digne d’être ma compagne
à la ronde ;
à toute autre femme je renonce,
et je vais aller quérir une reine des elfes
par monts et aussi par vaux ! »
Aussitôt il remonta en selle,
et voici qu’il pique par dessus pierre et barrière
pour apercevoir une reine des elfes ;
si longtemps il a chevauché et couru
qu’il a trouvé, dans une retraite cachée,
le pays de féerie
tant sauvage ;
car en ce pays n’était personne
qui vers lui osât venir à cheval ou à pied,
ni femme ni enfant.
Enfin survint un grand géant,
son nom était Sire Olifant,
c’est un héros périlleux.
Il dit : « Enfant, par Termagant[1],
si tu ne galopes vite hors de mon séjour,
sur-le-champ je tue ton coursier
avec cette masse.
C’est ici qu’est la reine de Féerie,
avec harpe et pipeau et symphonie
elle habite en ce lieu. »
L’Enfant dit : « Sur ma vie,
demain je viendrai me mesurer avec toi
quand j’aurai mon armure ;
et j’espère bien, par ma foi !
qu’avec cette lance-zagaie
je te le ferai payer cher ;
ta panse
je la percerai, si je le puis,
avant que le jour ait passé prime
car ici tu seras tué. »
- ↑ Enfant, i. e. jeune écuyer. Termagant ou Tervagant, divinité païenne supposée.