Spyridon de Trimythonte
Évêque |
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Naissance | Chypre, Assia |
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Décès | Chypre, Trimythonte |
Époque | |
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Vénéré par | |
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Étape de canonisation |
Saint Thaumaturge |
Fête |
Saint Spyridon (en grec : Ο Άγιος Σπυρίδων, Επίσκοπος Τριμυθούντος) fut évêque de Trimythonte, dans l'île de Chypre, au IVe siècle.
Biographie
[modifier | modifier le code]Spyridon naquit sur l'île de Chypre en 270, dans le village d'Assia (en grec : Άσσια). Il était berger, marié à une femme avec laquelle ils eurent une fille nommé Irène[1].Après la mort de son épouse, lui et sa fille entrèrent tous deux dans la vie monastique. Quelques années plus tard, il fut élevé par le peuple au rang d'évêque de Trimythonte et continua sa vie dans une grande piété par ses actes de charité.
Le Concile de Nicée
[modifier | modifier le code]Sa piété lui permit d'assister au premier Concile Œcuménique en 325 sous le règne de saint Constantin le Grand. Lors de ce concile, il entra en débat avec un philosophe grec qui défendait l'hérésie arienne, qui contestait la divinité de Jésus Christ. Face aux arguments complexes et rationnels du philosophe, Saint Spyridon opposa un discours simple mais empreint de sagesse divine. Il déclara : « Écoute, philosophe, il y a un seul Dieu, créateur de tout, visible et invisible, qui par sa Parole et son Esprit a ordonné toutes choses. Le Verbe, c’est le Fils de Dieu, descendu sur terre pour notre salut, né d'une Vierge, qui a souffert, est mort et est ressuscité pour nous. Il est un en essence avec le Père, égal en autorité et en honneur. »
Par la puissance de son discours, le philosophe fut profondément impressionné, il avoua à ses compagnons être incapable de réfuter ce discours : « Jusqu’à présent, j'ai toujours pu réfuter les arguments par d’autres preuves. Mais les paroles de ce vieillard sont remplies d’une force divine indéniable. » Touché, il se convertit et reçut le baptême, reconnaissant l’œuvre de Dieu à travers Saint Spyridon.
Durant le concile, Saint Spyridon démontra de manière saisissante l’unité de la Sainte Trinité. Il prit une brique dans sa main et la pressa. Miraculeusement, du feu s’en échappa, de l’eau tomba sur le sol et seule de la poussière resta dans ses mains. Il expliqua : « De même qu’une seule brique est composée de trois éléments, la Sainte Trinité comprend trois Personnes en un seul Dieu. ». Suite à ce miracle, de nombreux ariens, convaincus par la foi nicéenne, décidèrent alors de se convertir[2].
Fin de sa vie
[modifier | modifier le code]Par sa simplicité et sa profonde dévotion envers Dieu, il accomplit des prodiges tout au long de sa vie et devint célèbre comme un grand faiseur de miracles. Il fit tomber la pluie en période de sécheresse, chassa des démons d'un simple mot, guérit des malades et ressuscita même des morts. Il possédait également le don de prescience.
À son retour de Nicée, une femme lui expliqua qu’elle avait confié des bijoux à sa fille pour les garder en sécurité, mais que, cette dernière étant morte en son absence, personne ne savait où ils avaient été cachés. Spyridon se rendit alors sur la tombe de sa fille, lui parla, et put ainsi rendre les bijoux à leur propriétaire.
Saint Spyridon passa la plus grande partie de sa vie à Chypre, où il s'endormit en 348 et fut enterré dans l’église des Saints Apôtres à Trimythonte.
