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Nouveau Bulletin des Sciences/Tome 1/Numéro 8

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NOUVEAU BULLETIN

8.


DES SCIENCES,

PAR LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE.

Paris. Mai 1808.



ANATOMIE.

Extrait d’un mémoire sur l’analogie qui existe entre tous les os et les muscles du tronc dans les animaux ; par M. C. Duméril.

Instit. nat.
15 et 22 Fév. 1808.
L’auteur, dans la première partie de ce Mémoire, démontre par des détails descriptifs, dont il nous est impossible de présenter ici l’extrait, la grande analogie qui existe entre toutes les pièces de la colonne vertébrale, sous le rapport des usages, des formes et du mouvement. Il examine ainsi successivement les espèces de chaque classe d’animaux, en essayant d’apprécier à leur juste valeur le résultat des légères différences que leur échine laisse observer.

M. Duméril discute ensuite si, sous le seul point de vue du mouvement, la tête ne pourroit pas être considérée comme une vertèbre très-développée, et conséquemment si les muscles qui la meuvent en totalité ne seroient pas les analogues de ceux de l’épine.

Nous allons présenter ici le résumé de ce travail, en commençant par la comparaison des os, et en citant ensuite les muscles qui sont regardés généralement comme propres à la tête, et que l’auteur considère comme les analogues de ceux de l’échine.

Le trou occipital correspond au canal vertébral ; les condyles occipitaux, aux apophyses articulaires ; l’éminence sphéno-basilaire, au corps de la vertèbre ; la protubérance occipitale, à l’apophyse épineuse ; les tubérosités mastoïdes, aux apophyses transverses. M. Duméril trouve les preuves de ces analogies dans l’ostéologie comparée. Ainsi chez les poissons osseux, dont les vertèbres n’ont pas d’apophyses articulaires, il n’y a pas de condyles, et l’apophyse basilaire de l’occipital s’articule avec l’atlas par un fibro-cartilage reçu dans une cavité conique, comme on l’observe sur toutes les autres vertèbres. Cette disposition est encore plus évidente dans les oiseaux chez lesquels la facette postérieure du corps des vertèbres cervicales offre également une surface convexe. La différence principale que présente le crâne des mammifères, tient essentiellement aux modifications des deux premières vertèbres, qui sont disposées de manière à permettre la rotation.

C’est encore ce mouvement de relation qui semble avoir modifié la forme primitive des muscles insérés à la tête ; car dans les poissons, il n’y a pas de différences entre les muscles qui se terminent au crâne et ceux qui s’insèrent aux autres parties de l’échine, et on voit successivement leurs formes s’altérer ou se modifier dans les reptiles et les oiseaux.

Le muscle trapèze s’attache sur la protubérance occipitale externe comme sur les autres apophyses-épineuses de la colonne vertébrale. Les splenius de la tête et du cou, ainsi que le petit complexus, montrent aussi par leur insertion l’analogie des apophyses mastoïdes avec les transverses. Le grand complexus est semblable aux transversaires épineux du dos et des lombes. Les droits postérieurs (grand et petit) correspondent aux intercervicaux et aux interépineux, avec cette particularité, que le mouvement de ginglyme latéral, exercé par la première vertèbre sur la seconde, semble avoir transporté le second muscle intercervical de la seconde vertèbre sur l’occiput, et non sur l’épine de l’atlas qui n’existe pas, et qui auroit gêné d’ailleurs les mouvemens de rotation. Cette disposition est sur-tout remarquable dans les oiseaux. Les deux petits obliques postérieurs de la tête correspondent également aux transversaires postérieurs ; mais ils ont éprouvé à-peu-près les mêmes modifications, et pour les mêmes causes. Enfin M. Duméril regarde le petit droit latéral comme l’analogue du faisceau antérieur de la première paire de muscles intertransversaires ; et le grand ainsi que le petit droit antérieurs, comme les analogues du long du cou.

Dans la troisième partie du Mémoire que nous analysons, l’auteur compare les côtes et les os du bassin, également sous le point de vue général des mouvemens, à des prolongemens vertébraux analogues aux apophyses transverses. Il rappelle d’abord que les côtes ne se lient très nécessairement à l’acte de la respiration, que dans les animaux doués d’un diaphragme, et en particulier que chez les mammifères. Les côtes, lorsqu’elles commencent à se manifester dans les animaux, ne sont réellement que des apophyses transverses prolongées, destinées uniquement aux attaches des muscles vertébraux, comme ou l’observe dans les poissons cartilagineux, les batraciens, les cécilies. Chez les poissons osseux, ces côtes sont souvent soudées aux vertèbres ; et dans les serpens en général, elles ne sont jamais fixées en devant. Chez les crocodiles et les oiseaux, les vertèbres du cou offrent déjà des rudiments de côtes articulées sur leurs apophyses transverses.

Les muscles intercostaux sont analogues aux intercervicaux : comme ceux-ci, ils sont formés de deux plans ; leur volume seul, qui les rend si différens, est en rapport avec leurs usages. Les surcostaux, ainsi que les scalènes, le triangulaire des lombes, sont analogues au petit complexus et aux splenius. Les deux petits dentelés postérieurs sont semblables, sous quelque rapport, au trapèze.

