Il est rentré fort tard dans la nuit ; le bal de l’ambassadeur d’Angleterre l’a retenu jusqu’à deux heures du matin.
Jamais de repos : le monde, la politique, l’administration, il faut satisfaire à tout à la fois.
Scène II
Ne laissez entrer personne ce matin ; je suis accablé de travail. Ce n’est pas jour d’audience. Je veux être seul.
Puissiez-vous jouir de quelques heures de liberté ! Votre bureau est couvert de dossiers qui réclament une prompte solution. Les chefs de division n’ont pas pu arriver jusqu’à vous depuis huit jours ; ils se plaignent de l’encombrement et demandent en grace quelques momens de travail.
Ils sont bien impatiens ; à chaque jour suffit sa peine. Commençons par le plus pressé. Que disent les journaux ce matin ?
Toujours à peu près le même langage : des injures contre le ministère dans les feuilles de l’opposition, de grands éloges dans les autres.
C’est dans l’ordre. Les Débats parlent-ils de mon discours d’hier ?
Pas un mot.
Ce silence affecté est le fruit de quelque intrigue ; je la découvrirai. Du reste, rien de particulier sur mon ministère ?
La Presse attaque M. le secrétaire-général ; le Siècle le défend avec aigreur.
Appui maladroit. Ils feront si bien, que nous serons obligés de lui donner un successeur et de nous brouiller irrévocablement avec son parti ; et, après