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Le Bataillon d’Afrique

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Le Bataillon d’Afrique
La Voix du peuple, ou les Républicaines de 1848À la librairie chansonnière de Durand (p. 76-78).


LE BATAILLON D’AFRIQUE.


Air : Bon de la Bretonnière.

Dans la plaine tourbillonne
Une horde aux burnous blancs,
En tête de la colonne
Allons reprendre nos rangs.
Voyez, le soleil levant
Nous jette un regard oblique.
 Ho !
Du bataillon d’Afrique !
 V’lan !
Gais zéphirs, en avant !

Celui qui laisse la rive
Où Dieu plaça son berceau,
Le cœur tout malade, arrive
Sous ce ciel malsain et chaud ;
Nous, qui nous moquons du vent
Qui lui porte la colique.
 Ho ! etc.

 
Chaque joue est sillonnée,
Soit en long, soit en travers,
La troupe indisciplinée
Ne connaît pas de revers ;
Car, dans notre corps savant,
Qui dit soldat, dit pratique.
 Ho ! etc.

Chef de la tribu perfide,
Qu’Ab-el-Kader soudoya,
Monte ton coursier numide
Si tu crains la razzia,
Surtout, fais passer devant
Ta sultane et ta barrique.
 Ho ! etc.

Nous venons, sans plus d’entraves,
Pour régler d’anciens écots ;
Vous allez danser, mes braves,
La danse des moricauds ;
C’est nous qui, dorénavant,
Vous fournirons la musique.
 Ho ! etc,

Mais déjà de la bataille
On fait résonner les cors,
Notre drapeau de mitraille
Est criblé comme nos corps ;
La mort souffla bien souvent
Sous cette sainte relique.
 Ho ! etc.

Sous ces climats délétères,
Jetés par un coup du sort,

Exilés peu volontaires,
Nous rencontrerons la mort,
Comme un souvenir vivant
Du vieux de la République.
 Ho ! etc.

De deux vaillants frères d’armes
Le lien est-il brisé,
L’un d’eux versera des larmes,
Ce regret est vite usé,
L’autre lègue au survivant
Son souvenir et sa chique.
 Ho ! etc.

Notre campagne est finie,
J’aperçois le fier cheval,
Qui, dans les flots d’harmonie,
Roule notre général ;
Allons traduire, en buvant,
Sa harangue pathétique.
Ho ! etc.

C. Gille.