M. Duméril croit pouvoir conclure, des faits et des observations contenus dans son Mémoire, que la tête dans les quatre premières classes d’animaux est une vertèbre très-développée ; que les côtes et les os du bassin correspondent aux apophyses transverses des vertèbres, et que par conséquent on peut étudier d’une manière générale et simplifier par là beaucoup la myologie du tronc dans les animaux à vertèbres, puisque les muscles propres à la tête, aux côtes et au bassin, n’offrent réellement que des variétés de forme et de longueur, lorsqu’on les compare avec ceux qui s’insèrent aux autres parties de l’échine.

C. D.

GÉOLOGIE.

Précis du météore qui a paru dernièrement près Weston, ville de l’état du Connecticut, dans l’Amérique septentrionale, et des pierres météoriques qu’on y a trouvées. Communiqué à la Société philomatique, par M. Warden.

Société philom. Ce phénomène est arrivé le 14 décembre 1807. Le météore parut au nord, entre 5 et 6 heures du matin, dans une direction à-peu-près perpendiculaire à l’horison, mais s’inclinant un peu vers l’occident ; sa direction étoit curviligne, en s’écartant quelquefois de quatre ou cinq degrés du plan d’un grand cercle. Son mouvement n’étoit pas aussi rapide que celui d’un météore ordinaire. Il étoit accompagné d’un corps moins lumineux, d’une forme conique, dont la longueur étoit de 10 à 12 fois le diamètre du corps, qui étoit très-visible quand il n’étoit pas obscurci par des nuages. Le météore disparut derrière un nuage au nord-est, à environ 15° du zénith et au même nombre de degrés environ à l’ouest du méridien. Il fut visible pendant 30 secondes. Environ 40 secondes après sa disparition on entendit trois fortes détonations semblables à celles qu’auroit faites un canon de quatre livres de balles placé à une petite distance. Les détonations se suivirent rapidement, l’intervalle n’étant que de trois secondes. Un bruit sourd et inégal y succéda. M. Staples, qui observa le météore, dit, que lors de sa disparition, il éprouva trois secousses successives, à chacune desquelles le météore s’obscurcissoit, il disparut à la dernière.

Les pierres tombèrent en différentes directions et à la distance de deux lieues les unes des autres ; M. Stoly, ecclésiastique, et M. Bronson de Grunfield, qui ont visité les endroits où les pierres tombèrent, ont publié un long détail des circonstances et des faits qui y sont relatifs, dont voici le précis.

Ils se transportèrent d’abord à Grunfield, où ils trouvèrent un trou dans la terre de 4 pieds de profondeur et d’autant de diamètre. La direction du trou étoit oblique, la pierre ayant tombé d’abord sur un rocher dont la surface se trouvoit brisée, et ensuite s’étoit enfoncée dans la terre. La pierre étoit cassée en plusieurs morceaux, dont le plus grand pesoit 6 ou 8 livres ; la totalité auroit rempli un boisseau anglais, ou à peu-près 4 décalitres. Ces messieurs en ramassèrent quelques-unes, le reste ayant été emporté par les habitans. La terre du trou avoit été jettée à 10 ou 15 mètres de distance, et l’on trouva au fond l’herbe qui couvroit auparavant la surface du sol. Le trou avoit été découvert par M. Sceley et sa femme, à 10 heures du matin, lorsqu’ils allèrent visiter leurs bestiaux. Ils avoient vu des éclairs et avoient entendu l’explosion. Tous les habitans du voisinage allèrent examiner le trou et les pierres le même jour.

Le second endroit que ces messieurs visitèrent, étoit la basse-cour de M. Prince, fermier, à une lieue et demie nord-est du premier endroit. Ils y virent un trou de 4 ou 5 pouces de diamètre, et de 2 pieds 2 pouces de profondeur, dont on avoit retiré, le 14 au soir, une pierre pesant 36 livres, pareille à l’autre , tant par la texture que par l’extérieur. M. Prince ainsi que sa femme et ses fils virent les éclairs et entendirent l’explosion et la chute de la pierre qui la suivit et qui les épouvanta beaucoup. M. Prince trouva un autre trou à 27 pieds de la maison, qui lui paroissoit avoir été nouvellement fait. Il ne vit rien dans le trou, mais ses fils ayant entendu parler de la chute de la pierre dont on vient de faire mention, retirèrent la terre et trouvèrent dans le trou une pierre pesant 11 livres, et dont quelques morceaux en avoient été détachés par d’autres pierres qu’elle avoit rencontrées dans sa chute. Cette pierre est en la possession de M. Bronson. Un nommé M. Stubel passoit par cet endroit à la distance de 130 mètres lorsqu’elle tomboit. Il vit le météore et entendit l’explosion et un bruit dans l’air semblable à celui causé par un ouragan.

