LADY BRASSEY
Les récits de navigation autour du monde sont nombreux et
semblent devoir tous se ressembler : tempêtes, calmes et naufrages ;
entrevues avec les sauvages, regardant stupéfaits ces voiles blanches
qui viennent de l’autre côté du globe ; les récifs de corail, l’ombre
verdoyante des palmiers sur les îles désertes, les algues étranges
flottant sur la vague profonde, et les poissons volants poursuivis par
des ennemis voraces ; les longs jours et les longues nuits passés sous
des cieux resplendissants sans apercevoir la terre, les transports
avec lesquels une côte inconnue est signalée : tous ces incidents nous
sont familiers, et cependant nous ne nous lassons jamais de cette
éternelle histoire ; elle garde toujours son attrait ; on dirait que,
comme la mer, elle présente sans cesse un aspect nouveau et imprévu.
C’est certainement le cas pour le livre de lady Brassey[1], une des plus agréables et des plus intéressantes parmi les voyageuses contemporaines ; elle a su mettre dans son récit un mérite littéraire et une distinction qui ont charmé le public et donné une valeur durable à ses notes rapides. Il n’y a pas là d’affectation d’héroïsme ni d’exagération dans les peintures ; mais cette famille, parents et enfants, qui sur son propre navire entreprend le tour du monde comme s’il s’agissait d’une promenade, a bien son originalité tout anglaise. Lady Brassey ne décrit que ce qu’elle a vu ; seulement elle a vu beaucoup de choses. Elle n’invente et n’augmente rien ; sa nar-
- ↑ Lady Brassey, Le Tour du monde en famille. — Mame et fils.