chiffrer — à épeler plutôt — la missive que voici, dont je n’ai corrigé que l’orthographe :
« C’est moi, Guillaume… souviens-toi : Guillaume Bozan, ton « premier »… Moi, je ne t’ai jamais oubliée, comme tu vois… C’est que je t’aimais bien, va ! Je peux même dire que je n’ai jamais aimé que toi… Oui, bien vrai, mon Aline adorée !… Aussi, quel malheur que tes parents n’aient pas voulu te donner à moi, sous prétexte que, ayant en effet quelques mois de moins que toi, je n’avais pas encore fait mon service dans l’inscription maritime… Désolé, je m’engageai aussitôt pour devancer l’appel ; toi, tu promis de m’attendre, tu n’en as rien fait, hélas ! Mais ne crois pas que je t’en aie voulu : est-ce que tu n’allais pas avoir vingt ans ! Et tu étais trop belle, trop courtisée aussi, pour te dessécher sur pied comme la fleur qu’on oublie de cueillir. Et puis, la volonté de tes parents… Je me suis dit tout cela, et, malgré le mal que ça m’a fait, tu vas voir que je n’ai jamais cessé de te chérir.
« Alors, voici mon histoire… Engagé, j’ai fait deux fois le tour du monde, aux colonies, pour toi, pour te mériter, car j’espérais encore,