Chansons en sabots/La Moussaillonne
LA MOUSSAILLONNE
(Marche des Mousses)
Musique
de Théodore BOTREL |
Le long des Côtes de la France,
Il est des gamins par milliers
Ayant dans le cœur l’assurance
D’être un jour de fameux gabiers ;
Mais, en attendant l’âge, on rôde
Des Aurores jusqu’aux Couchants
Et l’on fait un peu la maraude
Dans les vergers et dans les champs !
Hardi ! hardi ! les moussaillons,
Espoir de nos vieux pavillons !
Les pommes sont mûres,
Grimpez aux ramures !
Ohé ! les mousses ! grimpez ! grimpez !
Vous grimperez dans les huniers
Quand vous serez gabiers !
Ohé !
Ohé !
Pour emplir la huche et la tonne,
Le mousse bat le sarrazin,
Récolte et vendange en Automne
La Pomme à cidre ou le Raisin ;
Puis il goûte aux jus de la pomme,
Au vin clair ou bien au vin bleu :
Ah ! puisse-t-il le petit homme,
Ne goûter jamais l’Eau-de-feu !
Hardi ! hardi ! les moussaillons,
Espoir de nos vieux pavillons !
Buvez par Verrées
Les liqueurs sacrées.
Ohé ! les mousses ! buvez ! buvez !
Vous en boirez des pots entiers
Quand vous serez gabiers !
Ohé !
Ohé !
Par les falaises, par les sentes,
Dans les blés ou dans les maïs,
Ils ont des amours innocentes
Avec les filles du Pays ;
Mais, déjà, garçons et garçailles
Sont tyranniques et jaloux
Et ce sont de rudes batailles…
Où les filles ont le dessous !
Hardi ! hardi ! les moussaillons,
Espoir de nos vieux pavillons !
Cognez sur les filles
Laides ou gentilles !…
Ohé ! les mousses ! cognez ! cognez !
C’est vous qui serez à leurs pieds
Quand vous serez gabiers !
Ohé !
Ohé !
Enfin ! c’est l’Heure désirée :
Mousse ! prends tes sacs et va-t-en !
Quitte la Famille éplorée :
Le Devoir est là qui t’attend !
Dis à ton chagrin de se taire,
Ris à ta mère en l’embrassant :
Tu n’étais qu’un fils de la Terre,
Te voilà fils de l’Océan !