Institut de relations internationales et stratégiques
Fondation |
---|
Sigle |
IRIS |
---|---|
Type | |
Forme juridique | |
Domaines d'activité | |
Siège |
Paris (2 bis, rue Mercœur, 75011) |
Pays |
Fondateur | |
---|---|
Directeur | |
Budget |
4,2 M€ () |
Chiffre d'affaires |
5 M€ () |
Publication |
Revue internationale et stratégique L'Année stratégique collection "Enjeux stratégiques |
Site web |
L’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), est un think tank français créé en 1991, travaillant sur les thématiques géopolitiques et stratégiques.
Il est dirigé par son fondateur, Pascal Boniface. Son conseil d'administration est présidé par Michel-Édouard Leclerc depuis 2023.
L'IRIS a été critiquée pour ses relations avec la Chine, ayant notamment coorganisé avec ce pays trois conférences entre 2017 et 2019 sur les nouvelles routes de la soie, et contribuant ainsi, selon l'IRSEM, à une opération d'influence chinoise.
Présentation
[modifier | modifier le code]L'IRIS est créé en 1991 par Pascal Boniface sous le statut association loi de 1901[1].
En 2009, un rapport de Geoffrey Geuens estime que l'IRIS est financé pour un tiers par des contrats passés avec le ministère des Armées, un tiers par les frais de scolarité de ses étudiants et un tiers par des cotisations d'entreprises et organismes privés[2].
En novembre 2014, après que l'organisme que l'IRIS a été cité dans une enquête publiées par Libération au sujet du réseau d'influence russe, Pascal Boniface refuse au quotidien la publication de l'interview qu'il leur avait accordée, concernant notamment le financement de l'IRIS[3].
Entre 2018 et 2022, l'IRIS est cité comme faisant partie des trois principaux think tanks géopolitiques français, avec l'Institut français des relations internationales (IFRI) et la Fondation pour la recherche stratégique (FRS)[4],[5],[6].
L’IRIS est classé au 29e rang mondial dans la catégorie « Meilleur think tank sur les questions de politique étrangère et les enjeux internationaux » (sur 11 175) et au 17e rang dans la catégorie « Meilleur think tank sur les questions de défense et de sécurité nationales » du Global Go-To Think Tanks 2020[7] de l'université de Pennsylvanie.
Objectifs
[modifier | modifier le code]L'institut a trois objectifs : faire de la recherche sur les questions stratégiques et participer aux débats sur ce thème, être un centre d'expertise indépendant en contact continu avec l'actualité, être un lieu de dialogue pour ce qui est communément appelé la « communauté stratégique ». Ainsi des personnalités diverses prêtent leur expertise à des fins pédagogiques, faisant notamment de la vulgarisation de l’actualité internationale pour l’opinion publique : des universitaires, mais aussi des militaires, des industriels, des responsables politiques, des hauts fonctionnaires[2].
Activités
[modifier | modifier le code]Publications, études, événements
[modifier | modifier le code]En 2009, l'institut publie chaque trimestre la Revue internationale et stratégique et une fois par an L’Année stratégique. Par ailleurs, l’IRIS réalise des études visant à aider à la prise de décision d’entreprises ou d’organismes publics[2].
Entre 2017 et 2022, l'IRIS organise une rencontre d'experts intitulée « Les Internationales de Dijon », qui vise à rendre accessibles au public les débats géopolitiques. En 2017, le thème porte sur la démocratie et les droits de l'homme de par le monde, et en 2018 sur les relations internationales entre la Russie, la Chine, l'Europe et les États-Unis[8],[9].
Enseignement professionnel : IRIS Sup'
[modifier | modifier le code]En 2002, l'IRIS crée IRIS Sup, un établissement privé d'enseignement supérieur technique, enregistré auprès du rectorat de Paris, qui a pour vocation de former les étudiants à différents métiers dans un contexte international. L'école dispense des diplômes reconnus par l'État[10],[11].
Administration
[modifier | modifier le code]Le conseil d'administration était présidé par Alain Richard, ancien ministre de la Défense jusqu'en 2023. Michel-Édouard Leclerc prend sa place en juillet 2023[12], et Roselyne Bachelot, ancienne ministre, et Marc-Antoine Jamet, secrétaire général de LVMH, sont nommés vice-présidents[13]. Trois nouveaux membres intègrent le conseil d'administration, nommés pour trois ans : Bertrand Badré, ancien directeur financier de la Banque mondiale, Amina Sabeur, directrice générale de la French-American Foundation-France ; et la députée européenne Marie-Pierre Vedrenne[13].