Le troisième endroit où les pierres météoriques tombèrent, étoit à deux lieues nord-est de la ferme de M. Prince près d’un grand chemin. Cette portion tombant sur un rocher, étoit cassée en plusieurs morceaux dont le plus grand ne pesoit que 4 ou 5 onces. Le tout n’auroit pas rempli la mesure d’une pinte. Cette pierre tomba à 28 mètres de la maison de M. Burt qui, ainsi que sa femme, vit des éclairs et entendit l’explosion et un bruit comme si un corps étoit tombé dans un marais situé à 20 ou 28 mètres de la maison. Ils sortirent avec une chandelle pour voir ce qui étoit arrivé, mais sans rien trouver. Ce ne fut qu’au lever du soleil qu’ils découvrirent les fragmens qui avoient été brisés sur le rocher. Le marais étant rempli d’eau, n’a pas été examiné. Il paroît que le météore a été vu et l’explosion entendue d’un très-grand nombre de personnes à Weston et dans les villes d’alentour.

La pierre est fortement aimantée ; son extérieur est couvert d’une croûte lisse et polie. Sa cassure présente une couleur de plomb bleuâtre. La portion qui tomba à Sceleyo pèse environ 100 livres. Les maisons de la ville de Milford, situées à 10 lieues du point de l’explosion ont été plus ébranlées que celles du voisinage.

Il paroît que plusieurs personnes ont des morceaux de ces pierres. MM. Salmon et Jenningo, de New-Yorck, en ont montré une portion qui pèse 37 livres. J’ai vu des certificats des professeurs de mathématiques, de minéralogie et de chimie, au collège de Columbia, à New-Yorck, qui attestent que cette portion provient du météore qui parut près la ville de Weston. M. Sellimom, professeur de chimie au collège de Hale, a ramassé plusieurs morceaux de ses propres mains.

M. Bruce, professeur de minéralogie à New-Yorck, a un morceau d’une pierre qui tomba à Ensisheim, en 1492, et dont les caractères extérieurs ressemblent parfaitement à ceux de la pierre météorique de Weston.


Mémoire sur un nouveau genre de liquéfaction ignée qui explique la formation des laves lithoïdes ; par M. De Drée.

Institut.
28 mars 1808.
Les empreintes visibles de l’action du feu, dit l’auteur de ce Mémoire, ont été longtems les seuls caractères auxquels on distinguoit les produites volcaniques. Aussi ces produits se sont-ils longtems bornés aux obsidiennes, aux scories, aux ponces. Les naturalistes de nos jours ont été les premiers à faire connoître que les masses pierreuses qui débordent les cratères ou qui débouchent par les flancs des montagnes volcaniques en torrens enflammés, se consolidoient ensuite en pierres très-ressemblantes aux roches attribuées à la voie humide. L’examen des matières composant ces courans a donné lieu à deux questions dont la solution est du plus grand intérêt pour la géologie, savoir :

1. Quelle opération a pu liquéfier les matières sentant de bases aux laves et leur conserver en même tems la constitution pierreuse ou lithoïde.

2. Quelle est l’époque où se sont formés les cristaux inclus dans les laves porphyritiques.

L’on a beaucoup disserté sur ces questions. Dolomieu pensoit que les laves lithoïdes étoient le résultat d’une application particulière du calorique qui agissant sur les matières, les mettoit dans un état de ramolissement sans les fondre ni les changer de nature, il pensoit aussi que les cristaux étoient préexistans dans les laves et que la vitrification ne s’opéroit que lorsque les matières ramollies se trouvoient en contact avec l’air dans les foyers supérieurs des volcans.

Un mémoire sur la fusion des laves et des whinstones, par M. Hall, des expériences faites par MM. Dartigues et Watt et des observations de M. Fleuriau de Bellevue, ont fait naître une opinion contraire, celle d’attribuer la formation des laves lithoïdes à la dévitrifîcation, opinion qui feroit passer toutes les laves lithoïdes par la fusion vitreuse pour les ramener à l’état de pierres. Ces mêmes savans attribuoient l’origine des cristaux inclus dans les laves porphyritiques à la même opération.

M. de Drée, obligé de classer la collection des laves qu’il possède et dont il va publier le catalogue, dans les œuvres de Dolomieu, sentit la nécessité de résoudre ces questions et il entreprit en conséquence une suite d’expériences dont le but étoit de rechercher si par une application non immédiate, mais communiquée de la chaleur ; si en empêchant la dissipation d’aucun des principes élémentaires et l’introduction d’aucun agent de décomposition, on pourroit parvenir à faire passer des roches à un état de liquéfaction qui leur permit de reprendre la constitution pierreuse en se consolidant.

M. de Drée a choisi pour ses expériences les roches qui lui paroissoient devoir être la matière première de certaines laves et principalement des porphyres. Ses procédés ont été la fermeture de la matière dans des vaisseaux bien clos et quelquefois la compression. Il a placé dans des étuis de porcelaine ou des creusets de Hesse, le morceau le plus gros possible de la roche, et pour ne pas laisser de vide il a rempli les interstices avec cette même roche réduite en poudre impalpable, pressée le plus fortement possible. Il a recouvert ensuite la matière par une lame de mica (substance qui par son élasticité et sa difficulté a fondre lorsqu’elle est en grande lame convenoit à cet emploi), pour empêcher le mélange avec la poudre de quartz dont il a mis une couche épaisse et très-tassée. Les étuis de porcelaine ont été fermés avec des bouchons lutés à l’aide d’une matière facilement vitrifiable, et disposés ainsi dans l’appareil de compression. Les creusets ont été renfermés dans d’autres creusets aussi avec de la poudre de quartz ; et après avoir clos le tout par un couvercle luté avec de l’argile, ils ont été ficellés avec du fil-de-fer. Des pyromètres de Wegdvood ont été placés dans l’intérieur des étuis ou des creusets à côté de la matière.

