 1870, il existait un dualisme entre le sentiment de l’état prussien et la conscience de la nationalité allemande. Quelquefois cette dernière était considérée avec une certaine méfiance. Aujourd’hui que le dualisme a cessé, on peut nourrir simultanément les deux sentimens chez la jeunesse. Dans les vieilles provinces, on partira du sentiment de l’état prussien pour fortifier la conscience nationale allemande, et dans les parties nouvelles du territoire on devra s’adresser à la conscience nationale allemande pour éveiller le sentiment de l’état prussien.
Deux catégories de moyens sont à la disposition de l’école pour nourrir l’une et l’autre force dans la jeunesse, d’une part l’enseignement, d’autre part ce qu’on peut appeler les mœurs scolaires, c’est-à-dire l’ensemble des actes qui constituent la vie publique de l’école. Sous ce dernier rapport, on recommandera de décorer les salles de classe et la bibliothèque avec des images tirées de l’histoire nationale, avec des tables portant les noms des élèves morts pour la patrie… Cela est à recommander, non à ordonner, car il faut se garder sur ce domaine de ce qui serait factice. On en peut dire autant d’un autre point considérable, savoir les fêtes scolaires. Il
- ↑ Protokoll der im october 1873 im K. Preussischen Unterrichts-Ministerium über verschiedene Fragen des höheren Schulwesens abgehaltenen Conferenz, Berlin 1874.