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Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 7.djvu/499

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FLAMARANDE.

étés, et s’y occupait de ses affaires en personne positive, dévouée à son fils unique, âgé de cinq ans. Elle recevait pourtant beaucoup de monde, et ne dédaignait pas le plaisir. Voulant loger tous ses hôtes, elle avait agrandi son château, mais sans aucun luxe. Tout était simplement confortable ; le jardin était fort beau et bien tenu.

Mes maîtres, reçus à bras ouverts, car les deux dames paraissaient tendrement s’aimer, furent installés dans un appartement du rez-dechaussée qui se composait de trois pièces, un petit salon, une chambre à coucher et un grand cabinet de toilette, chacune de ces pièces ayant une fenêtre sur le petit jardin qui remplissait l’intervalle entre les deux nouveaux pavillons. C’était un parterre fraîchement planté, mais de plantes bien serrées et de belle venue, de manière que les fenêtres des deux pavillons qui se faisaient vis-à-vis ne plongeaient pas directement les unes dans les autres. M. de Salcède fut logé dans la partie ancienne qui formait le fond du fer-à-cheval. Les domestiques eurent des chambres dans le haut des corps de logis. Je me trouvai au troisième juste au-dessus de l’appartement de mes maîtres. Je demande qu’on ne me reproche pas ces détails, absolument nécessaires au récit que je prends le soin d’écrire.

Mon maître ne s’était pas senti disposé à s’occuper d’affaires pendant notre excursion à Flamarande ; il m’avait chargé de m’enquérir de toutes choses pendant qu’il allait à la chasse, et, en une aprèsmidi, il m’avait fallu ne point perdre de temps pour me faire une légère idée de la valeur et du rendement de la terre. Cela consistait en une ferme de trois mille francs. Pour lui, c’était si peu de chose que depuis trois ans il n’avait pas compté avec son fermier. Il m’avait commandé de l’augmenter, si, après vérification de ses livres, je trouvais le chiffre du fermage trop au-dessous de sa valeur. Michelin me parut un très galant homme qui voulait s’en remettre à la loyauté héréditaire dans la famille de Flamarande. Il ne fit donc aucune difficulté pour me confier ses livres, que j’emportai à Montesparre, où je devais avoir le loisir d’en faire l’examen.

Ceci méprit du temps, car, si les livres de Michelin enregistraient chaque chose avec exactitude, ils manquaient absolument de méthode, et je devais m’en faire une pour m’y reconnaître. Je devais aussi me renseigner sur la valeur des produits du pays. Je passai donc un mois à Montesparre, absorbé par ce travail et ne sachant presque rien de ce qui se passait dans le château : confiné dans ma chambre, j’y travaillais avec ardeur, et en fin de compte je jugeai devoir déclarer à mon maître que le père Michelin donnait un prix convenable et peu susceptible d’augmentation : le pays ne produisant que de l’herbe, tout le revenu était fondé sur l’élevage des bestiaux. — C’est fort bien, Charles, répondit M. le comte. Re-