Ses miracles
[modifier | modifier le code]L'incorruptibilité et les premiers transferts de ses reliques
[modifier | modifier le code]Après sa mort en 348, son corps fut retrouvé incorrompu, signe de sainteté. Ses reliques devinrent une source de miracles et restèrent à Chypre pendant environ 300 ans. Au VIIᵉ siècle, en raison des raids arabes qui menaçaient l’île, elles furent transférées à Constantinople, probablement en 691, sous l’ordre de l’empereur Justinien II. Les reliques furent conservées dans divers sanctuaires de la capitale byzantine, notamment dans l’église des Saints Apôtres, où elles furent vénérées pendant des siècles.
Transfert à Corfou de ses reliques
[modifier | modifier le code]En 1453, peu avant la chute de Constantinople, les reliques furent discrètement transportées hors de la ville. En 1456, elles furent amenées à Corfou par des fidèles cherchant à les protéger des dangers ottomans. Selon une version, le prêtre George Kalohairetis aurait transporté les reliques en les dissimulant dans des sacs remplis de paille. Une autre version, appuyée par des archives découvertes au XVIIIᵉ siècle, indique que leur transfert aurait été organisé par les autorités vénitiennes en 1489[3].
À Corfou, les reliques furent d’abord conservées dans diverses églises avant d’être installées en 1589 dans l’église dédiée à Saint Spyridon, construite spécifiquement pour abriter ce trésor spirituel. Cette église, où les reliques reposent encore aujourd’hui, est devenue un lieu de pèlerinage majeur.
La relique de sa main droite
[modifier | modifier le code]Une partie distincte des reliques, la main droite de Saint Spyridon, fut séparée du corps principal et transportée à Rome entre 1592 et 1605. Elle fut conservée dans l’église Santa Maria in Vallicella, où elle resta jusqu’en 1986, lorsqu’elle fut restituée à Corfou avec une grande célébration.
Miracles et vénération
[modifier | modifier le code]Saint Spyridon est particulièrement vénéré pour sa protection miraculeuse de Corfou et de ses habitants. Selon la tradition, il sauva l’île à plusieurs reprises : d’une famine, d’épidémies et d’invasions ottomanes, notamment en 1716, lorsqu’il aurait interféré pour repousser une attaque turque.
Les reliques de Saint Spyridon sont l’objet d’une dévotion fervente. Elles sont exposées pour vénération à certaines occasions, notamment lors de sa fête annuelle (11-13 décembre) et pendant les célébrations pascales. Quatre processions solennelles, appelées litai, sont organisées chaque année à Corfou, chacune commémorant un miracle attribué au saint :
- Le dimanche des Rameaux (miracle contre une épidémie en 1630),
- Le 11 août (libération de Corfou des Ottomans en 1716),
- Le premier dimanche de novembre (fin d’une épidémie en 1673),
- Pendant la Semaine sainte (sauvetage de l’île lors d’une famine).
Ces processions, marquées par une grande ferveur religieuse et accompagnées de rituels traditionnels, attirent chaque année de nombreux fidèles et visiteurs.
Son héritage spirituel
[modifier | modifier le code]Saint Spyridon est l’un des saints les plus aimés du monde orthodoxe, particulièrement en Grèce et à Chypre. Sa vie simple, son rôle actif dans la défense de la foi et les nombreux miracles qui lui sont attribués continuent d’inspirer les croyants. Ses reliques, conservées dans un reliquaire en argent orné, demeurent un témoignage tangible de sa sainteté et une source d’espoir pour les fidèles[4].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Saint Spyridon, Bishop of Trimythous »
- « Saint Spyridon the Wonderworker, Bishop of Tremithus »
- En 1808, l’évêque Méthode de Kerkyra et Paxos découvrit un manuscrit du XVe siècle relatant une version différente des événements. Ce récit fut publié en grec dans le "Service de louange et la Vie de Saint Spyridon" et ajouté en note de bas de page au Grand Synaxaire.
- (en) « The Fascinating History of the Relics of Saint Spyridon »
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (it) « Vera relatione del thaumaturgo di Corfu Spiridione il Santo », par Nicolas Voulgaris, ou ici, édition de 1699
Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- La vie de saint Spyridon, sur le site de l'Église orthodoxe d'Estonie