Quant aux appareils de compression, ils ont été changés plusieurs fois et l’auteur ne donne aucun détail à cet égard.

Ces expériences lui ont donné des produits qu’il divise en quatre séries.

On remarque dans ceux de la première, que la poudre de porphyre, sans changer de nature, s’est consolidée à l’état de pierre, que les morceaux ont été liquéfiés et ramollis au point de couler et de se reconsolider de même sous la constitution pierreuse, semblable à celle des laves lilhoïdes, sans que les cristaux de feld-spath du porphyre employé aient été dénaturés, ni déformés.

Deux de ces produits sont très-remarquables, parce qu’à la suite de la liquéfaction, il y a eu dans la partie formée par la poudre, un rapprochement de molécules qui a produit les rudimens de cristallisation. L’auteur fait voir qu’aucun des produits de cette série n’a passé par la fusion vitreuse.

Dans les produits de la 2me. série on observe que la poudre a été liquéfiée, mais que les morceaux n’ont point été ramollis et que l’un et l’autre ont pris l’aspect de la pâte de la porcelaine ; ce qui annonce que ces produits avoient éprouvé un commencement de fusion vitreuse.

Ceux de la 3me. série se distinguent en ce que toute la pâte des porphyres a passé à la fusion vitreuse complète, sans que les cristaux de feld-spath aient perdu leur forme et leur contexture lamelleuse.

Enfin les produits de la 4me. série sont des obsidiennes homogènes, mais il a fallu une haute température pour conduire à la dissolution vitreuse, les cristaux de feld-spath.

De ces résultats, M. de Drée conclut : que,

1°. Les roches ou pierres, par une application particulière de la chaleur et dans certaines circonstances, peuvent être conduites à un état de liquéfaction ignée telle qu’elles peuvent couler, sans que pour cela elles perdent presqu’aucun de leurs principes constituans, sans que les substances composantes se dissolvent comme par la fusion vitreuse et sans qu’il y ait même aucun changement notable dans la constitution de la roche à tel point que cette matière liquéfiée donne en se reconsolidant, une pierre semblable à une lave lithoïde où l’on retrouve dans le même état et dans les mêmes dispositions les substances composantes de la roche.

2°. Le principe général pour parvenir à cette liquéfaction ignée, est de s’opposer au dégagement des substances expansives, d’empêcher l’accès d’aucune substance étrangère et d’écarter la matière de toute application immédiate du feu.

Dans cette opération l’action du calorique opère seulement le ramollissement de la matière en détruisant pour le moment la cohésion fixe des molécules, mais elle n’entraîne pas la désorganisation des substances comme dans la fusion vitreuse.

L’auteur nomme ce genre de fluidité liquéfaction ignée, pour le distinguer de la fusion vitreuse qui conduit les matières minérales pierreuses à l’état de verre ; et il désigne même cette dernière fusion par l’épithète vitreuse, pour qu’on ne la confonde point avec la fusion métallique qui a un résultat tout différent.

3°. Les diverses espèces de roches ou pierres ne demandent pas le même degré de chaleur pour passer à cette liquéfaction ; l’auteur, dans ce moment, ne peut assigner au juste le terme le plus bas, ni le plus élevé ; cependant ce dernier lui paroît devoir être aux environs de 50° du pyromètre de Wedgwood, tandis que le degré le plus bas est au-dessus de la température d’un four à chaux ; car ayant placé deux fois plusieurs essais dans un de ces fours à un feu de 72 à 80 heures, il n’a obtenu aucun ramollissement dans la matière.

Une température au-dessus du terme convenable porte le trouble dans la matière et la détermine vers la fusion vitreuse.

4°. Il ne suffit pas d’arriver au degré convenable de chaleur, il faut encore soutenir longtems cette température et sur-tout la prolonger en raison de la grosseur des morceaux qu’on veut liquéfier, la pénétration des grosses masses doit s’opérer par l’effet du tems et non par l’augmentation d’intensité de la chaleur ; l’on sait que cette pénétration du calorique dans les pierres est extrêmement lente.

5°. La compression n’est pas nécessaire pour les roches qui sont composées d’élémens terreux et qui contiennent peu de substances expansives ; une fermeture exacte, sans aucun vide, et la matière en assez forte masse pour qu’une portion soit comprimée par l’autre, suffisent dans ce cas.

6°. La compression est au contraire nécessaire sur les roches ou pierres qui ont pour élémens constituans des substances que la chaleur met à l’état aériforme.

