n’arrive à aucun résultat. Non-seulement on ne réussit pas, mais chaque tentative, poursuivie dans des conditions incertaines et équivoques, aboutit fatalement à des déceptions nouvelles, et au bout du compte on finit par s’aigrir et s’irriter mutuellement, par aggraver les difficultés qu’on voulait résoudre, par accumuler les impossibilités. Précisons les faits. Quelle était la situation au moment où l’assemblée se réunissait de nouveau, d’abord au 30 novembre, puis le 5 janvier ? Elle était suffisamment claire, cette situation, il n’y avait pas à s’y méprendre. La première condition était de prendre résolument son parti sur ce qu’il y avait à faire et de s’assurer les moyens d’engager une action politique décisive. Il y avait en un mot une question de principe et une question de conduite. La question de principe était, à vrai dire, tranchée d’avance. La nécessité de l’organisation constitutionnelle s’imposait en quelque sorte d’elle-même, elle ne résultait pas seulement d’une série d’actes obligatoires de l’assemblée, d’une série de sollicitations pressantes du gouvernement ; elle était dans la force des choses, dans les besoins les plus intimes, les plus impérieux du pays, et jusque dans cette incohérence universelle où il n’y a plus ni pouvoir ni direction possible. Restait la difficulté de conduite ou de tactique, si l’on veut, et ici évidemment il n’y avait pas deux manières d’agir, si l’on voulait procéder sérieusement. Il fallait réaliser à tout prix l’alliance des fractions modérées, qui ne diffèrent pas essentiellement sur la nécessité de l’organisation des pouvoirs publics, et les résolutions une fois arrêtées en commun, fût-ce par des sacrifices mutuels inévitables, il devait y avoir dès le premier moment, pour l’ouverture de la session, un ministère représentant cette alliance, s’imposant par l’autorité du talent et d’une entente patriotique, prêt à soutenir la lutte avec ses ennemis irréconciliables et même avec ses amis récalcitrans. Il n’aurait pas eu la majorité, répète-t-on toujours. Ce n’est là qu’un faux-fuyant de stratégie vulgaire. Il n’est nullement prouvé que ce ministère, s’il avait pu se former, si les hommes l’avaient un peu énergiquement voulu, n’eût enlevé une majorité, et, s’il ne l’avait pas enlevée du premier coup, comme il serait resté l’expression vivante de la force parlementaire la plus compacte, d’une politique précise, coordonnée et sérieusement pratique, il serait bientôt arrivé à décourager les résistances excentriques, les oppositions des partis extrêmes. Il eût planté un drapeau reconnaissable pour le pays, et il aurait donné à l’assemblée elle-même la direction qui lui manque. C’était une entreprise digne d’être tentée par des hommes résolus à mettre les intérêts libéraux et nationaux de la France au-dessus de toutes les considérations subalternes.
M. le président de la république a dû obéir à quelque préoccupation de ce genre lorsqu’il réunissait, il y a quelques jours, à l’Elysée des hommes des diverses opinions modérées, M. Dufaure, M. Buffet, M. le