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Le soleil est noyé. — C’est le soir — dans le port
Le navire bercé sur ses câbles, s’endort
Seul ; et le clapotis bas de l’eau morte et lourde,
Chuchote un gros baiser sous sa carène sourde.
Parmi les yeux du brai flottant qui luit en plaque,
Le ciel miroité semble une immense flaque.
Le long des quais déserts où grouillait un chaos
S’étend le calme plat…
Quelques vagues échos…
Quelque novice seul, resté mélancolique,
Se chante son pays avec une musique…
De loin en loin, répond le jappement hagard,
Intermittent, d’un chien de bord qui fait le quart,
Oublié sur le pont…
Tout le monde est à terre.
Les matelots farauds s’en sont allés — mystère ! —
Faire, à grands coups de gueule et de botte… l’amour.
— Doux repos tant sué dans les labeurs du jour. —
Entendez-vous là-bas, dans les culs-de-sac louches,
Roucouler leur chanson ces tourtereaux farouches !…
— Chantez ! La vie est courte et drôlement cordée !…
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