Soufflage du verre
Le soufflage du verre est une technique de façonnage et de décoration du verre à chaud et à froid pour produire des objets en verre creux, du verre bombé, ou du verre plat.
La technique a été inventée au Proche-Orient au Ier siècle av. J.-C.[1]. Elle permet de produire des formes creuses, en insufflant de l'air à l'aide d'une canne de verrier, dans un manchon de verre ramolli à haute température. Les anciennes techniques de miroiterie y recouraient également. Elles permettaient d'obtenir des vitres et des glaces à partir du manchon dilaté par l'air insufflé. Le travail s'effectuait à chaud : les deux extrémités bombées du manchon étaient d'abord découpées et enlevées, puis le cylindre de verre creux ainsi obtenu était découpé dans le sens de sa longueur et ensuite déroulé à chaud.
Mise en œuvre
[modifier | modifier le code]Avec sa canne (autrefois une fêle), le souffleur commence par « cueiller » (ou cueillir[2]), dans le four à pot ou creuset, ou bien dans le four à bassin, une masse de verre en fusion.
Il en régularise la masse au marbre tout en effectuant une rotation continue de sa canne(surface plate souvent en marbre). Le résultat s'appelle la paraison[3]. D'un souffle bref (pour éviter le reflux d'air chaud) et en bouchant aussitôt l'orifice de son doigt, il fait naître une bulle due à la dilatation de l'air au contact du verre chaud.
Ensuite il a recours à la technique du souffle continu pour atteindre le volume souhaité.
Les autres opérations de verre soufflé sont éventuellement effectuées à la « place » par le « chef de place » assis, soit :
- le centrifugeage horizontal au banc pour élargir la pièce ;
- la régularisation de la surface à l'aide d'une mailloche (cuiller en bois mouillé)[réf. nécessaire] voire d'une mouillette[4] (simple papier journal plié et trempé dans l'eau).
Et d'autres par le « gamin[5] », à savoir :
- le centrifugeage vertical pour l'allonger en effectuant des moulinets avec la canne ;
- le réchauffage à la gueule du four pour améliorer la malléabilité.
La pièce est alors soudée à l'autre extrémité à un pontil et séparée de la canne par le refroidissement du contour du col à l'aide d'un instrument mouillé suivi d'un léger choc.
Après réchauffement, le col peut ensuite être allongé ou évasé tandis que d'autres éléments, tels qu'une anse, peuvent être soudés.
Après séparation du pontil, la pièce est déposée dans l'arche[6] à temporiser où on procède à la recuite[7], c'est-à-dire au refroidissement très lent (plusieurs heures) de la pièce afin d'éviter tout choc thermique qui la fragiliserait. S'il s'agit d'un verre à boire, il faudra tailler la partie supérieure de l'objet qui, en sortant de la halle, n'est qu'une grosse boule.
Verres décorés
[modifier | modifier le code]Avec sa canne, le souffleur de verre va « cueiller » une boule de verre en fusion sur laquelle il applique la couleur en la roulant dans des poudres, grains et plaques de verre coloré avec des oxydes métalliques (bleu : cobalt ou cuivre ; vert : fer ; rouge : or).
Il crée ensuite le décor et les motifs en mélangeant les teintes et en tirant des fils avec une petite pince, appelée pincette.
La paraison est ensuite arrondie à l'aide d'une mouillette ou d'une mailloche avant d'être soufflée. À ce stade, il introduit de l'air dans la canne, en bouche l'extrémité pour emprisonner cet air qui avec la chaleur se dilate et gonfle le verre (cueiller le verre le colorer le maillocher le souffler = réaliser une poste).
Ensuite, il va recouvrir la poste d'une seconde couche de verre qui va permettre d'enfermer la couleur entre deux couches transparentes. C'est à partir de cette deuxième qu'il commence réellement la pièce, avec sa forme propre.
Différents outils sont nécessaires pour travailler cette forme :
- la mouillette : papier journal plié et humidifié qui permet grâce à sa souplesse et à une isolation relative d'utiliser la main pour façonner le verre ;
- les fers : ils permettent d'affiner la matière à différents endroits, d'étirer les cols…
Une fois la forme générale donnée, il colle le pontil (canne sur laquelle on a cueillé un morceau de verre chaud) tendu par le jeune verrier au fond de la pièce.
Il peut alors séparer cette dernière de la canne en créant un choc thermique avec de l'eau.
Après l'avoir réchauffée, le verrier peut alors retravailler la partie haute de la pièce en l'ouvrant à l'aide des fers, et en la rognant (coupant) avec les ciseaux.
Lorsque la pièce est terminée, il détache le pontil, puis enfourne la pièce dans l'arche de recuisson où elle va être réchauffée uniformément afin d'être libérée des tensions internes créées pendant le travail.
La pièce restera ensuite une quinzaine d'heures dans l'arche éteinte, jusqu'à son total refroidissement.
Utilisation en vitrerie et miroiterie
[modifier | modifier le code]Soufflage en couronne
[modifier | modifier le code]Soufflage en manchon
[modifier | modifier le code]Un manchon obtenu par soufflage était déroulé pour obtenir une feuille de verre.
Les glaces et miroirs
[modifier | modifier le code]Le soufflage dans le monde
[modifier | modifier le code]En Syrie
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Le soufflage du verre traditionnel syrien *
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Pays * | Syrie |
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Liste | Nécessitant une sauvegarde urgente |
Année d’inscription | 2023 |
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Le soufflage du verre traditionnel syrien est inscrit sur la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente par l'UNESCO en [8].
Galerie
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Ciseaux à couper le verre.
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Position du souffleur de verre.
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Création d'une forme.
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Finition et gravure à la meule.
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Finition à la meule.
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Fabrication d'un vase par Luigi Dei Rossi.
Le métier dans la fiction
[modifier | modifier le code]- 1956 : Vetrino, bonhomme de verre livre pour enfants de Michel Breitman[9].
- 1976 : Cœur de verre (Herz aus Glas), film de Werner Herzog
- 2016 : La Souffleuse de verre, téléfilm de Christiane Balthasar[10].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Catherine Saliou, Le Proche-Orient : De Pompée à Muhammad, Ier s. av. J.-C. - VIIe s. apr. J.-C., Belin, coll. « Mondes anciens », , 608 p. (ISBN 978-2-7011-9286-4, présentation en ligne), chap. 2 (« Économies locales, économies mondiales »), p. 104.
- Cueillage : action d'enlever avec la fêle ou sarbacane le cristal en fusion pour faire une glace soufflée. Dans J.-M. Morisot, Tableaux détaillés des prix de tous les ouvrages du bâtiment. Vocabulaire des arts et métiers en ce qui concerne les constructions (miroiterie), Carilian, 1814.
- Paraison : forme que l'on donne au verre en fusion en le roulant sur le marbre et le soufflant avec la fêle pour l'étendre. Dans Morisot.
- Chiffon humide servant à humecter, dictionnaire du CNTRL.
- Voir dictionnaire du CNTRL.
- Four secondaire en briques relié au four principal par des ouvertures appelées lunettes et où s'effectue le frittage ou le recuit du verre, dictionnaire du CNTRL.
- Voir dictionnaire du CNTRL.
- « Le soufflage du verre traditionnel syrien », UNESCO (consulté le )
- « Vetrino, bonhomme de verre » (consulté le )
- « La souffleuse de verre », sur Sens critique (consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Canne de verrier
- Techniques à chaud pour le travail artisanal du verre
- Verre mercuré
- Verrerie