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Page:Alexis - Trente Romans (1895).djvu/21

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L’ADIEU

III

Vers le commencement d’avril, cependant, sans qu’il y eût amélioration réelle dans son état, l’espèce de bête qui le rongeait intérieurement sembla un moment repue, et ses douleurs devinrent moins aiguës. Alors, renonçant à son idée d’un suicide libérateur, le malade n’eut plus qu’un désir : se faire transporter au bout du jardin, dans ce laboratoire où il avait passé les meilleures heures de sa vie, et finir courageusement là, à côté de ses beaux travaux interrompus, comme un soldat sur le champ de bataille.

— Au point où il en est, il ne faut le contrarier en rien ! avaient répondu à Mme Désaubiers les docteurs appelés une fois de plus en consultation.

Donc, un matin, vers onze heures, par un clair soleil qui égayait l’escalier de l’hôtel, toutes les portes furent ouvertes à deux battants, et quatre hommes commencèrent à descendre, avec lenteur et précaution, le malade assis sur son lit, car il ne pouvait garder la position horizontale. Arrivés au palier du premier étage, les quatre domestiques firent halte