7°. L’observation a démontré à l’auteur que la poudre des roches qu’il employoit n’étant pas sèches, éprouvoit dans les creusets un retrait et que ce retrait y formant des vides, donnait par là accès à des substances aériformes, qui disposoit souvent la poudre à la fusion vitreuse ; pour éviter cet inconvénient, il a fait sécher au rouge la poudre de quelques porphyres, et par ce procédé la liquéfaction ignée n’a été que plus assurée, mais il faut remarquer que l’on ne peut l’employer que sur des matières qui n’ont pas pour élémens des substances gazeuses, et que la compression pareroit à tous les inconvéniens de ce genre.

8°. L’addition d’une substance étrangère n’est point nécessaire. M. de Drée a fait plusieurs essais en ajoutant du muriate de soude et du soufre, il n’a pas remarqué que cela dût changer aucune des conditions requises.

9°. Le rapprochement des molécules similaires peut avoir lieu dans certaine matière liquéfiée, et produire des rudimens de cristallisation, lorsque le prolongement de cette fluidité lui laisse le tems de s’opérer.

10°. La liquéfaction ignée et la fusion vitreuse sont deux opérations bien distinctes. — Dans la liquéfaction ignée le calorique détruit momentanément la cohésion fixe des substances sans changer leur nature. — Dans la fusion vitreuse, au contraire, toutes les substances composantes sont dissoutes pour former le verre, matière homogène qui n’a plus de rapport avec la matière première.

La cristallisation, suite de la liquéfaction ignée citée ci-dessus article 9, et la dévitrification, suite de la fusion vitreuse annoncée par MM. Hall, Dartigues et Fleuriau, sont aussi deux opérations différentes, quoique l’une et l’autre le résultat de la prolongation de la fluidité ignée. — En effet, la cristallisation est un simple rapprochement des molécules similaires qui n’ont cessé d’exister dans la matière liquéfiée. — Au lieu que la dévitrification est une nouvelle formation de substances qui s’opère dans le fluide vitreux où toutes les parties sont dissoutes, et ces substances ne sont jamais entièrement semblables à celles qui composoient la matière avant la fusion.

11°. De ce qui précède, dit M. de Drée, on ne peut s’empêcher de conclure par analogie que les laves lithoïdes sont le produit de la liquéfaction ignée. La chaleur obscure, résultat des actions chimiques, qui se communique sans combustion aux matières dans les profondes cavités de la terre, et la compression qu’éprouvent leurs énormes masses, sont les mêmes conditions qu’exige la liquéfaction artificielle qu’il a obtenue.

Il n’écarte point par là cette grande pensée que Dolomieu a mise au jour sur la fluidité pâteuse de l’intérieur du globe ; cette hypothèse si favorable à l’explication de beaucoup de phénomènes géologiques ne pourroit que confirmer et rendre plus facile cette liquéfaction ignée des laves lithoïdes.
12°. Les cristaux de feld-spath indus dans les porphyres ne perdent à la liquéfaction ignée, ni leur forme, ni leurs caractères essentiels.

Ces mêmes cristaux résistent à l’action vitrifiante lors même que la pâte du porphyre a passé à la fusion vitreuse, et cependant cette pâte contient aussi la substance feld-spalhique. Cela confirme ce principe qu’une substance en mélange avec d’autres est plus fusible que lorsqu’elle forme une masse homogène.

Il faut une très-haute température pour que les cristaux de feld-spath se dissolvent dans la pâte vitreuse.

13°. Enfin, des principes établis dans ce dernier article, on doit encore conclure que les cristaux de feld-spath inclus dans les laves porphyritiques, soit lithoïdes, soit vitreuses, ainsi que les cristaux d’autres espèces qu’on y trouve, tels que les amphigènes, les augites, etc., existoient dans la matière avant quelle devint fluide.

Il est cependant, dit l’auteur, une exception à cette règle générale pour certaines laves lithoïdes, car il est de ces laves dont les petits cristaux ont été formés pendant la fluidité ignée, ainsi que cela est expliqué article 9. Quelques caractères particuliers à cette nouvelle formation peuvent servir à les faire reconnoître. Cependant la distinction entre ces deux sortes de cristaux n’est pas toujours facile.

M. de Drée termine son Mémoire en le restreignant aux conclusions ci-dessus, mais en annonçant qu’il donne suite à ses expériences dans l’espoir d’obtenir des résultats importans pour la solution de quelques grands problèmes géologiques.

Il fait voir ensuite que l’opération qui a porté la craie pulvérisée à la contexture du marbre dans les expériences de M. Hall, est une liquéfaction pareille à celle qu’il indique, et non le résultat de la dévitrification, ainsi que M. Hall paroît l’avoir pensé d’après l’opinion qu’il a émise dans son Mémoire sur la fusion des laves.

A. B.

AGRICULTURE.

Du Cotonnier et de sa culture ; et de la possibilité et des moyens d’acclimater cet arbuste en France, etc. etc. ; par M. De Lasteyrie.

