collectionAir à boireLa Renaissance du livre1910ParisVAir à boireLa chanson française du XVe au XXe siècle.djvuLa chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/597-98Air à boire&rft.genre=unknown&rfr_id=https://fr.wikisource.org/wiki/La_Chanson_fran%C3%A7aise_du_XVe_au_XXe_si%C3%A8cle/Air_%C3%A0_boire">
AIR À BOIRE
Alexandre, dont le nom
A rempli la terre,
N’aimait pas tant le canon
Qu’il faisait le verre.
Si le grand Mars des guerriers
S’est acquis tant de lauriers,
Que devons-nous faire
Sinon de bien boire !
La mer Rouge en sa couleur
En baillait à croire ;
Pharaon, mauvais buveur,
Eut envie d’en boire ;
Moïse fut bien plus fin,
Il vit que ce n’était vin :
Il la passa toute
Sans en boire goutte.
Le bonhomme Gédéon
Faisait des merveilles,
Aussi n’usait sédition,
Rien que de bouteilles ;
Servons-nous donc aujourd’hui
De bouteilles comme lui,
Et faisons la guerre
A grands coups de verre.
Samson, au vieil Testament,
Acquit de la gloire,
Ne se servant seulement
Que de la mâchoire.
Mangeons doncques hardiment,
Ce serait opprobre
D’être toujours sobre.
Loth, qui fut homme de bien,
Se plaisait à boire,
Dieu ne lui en disait rien,
Il le laissait faire,
Et puis, quand il était saoul,
Il s’endormait comme nous,
Dans une caverne,
Près de la taverne.
Noé, pendant qu’il vivait,
Patriarche digne,
Savait bien comme on buvait
Du fruit de la vigne ;
De peur qu’il ne bût de l’eau,
Dieu lui fit faire un bateau
Pour trouver refuge
Au temps du déluge.