sont pas des pièces historiques, mais qu’elles doivent être envisagées comme des compositions destinées à couvrir de l’autorité de Jésus certaines doctrines chères au rédacteur, c’est leur parfaite harmonie avec l’état intellectuel de l’Asie Mineure au moment où elles furent écrites. L’Asie Mineure était alors le théâtre d’un étrange mouvement de philosophie syncrétique ; tous les germes du gnosticisme y existaient déjà. Cérinthe, contemporain de Jean, disait qu’un éon nommé Christus s’était uni par le baptême à l’homme nommé Jésus, et l’avait quitté sur la croix[1]. Quelques-uns des disciples de Jean paraissent avoir bu à ces sources étrangères. Peut-on affirmer que l’apôtre lui-même ne subit pas de semblables influences[2], qu’il ne se passa pas chez lui quelque chose d’analogue au changement qui se fit dans saint Paul et dont l’épître aux Colossiens est le principal témoignage[3] ? Non, sans doute. Il se peut qu’après les crises de l’an 68 (date de l’Apocalypse) et de l’an 70 (ruine de Jérusalem), le vieil apôtre,
Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/83
Apparence