Société philom. L’introduction de nouvelles cultures utiles est un des plus grands bienfaits que l’on puisse faire à une nation. Dans l’état actuel de l’Europe, aucune nouvelle culture ne pourroit égaler en importance celle du coton. Le gouvernement s’est empressé à manifester son désir que cette plante pût se naturaliser en France, et à faciliter aux cultivateurs le moyen de faire des essais : mais sans une instruction détaillée et savante sur la manière de la cultiver, sur les espèces qu’il faudroit préférer dans les climats de la France où il seroit possible de l’introduire, les essais des cultivateurs, laissés à eux-mêmes, auroient une divergence qui pourroit devenir fatale à cette entreprise, ou du moins en retarder sensiblement les progrès. M. de Lasteyrie, par ses connoissances, ses voyages agronomiques dans presque toute l’Europe, et sur-tout dans les parties les plus méridionales, est bien à même de donner aux cultivateurs des instructions précieuses sur la culture du coton. Ce livre contient non-seulement ce qu’il a eu occasion de voir pratiquer, mais aussi ce que les auteurs des nations qui possèdent cette plante et la cultivent nous ont appris sur ce sujet. Les circonstances particulières de la France demandent des modifications nécessaires, qu’il propose, fondé sur les examens de ces mêmes circonstances, et de la nature des diverses espèces de coton. L’ouvrage est divisé en trois parties, dont la première est destinée à démontrer la possibilité d’introduire le cotonnier en France avec profit ; la seconde expose tous les détails de la culture de cet arbuste, ses maladies, les accidens auxquels il est exposé, sa récolte, la façon de le préparer, etc. On trouve dans la troisième une notice critique de toutes les manières de cultiver le cotonnier, suivies par les différens peuples des quatre parties du monde.

C. P. L.

MÉDECINE.

MATIÈRE MÉDICALE.

Expériences sur l’Opium ; par M. Nysten.

Société philom. L’opium du commerce isolé des substances étrangères qu’il contient, étant encore un composé de plusieurs principes différens les uns des autres, on a attribué à chacun d’eux des vertus médicales particulières. Ainsi la partie aromatique de l’opium paroissant, à cause de sa volatilité, plus propre que les autres à se porter au cerveau, on lui a attribué la propriété narcotique ; et comme les résines sont en général irritantes, on a cru que la partie de l’opium que l’on a regardée comme résineuse jouissoit de la même propriété, et c’est à elle que l’on a attribué les phénomènes nerveux produits par l’opium administré à une dose un peu forte. On a supposé en conséquence que la partie dite gommeuse de l’opium, isolée d’une part de la partie aromatique, et de l’autre de la partie résineuse, devoit jouir de la propriété exclusivement calmante, celle dont on a le plus souvent besoin quand on administre l’opium. De là les procédés extrêmement nombreux qui se sont succédés, depuis plus d’un siècle jusqu’à nos jours, pour préparer l’extrait gommeux d’opium, et l’isoler complètement des autres principes. De là encore le conseil donné par plusieurs écrivains, de séparer avec soin la pellicule qui se forme pendant l’évaporation de cet extrait, et à laquelle l’on a aussi attribué une propriété éminemment irritante. En se laissant toujours conduire par l’analogie plutôt que de consulter l’expérience, on a cru dans ces derniers tems que la matière qui se sépare et cristallise par le refroidissement ou par l’évaporation lente de l’alcool saturé d’opium, étoit le plus énergique des principes que contient l’opium, de même que l’on avoit placé peu de tems auparavant la propriété fébrifuge du quinquina dans le sel essentiel de celle substance. Des assertions aussi hasardées laissoient dans l’emploi de l’opium une incertitude très-grande qu’il étoit important de faire cesser par des expériences exactes. M. Nysten a entrepris ce travail dont il a présenté les premiers résultats il y a quatre ans à l’école de médecine. Il a d’abord séparé de l’opium du commerce la partie aromatique[1], la matière extractive, la matière dite résineuse, la matière cristalline ou sel essentiel, la pellicule qui se forme pendant l’évaporation de l’extrait ; et il a examiné comparativement l’action de ces diverses substances sur l’économie animale, soit en les introduisant dans le canal alimentaire, soit en les appliquant sur la plupart des autres organes : il a essayé inutilement de séparer de l’opium la matière huileuse dont parlent quelques auteurs. Ces expériences ont été faites sur lui-même, sur plusieurs personnes qui ont bien voulu s’y soumettre, et sur des animaux vivans ; voici les principaux résultats qu’il a obtenus.

Toutes les préparations d’opium produisent sur l’économie animale les effets de l’opium brut, ou de l’extrait d’opium préparé à la manière ordinaire ; mais ces effets surviennent plus ou moins promptement et varient dans leur intensité suivant le degré de dissolubilité de ces préparations et le degré d’altération que le feu ou quelque réactif leur a fait subir.

La partie dite gommeuse de l’opium, qui après avoir été séparée par l’eau froide n’a subi qu’une seule évaporation, est, conformément à la proposition générale qui vient d’être énoncée, la plus énergique de toutes les préparations d’opium, et elle agit plus promptement à l’état de dissolution dans l’eau qu’à l’état solide. Ainsi cet extrait gommeux préparé de la manière indiquée, est plus actif que lorsqu’il a été redissous, filtré et évaporé un grand nombre de fois, d’après le procédé de Cornet ; il est également plus actif que l’opium de Rousseau qu’on a laissé fermenter pendant un mois ; et celui qui a été préparé par longue digestion à la manière de Baumé, est moins actif encore que celui de Cornet et que celui de Rousseau. En effet, outre l’altération que l’extrait d’opium a dû subir pendant une digestion de six mois dans le procédé de Baumé, il a perdu une grande partie de sa dissolubilité. Aussi trois grains de cette substance ne produisent pas plus d’effet qu’un seul grain d’extrait d’opium préparé à la manière ordinaire.

