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Sampsigéramides

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Les Sampsigéramides sont la dynastie fondée par Sampsigéram, « phylarque des Éméséniens » que Pompée avait soumis à la République romaine[1][a] et qui, d'après Strabon, s'était allié en 47 av. J.-C. avec son fils Jamblique à Quintus Caecilius Bassus contre Jules César[2]. Aréthuse était leur « lieu très-fort »[1][b]. Ainsi que l'ont expliqué les historiens de l'Antiquité Maamoun Abdulkarim et Oriol Olesti-Vila, « la dynastie des Sampsigéramides a joué un rôle politique important dans les dernières années du royaume séleucide et les premières années de l'occupation romaine »[9].

Le mausolée d'Émèse tel qu'il a été photographié par Heinrich Kohl et Carl Watzinger en 1907.
Buste de Julia Domna Sampsigéramide tardive (vers 195 apr. J.-C., conservé à la Glyptothèque de Munich).

D'autres membres de la dynastie sont connus : comme l'a expliqué Maurice Sartre, « à la veille d'Actium, Antoine avait fait exécuter le prince Iamblichos, un fils du Sampsigéramos, qu'il soupçonnait de trahison, et l'avait remplacé par son frère Alexandre. Après la victoire d'Octave, celui-ci déposa Alexandre et confisqua la principauté, mais il la rendit finalement en 20 av. J.-C. » à un autre Jamblique, fils du premier[6].

Un autre Sampsigéram, petit-fils de Jamblique II « selon quelques auteurs »[10], et (son fils[10]) Azize sont présentés dans les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe (18.5.4, 20.7.1) comme ayant été rois « d'Émèse »[c]. Sohème fut aussi membre de la dynastie[10].

Le constructeur du mausolée d'Émèse et son père Caius Julius Alexion, connus par une inscription grecque « qu'on affirme avoir appartenu au monument »[11] et la copie de celle-ci par le docteur Skender Effendi, qui ont été reproduites par William Henry Waddington, pourraient être apparentés à la dynastie des Sampsigéramides[12],[13]. La citoyenneté romaine du premier, « attestée par ses tria nomina, milite fortement en faveur de son appartenance à la famille royale », d'après Maurice Sartre[6]. « Or aucune allusion n'est faite à cette parenté royale, ce qui s'explique au mieux si la dynastie a été privée de son royaume peu auparavant », et celui-ci annexé, très probablement entre 72 et la date de la construction du mausolée, à la province de Syrie[6].

Une autre Sampsigéramide célèbre[14], plus tardive, sera Julia Domna (≈160 - 217), princesse syrienne[15],[16] puis impératrice romaine[14],[17],[18] : deuxième épouse de l'empereur Septime Sévère et mère des empereurs Caracalla et Geta, elle jouera un rôle politique — et plus tard symbolique — important[14],[15],[16],[18].

Notes et références

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  1. Pour cette raison, Cicéron avait appelé Pompée « Sampsiceramus » dans ses lettres à Atticus (2.14, 2.16, 2.17, 2.23), par dérision[1].
  2. Selon Henri Seyrig, il semblerait que Posidonius, d'après lequel Strabon a « probablement » rapporté l'alliance susmentionnée des phylarques des Éméséniens à Quintus Caecilius Bassus, « regardât les Éméséniens comme une simple tribu, gouvernée par ses cheikhs, et encore dépourvue d'une véritable existence urbaine »[3]. Cicéron a en effet nommé Jamblique « phylarque des Arabes » dans une lettre (Lettres aux familiers 15.1)[4]. Si le nom de Jamblique participe — incontestablement selon Victor Langlois[5] — d'une « onomastique sémitique[6] », Maurice Sartre a cependant incité les historiens « à la prudence quant aux appellations des Anciens », telles que celle employée par Cicéron[7], considérant l'hésitation avec laquelle les auteurs anciens ont fait appartenir certains peuples, tels les Nabatéens ou les Ituréens, au groupe des « Arabes »[8] : « Ainsi, Nabatéens, Ituréens, Éméséniens peuvent être qualifiés d'Arabes ou distingués des Arabes, parfois chez le même auteur[8]. »
  3. Dion Cassius, dans son Histoire romaine, n'avait pas fait mention d'Émèse au moment d'évoquer l'exécution de Jamblique Ier (50.13.7), la déposition d'Alexandre (51.2.2), et la restitution de la principauté à Jamblique II (54.9.2).

Références

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  1. a b et c Strabon, p. 209.
  2. Strabon, p. 209 ; Henri Seyrig, p. 187.
  3. Henri Seyrig, p. 187.
  4. M. Sartre, p. 175.
  5. Victor Langlois, p. 54.
  6. a b c et d Maurice Sartre.
  7. M. Sartre, p. 174-175.
  8. a et b M. Sartre, p. 174.
  9. Maamoun Abdulkarim et Oriol Olesti-Vila, p. 265.
  10. a b et c L'Art de vérifier les dates des faits historiques, p. 445.
  11. M. Jullien, p. 186.
  12. Fergus Millar, p. 84.
  13. Carlos Chad, p. 92.
  14. a b et c (en) Irfan Shahid, Rome And The Arabs : A Prolegomenon to the Study of Byzantium and the Arabs, (1984), pp. 33-40, 146.
  15. a et b (en) Inge Mennen, « Julia Domna: Syrian Empress. [(B.) Levick Pp. xxxii 244, ills, maps. London and New York: Routledge, 2007]. (ISBN 978-0-415-33144-9) (978-0-415-33143-2 hbk). », The Classical Review, vol. 58, no 2,‎ , pp. 556–557 (ISSN 1464-3561 et 0009-840X, DOI 10.1017/S0009840X08001145, lire en ligne, consulté le ).
  16. a et b (en) « Julia Domna », sur Oxford Reference (DOI 10.1093/oi/authority.20110803100026681, consulté le ).
  17. (en) Maxime Rodinson, The Arabs, Chicago : University of Chicago Press, sur Internet Archive, (ISBN 978-0-226-72355-6 et 978-0-226-72356-3, lire en ligne), p. 55.
  18. a et b (en) Iorwerth Eiddon Stephen Edwards, John Boardman, Alan Bowman, Peter Garnsey, Averil Cameron, The Cambridge Ancient History: Volume 12, The Crisis of Empire, AD 193-337, Cambridge University Press, , p. 502.

Bibliographie

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