dain ses yeux perçants discernèrent au loin des cavaliers ; ils s’approchaient de plus en plus, venant évidemment droit à elle ; bientôt
elle se vit chargée par deux ou trois cents Bédouins armés, qui
poussaient des cris farouches et brandissaient leurs lances altérées
de son sang. Son visage à ce moment était, selon la coutume des
femmes orientales, voilé par son yashmack ; mais à l’instant même
où les lances des premiers cavaliers étincelaient autour de la tête de
son cheval, elle se dressa sur ses étriers de toute sa hauteur, rejeta
Cèdres du Liban.
le yashmack qui cachait sa figure majestueuse, fit lentement avec le
bras un geste de dédain, et cria d’une voix retentissante : « Arrière ! »
Les cavaliers reculèrent devant ce regard ; mais ce n’était pas sous l’empire de la terreur. Les hurlements menaçants des agresseurs se changèrent tout à coup en acclamations de joie et de respect, saluant la bravoure de la belle Anglaise, et ils déchargèrent leurs fusils en l’air de tous côtés en son honneur. En réalité, cette troupe appartenait à la tribu avec laquelle elle avait conclu alliance, et la feinte attaque comme la prétendue crainte d’un combat avaient été une ruse pour éprouver son courage. La journée se termina par une grande fête pour célébrer l’héroïne, et dès lors son pouvoir sur l’esprit de ces populations ne fit que grandir[1].
- ↑ Kinglake, Eothen.