En 2009, le conseil d’administration était composé de Pascal Boniface, Renaud Donnedieu de Vabres, Hubert Védrine, François Scheer, Michel Barnier, Alain Bauer, Paul Boury, Stéphane Fouks, Marc-Antoine Jamet, Bariza Khiari, Alain Marsaud, Yazid Sabeg, Philippe Séguin, Lilian Thuram (Haut Conseil à l’Intégration), Manuel Valls, Denis Verret, Bernard de La Villardière et Francis Wurtz[2].
Mise en cause concernant les relations avec la Chine
[modifier | modifier le code]En 2021, l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire, sous la signature de Paul Charon et de son directeur Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, mentionne l'IRIS comme faisant partie des organismes qui « contribuent de facto aux opérations d’influence chinoise en France »[14]. Les deux chercheurs évoquent notamment à ce sujet trois colloques organisés conjointement par l'IRIS et l'ambassade de Chine en France sur les routes de la Soie. Ils précisent par ailleurs que l'IRIS publie des « notes moins favorables à la Chine »[15].
Concernant les conférences annuelles organisées entre 2017 et 2019 avec la Chine, La Lettre A estime que la première édition « a pris des allures d’opération de lobbying » au profit de la nouvelle route de la soie et que les intervenants étaient, de façon très majoritaire, de « fervents partisans » d'un ralliement de la France à ce projet[16]. Libération indique que plusieurs chercheurs ont estimé que les intervenants étaient « dociles ». Et les chercheurs ont questionné une éventuelle « mise sous influence par Pékin » de l'IRIS. Le directeur de l'IRIS dément fermement, affirmant que les débats étaient « contradictoires » et « ouvert à tous ». Toutefois le directeur affirme à Libération ne pouvoir imaginer la poursuite d'un tel partenariat. Il indique notamment que l'IRIS a « soutenu publiquement » Antoine Bondaz, le chercheur insulté par l'ambassade de Chine[16],[17]. Par ailleurs, Pascal Boniface et l'équipe des chercheurs permanents de l'IRIS se sont défendus dans un communiqué des accusations, affirmant notamment avoir organisé également des évènements avec d'autres ambassades dont l'ambassade américaine[15].
Dans leur rapport, Paul Charon et Jean-Baptiste Jeangène Vilmer indiquent que Pascal Boniface et Barthélemy Courmont, directeur de recherche à l’IRIS, ont participé aussi « à des événements organisés par ou avec l’ambassade de Chine ou des agences du Parti », mais que les deux hommes peuvent aussi être critiques de Pékin et ne défendent pas le modèle chinois[16].
Relations avec la Russie
[modifier | modifier le code]Via l'IRIS, son fondateur, Pascal Boniface, organise des événements et conférences avec le Dialogue franco-russe et ses responsables, Thierry Mariani et Vladimir Iakounine. Les deux organismes participent également à des colloques et événements communs, dont le Club de discussion de Valdaï, forum international russe rattaché à un think tank proche du Kremlin[18],[19],[20].
En 2014, après l'annexion de la Crimée par la Russie, Libération dresse une liste de quatre universitaires français complaisants avec la Russie de Vladimir Poutine, parmi lesquels se trouve Philippe Migault, membre de l'IRIS et décrit comme « un ardent défenseur des partenariats industriels franco-russes, notamment dans l'armement ». Le journal ajoute que « même des instituts de recherche bien établis en France comme l'Institut de relations internationales et stratégiques (...), sont parfois sensibles aux sirènes russes… du fait des financements privés dont ils dépendent »[21].
Internationales de Dijon de 2024
[modifier | modifier le code]Le 21 octobre 2024, le maire de Dijon François Rebsamen annonce l'annulation des Internationales de Dijon, événement organisé chaque année en partenariat avec l'IRIS, et suspend sa collaboration avec cet institut[22],[23].
Ceci fait suite à des propos de Pascal Boniface disant s'interroger sur le fait que le maire de Saint-Ouen-sur-Seine, Karim Bouamrane, serait « instrumentalisé façon un muslim d'apparence qui ne critique pas Netanyahu et donc bénéficie d'une grosse promo médiatique »[24],[25]. Outre la réaction du maire de Saint-Ouen, le directeur de l'IRIS s'attire des condamnations de personnalités divers bords politiques, parmi lesquelles Olivier Faure, Benjamin Haddad, Claude Bartolone et Stéphane Troussel[26],[27].
