sacrifié cinq cent mille hommes à son fol orgueil ; il serait mort dans le dernier fossé de Waterloo ; on ne l’aurait point vu, jouant le Thémistocle, mendier un asile à la cour du grand roi.
Durant les quelques terribles jours qui suivirent le champ de Mai et le départ de l’empereur, je ne quittai guère la Chambre des représentants. La Chambre des pairs ne comptait pas et n’attirait personne. Je ne fus pas témoin de l’esclandre qu’y fit le maréchal Ney en racontant, trop fidèlement, le désastre dont il fut pars magna, et qu’il paya bientôt de la vie ; mais je fus témoin des débuts de Manuel, et j’eus la fortune d’entendre Bertrand Barrère discuter gravement, à cent pas du lieu où siégeait la Convention nationale, sur les avantages et les dangers de l’hérédité de la pairie.
Presque au même moment, il se jouait à Saint-Denis une autre farce. Le digne émule de Barrère, l’ex-oratorien Fouché (de Nantes), autrement dit Son Excellence le duc d’Otrante, un monstre dégouttant, comme Barrère, plus que lui s’il se peut, de sang, de fiel et de fange, consommait sa dernière trahison, la moindre à coup sûr de ses peccadilles, en prêtant serment entre les mains du