La matière dite résineuse, à laquelle on avoit attribué des propriétés nuisibles et très-différentes de celles de l’extrait dit gommeux, produit absolument les mêmes effets que ce dernier ; mais elle les produit beaucoup plus lentement à cause de son peu de dissolubilité, et la lenteur même de son action diminue, comme on le conçoit, l’intensité de ses effets ; de manière qu’il en faudroit une dose beaucoup plus forte pour produire des phénomènes dangereux que lorsqu’on les détermine par la partie soluble dans l’eau.

La matière cristalline ou sel essentiel de l’opium, dans lequel M. Derosne a placé les propriétés inhérentes à l’opium, a moins d’action que la partie résineuse. Insoluble dans l’eau, elle est moins soluble dans l’alcool que la résine. M. Nysten, après en avoir pris quatre grains, n’a éprouvé qu’une légère disposition au sommeil.

La pellicule qui se sépare pendant l’évaporation, de la partie extractive, et qui n’est sans doute que l’extrait altéré et rendu insoluble par l’action de l’air et même du feu, a moins d’action encore que la partie cristalline. M. Nysten en a pris cinq grains sans éprouver le moindre effet.

La partie aromatique de l’opium a sur l’économie animale les mêmes propriétés que les autres préparations de l’opium. M. Nysten a pris deux onces d’eau distillée d’opium, contenant cette partie en dissolution sans éprouver aucun effet sensible ; mais à plus fortes doses, il a déterminé une légère ivresse et le sommeil.

Quelle que soit la partie du corps sur laquelle on applique une préparation d’opium, sur-tout lorsqu’elle est soluble, on produit les phénomènes généraux, que détermine l’opium introduit dans les organes digestifs ; ces phénomènes que tous les physiologistes connoissent, sont pour la plupart relatifs à l’espèce de trouble que détermine l’opium dans les fonctions du cerveau, organe sur lequel cette substance agit spécialement ; mais on ne les produit pas plus promptement ni d’une manière plus énergique en appliquant de l’opium à la surface du cerveau lui-même ou sur l’aracnoïde que lorsqu’on l’applique sur quelqu’autre partie où l’absorption se fait habituellement avec activité. C’est en injectant une dissolution aqueuse d’opium dans la carotide d’un chien qu’on le fait périr le plus promptement, et il ne faut pour tuer de cette manière un chien de moyenne taille, que trois ou quatre grains d’extrait d’opium, tandis qu’il en faudroit deux gros pour le tuer, en l’introduisant dans l’estomac. L’animal ne meurt dans ce dernier cas qu’au bout d’une heure ou deux et quelquefois plus tard, tandis que dans le premier cas, il meurt au bout de quelques minutes.

L’injection d’une dissolution aqueuse d’opium dans une veine telle que la crurale ou la jugulaire, fait périr un animal un peu moins promptement que l’injection de la même dissolution dans l’artère carotide ; il en faut donc une dose un peu plus forte[2].

Une dissolution aqueuse d’opium injecté dans la plèvre ou dans le péritoine, fait périr un chien presqu’aussi promptement que lorsque l’injection est pratiquée dans une veine et il ne faut pour cela que 8 à 16 grains d’extrait, suivant la grosseur de l’animal. L’activité avec laquelle se font l’exhalation et l’absorption dans les membranes séreuses rend raison de ce phénomène.

Les effets de l’opium sont beaucoup moins prompts et moins énergiques quand il est injecté dans le tissu cellulaire.

Ils ont également lieu lorsque la dissolution aqueuse d’opium est injectée dans la vessie, mais il faudroit une quantité considérable d’opium pour déterminer la mort d’un animal de cette manière.

L’opium appliqué sur une large surface musculaire, produit aussi les phénomènes cérébraux qu’on observe quand il a été administré à l’intérieur, et ne fait pas perdre au muscle sa contractilité. Un cœur isolé des autres parties pendant la vie d’un animal, et plongé dans une forte dissolution aqueuse d’opium, continue à s’y contracter pendant très-longtems ; les assertions émises à cet égard par plusieurs physiologistes, sont erronées. L’opium, donné à l’intérieur, produit cependant toujours une foiblesse musculaire, mais c’est en agissant sur le cerveau et nullement sur la contractilité. L’extrait d’opium appliqué sous la forme d’emplâtre autour du plexus brachial ou d’un gros tronc nerveux d’un des membres d’un animal, ne produit ni paralysie, ni convulsions dans le membre : il faudroit vraisemblablement, pour déterminer quelques effets remarquables par ce moyen, qu’il existât à la surface du nerf une assez grande quantité de vaisseaux lymphatiques, pour qu’il se fît absorption d’une suffisante quantité de particules de cette substance ; et alors l’effet produit, dépendant de l’action du cerveau, n’auroit pas plutôt lieu dans un membre que dans l’autre.

