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Sur la route (Bruant)/Marivaudage

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Sur la Route : chansons et monologuesAristide Bruant (p. 95-98).


MARIVAUDAGE


Ils étaient vieux. Ils étaient deux :
Elle était simplement sa bonne,
Lui n’avait servi que Bellone.
Ils étaient encore amoureux.
Le vieux aimait à siroter
Et souvent, la nuit, après boire,
L’ancien ne pouvait plus chanter

Victoire !


Lors la vieille se retournait
Et boudait toute la semaine,
Même quelquefois la quinzaine…
Alors notre vieux s’acharnait,
Tâchait de gagner du terrain…
Mais Babet calfeutrait ses charmes.
Le vétéran portait en vain

Les armes !

Pendant que s’acharnait le vieux,
Babet boudait contre son ventre.
L’autre se calait sur son centre
De gravité. Puis, furieux,
Ne voulant prier, notre ancien
Poussait des soupirs à tout fendre !
Et la vieille ne voulait rien

Entendre.

Mais elle soupirait tout bas.
Le maître avait l’oreille fine,
Alors il s’indignait : Ma fine,
En v’lez-vous ou en v’lez-vous pas ?
— On n’vous en a jamais r’fusé,
Minaudait l’humble maritorne.
— Eh ben ! alors, assez causé…

Qu’on s’torne !