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Défends-toi, Paris !

La bibliothèque libre.
Chants révolutionnairesAu bureau du Comité Pottier (p. 41-42).


DÉFENDS-TOI, PARIS !



À Urbain, membre de la Commune.


Entends-tu les pas d’une armée,
Paris, quels sombres châtiments !
Sur tes coteaux vois la fumée
Des avant-postes allemands.
Voilà ce que l’Empire coûte :
La défaite et le désarroi !
Mais tu vas leur barrer la route.
Défends-toi ! Paris, défends-toi !

En un seul jour tomber du faîte
Grâce au culte des Intérêts,
C’est la France que nous a faite
Le règne des coupe-jarrets.
Mais tu vas rouvrir l’épopée,
Et comme ce gâteux sans foi,
Toi, tu ne rends pas ton épée.
Défends-toi, Paris, défends-toi !

S’ils entraient ! la tâche est ardue,
Quand tous les cœurs sont soulevés.
Les femmes ont la poix fondue,
Gavroche roule les pavés.

Allons, Paris, vieux camarade,
Tire la corde du beffroi,
Sois de granit…, sois barricade !
Défends-toi, Paris, défends-toi !

Jette Babylone aux orties.
Chasse dans tes sombres fureurs
Les catins et les dynasties,
Les marlous et les empereurs.
Insurge une France française,
Redeviens en ces jours d’effroi
Le volcan de quatre-vingt-treize.
Défends-toi, Paris, défends-toi !


Septembre 1870.