Ce n’est nullement en agissant sur les extrémités nerveuses de l’estomac, comme le pensoit With, que l’opium produit des effets particuliers sur le cerveau. M. Nysten ayant fait sur un chien la section de la paire vague des deux côtés, a introduit dans l’estomac de cet animal, après avoir laissé calmer les effets résultant de cette section[3] une suffisante quantité d’opium pour l’empoisonner ; l’animal est mort au bout de deux heures après avoir éprouvé les phénomènes ordinaires que produit l’opium à forte dose, tels que l’ivresse, la somnolence et les convulsions. Cette expérience avec celles que M. Nysten a faites sur les membranes séreuses, lui fait penser que l’opium arrive au cerveau en passant dans le système circulatoire : cette opinion est confirmée par le fait suivant. Lorsque l’on a empoisonné un chien en injectant une dissolution d’opium dans la plèvre, on ne retrouve jamais dans le thorax qu’une partie de l’opium injecté ; et lorsque la quantité d’opium n’a pas été suffisante pour tuer l’animal et qu’on ouvre ensuite son thorax, on voit que tout a été absorbé : mais la partie de l’opium absorbée a échappé aux recherches chimiques que M. Nysten a faites pour la trouver.

L’opium ne contient pas un principe calmant et un principe narcotique que l’on puisse isoler ; c’est par la même propriété qu’il calme et qu’il cause une espèce de stupeur, un trouble dans l’action du cerveau, un sommeil plus ou moins agité, les convulsions et la mort, suivant la dose à laquelle il a été donné. Les phénomènes qu’il produit à forte dose ne prouvent pas qu’il est irritant ; car lorsqu’on fait périr un animal en laissant couler le sang d’une artère ouverte, il meurt souvent dans les convulsions. Si la partie résineuse de l’opium a une propriété irritante, comme résine, cette propriété est tellement neutralisée par la propriété narcotique, qu’on ne peut guère tenir compte de ses effets. Cette substance n’enflamme pas la membrane muqueuse de l’estomac, même lorsqu’elle a été donnée à très-fortes doses. M. Nysten a reconnu par un grand nombre d’expériences sa propriété calmante. Comme elle agit moins promptement et pendant plus longtems que l’extrait, il la conseille, et il l’a administrée avec avantage dans les douleurs habituelles qui accompagnent certaines maladies chroniques; il l’a aussi employée comme topique.

M. Nysten se propose de multiplier ses expériences et de les publier sous peu de tems.


ZOOLOGIE.

Sur le genre Glaucus ; par M. G. Cuvier.

Forster, en donnant ce nom d’un dieu marin au mollusque particulier dont il avoit fait un genre, a de plus indiqué sa couleur. Cet animal, que la plupart des auteurs ont confondu avec les Doris ou les Scyllées, doit faire un genre à part, comme M. Cuvier a eu occasion de le vérifier. On voit, en effet, autour de sa bouche quatre tentacules coniques comme dans la limace. L’ouverture de l’anus et des organes génitaux sont sur le côté comme dans les Scyllées et les Tritonies. Ses branchies, considérées comme des bras par Forster, servent en même tems de nageoires, et restent toujours dans une position horizontale. Le Glaucus a tout le corps d’un beau bleu céleste, un peu plus pâle à la base des branchies. Le milieu du dos est d’un blanc nacré, bordé latéralement d’une raie bleu foncé. Il y a en dessous une tache brune : sa longueur varie d’un à deux pouces. M. Cuvier propose de nommer l’espèce qu’il a décrite Glaucus hexapterygius, parce qu’il n’a que trois branchies de chaque côté. Il propose aussi d’appeler octopterygius l’espèce figurée par Blumenbach sous le nom d’atlanticus, parce que cette dernière épithète convient également aux autres espèces du même genre.
C. D.
ERRATUM.

Dans le numéro précédent, page 123, au lieu de : que Gehlen regarde comme une sorte de camphre contenant un peu de muriate, lisez : que Gehlen regarde comme une sorte de camphre contenant un peu d’acide muriatique.

L’abonnement est de 14 ƒr. pour les départemens, franc de port; et de 13 ƒrancs chez BERNARD, éditeur des Annales de chimie, quai des Augustins no. 25.


  1. Cette partie a été séparée par la distillation d’une livre d’opium du commerce, avec environ douze onces d’eau distillée, et la cohobation du premier produit : on a retiré de cette manière 7 à 8 onces d’eau distillée, tenant en dissolution la partie aromatique.
  2. M. Nysten a constamment comparé les effets de ces injections d’opium, avec ceux des injections d’une dissolution d’un autre extrait amer non narcotique ; il a par conséquent toujours distingué ce qui peut provenir d’une compression déterminée à la base du cerveau, par un liquide injecté, d’avec les effets de l’opium. D’ailleurs les effets de cette compression n’ont jamais lieu quand on fait l’injection lentement.
  3. Cette opération a été faite en deux tems, c’est-à-dire qu’on a attendu que la plaie résultante de la section du nerf d’un côté fût cicatrisée, avant de faire la section du nerf de l’autre côté : une portion de deux pouces de chaque nerf avoit été enlevée pour empêcher la réunion.