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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/538

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cette heure, diſcerner les perſonnes en fermant l’œil gauche. Outre qu’eſtant homme de complexion forte & de mauuaiſe diete, vne bonne purge ne luy pouuoit nuire, comme elle a fait a pluſieurs autres.

I’ay examiné le chiffre que vous m’auez enuoyé[1], & le trouue fort bon, mais trop prolixe pour eſcrire tout vn ſens ; & ſi on n’eſcrit que peu de paroles, on les trouueroit par la quantité des lettres. Il vaudroit mieux ſaire vne clef des paroles par l’alphabet, & puis marquer quelque diſtinction entre les nombres qui ſignifient des lettres & celles qui ſignifient des paroles.

I’ai icy ſi peu de loiſir a eſe-crire, que ie ſuis contrainte de vous enuoyer ce brouillon, où vous pouvez remarquer, a la difference de la plume, toutes les fois que i’ay eſté interrompue. Mais i’aime mieux paroiſtre deuant vous auec toutes mes fautes, que de vous donner ſuiet de croire que i’ay vn vice ſi eſloigné de mon naturel, comme celuy doublier mes amis en l’abſence, principalement vne perſonne que ie ne ſaurois ceſſer d’affectionner, ſans ceſſer auſſi d’eſtre raiſonnable, comme vous, Monſieur, a qui ie ſeray toute ma vie,

Voſtre tres affectionnée amie a vous ſeruir,
élisabeth.

Monſieur Deſcartes,

De Berlin, ce 30me de Septembre.


Page 520, l. 11. — « De 6 ans », c’est-à-dire en 1640. Élisabeth avait alors près de vingt-deux ans, étant née le 26 décembre 1618. Elle ſut toujours préoccupée du rétablissement de sa maison, et précisément, en

  1. Voir ci-avant p. 493, note a.