La veille, le directeur de l'IRIS avait également interpellé l'élue socialiste Lamia el Aaraje au sujet de sa « position sur les conflits du Proche-Orient » et sur « la poursuite des bombardements sur Gaza ». Soulignant que Pascal Boniface l'interpelle sur la base d'une publication n'ayant aucun rapport avec le conflit israélo-palestinien, Lamia el Aaraje demande « l’aurait-il fait si je m’étais appelée Colette Durand ? »[28],[29].
Publications
[modifier | modifier le code]- La Revue internationale et stratégique (ISSN 1287-1672)[30]
- L'Année stratégique (ISBN 978-2-200-63211-3)
- La collection « Enjeux stratégiques »[31]
- Le Déméter[32]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) « Institut de Relations Internationales et Stratégiques », sur International Security Sector Advisory Team, Centre de Genève pour la gouvernance du secteur de la sécurité (consulté le ).
- Geoffrey Geuens, « Les principaux think tanks français », Quaderni. Communication, technologies, pouvoir, no 70, , p. 79-88 (ISSN 2105-2956, DOI 10.4000/quaderni.511, lire en ligne, consulté le )
- Lorraine Millot, « Pascal Boniface maltraité par «Libération» ? Notre réponse », sur Libération (consulté le )
- Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, « La relève stratégique : une première histoire du soutien aux jeunes chercheurs sur les questions de défense et de sécurité », sur Les Champs de Mars 2018/1 (N° 30 Supplément), pages 9 à 43,
- Benjamin Sire, « Pascal Boniface : Prophète du faux », Franc-Tireur, , p. 8
- « IFRI, IRIS, FRS : les coulisses du financement des think-tanks géopolitiques - 05/11/2021 », sur La Lettre A, (consulté le )
- (en) James McGann, « 2020 Global Go To Think Tank Index Report », TTCSP Global Go To Think Tank Index Reports, (lire en ligne, consulté le )
- « Dijon : une journée pour réfléchir à l'avenir du monde... », sur France info, (consulté le )
- « Les Internationales de Dijon, 8 octobre », sur Dijon Mag,
- « IRIS sup' », sur L'Étudiant.
- « Iris-sup : quand un think tank crée son école professionnelle », L'Opinion, (lire en ligne, consulté le ).
- Par Le Parisien avec AFP Le 25 juillet 2023 à 18h55, « Michel-Edouard Leclerc nouveau président du centre de recherche Iris », sur leparisien.fr, (consulté le )
- Mirabelle Belloir, « Michel-Edouard Leclerc devient président de l’Institut de relations internationales et stratégiques », L. S. A., (lire en ligne, consulté le )
- Christian Chesnot, « Manipulations, menaces, fakenews : un rapport décrypte les réseaux d'influence de la Chine », sur France Inter, .
- « Réseaux d'influence chinois : "L'Iris en tant qu'institut n'a pas de position", réagit Pascal Boniface, son directeur », sur Franceinfo, (consulté le )
- Paul Charon et Baptiste Jeangène Vilmer, « Les opérations d'influence chinoise », sur www.irsem.fr, (consulté le )
- Nicolas Quénel, « La propagande de Pékin à la conquête de la France », sur Libération, (consulté le )
- « Face à Poutine, Fabius sort ses griffes - 17/04/2014 », sur La Lettre, (consulté le )
- « Guerre en Ukraine : pour Vladimir Poutine, le monde entre dans sa décennie « la plus dangereuse » depuis la seconde guerre mondiale », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « France, Russie Le grand écart de l'Elysée sur la Russie », Intelligence Online, (lire en ligne)
- Lorraine Millot, « Les universitaires complaisants », sur Libération (consulté le )
- « Polémique. Suite aux propos de Pascal Boniface, la Ville annule les Internationales de Dijon », sur www.bienpublic.com (consulté le )
- LIBERATION et AFP, « «Muslim d’apparence» : les Internationales de Dijon annulées après les propos de Pascal Boniface visant Karim Bouamrane », sur Libération (consulté le )
- « Le chercheur Pascal Boniface au cœur d'une polémique après des propos visant le maire socialiste de Saint-Ouen », sur Figaro Live, (consulté le )
- « "Muslim d'apparence": indignation après les propos de Pascal Boniface sur le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane », sur BFMTV (consulté le )
- « Ce chercheur qualifie Karim Bouamrane de « muslim d’apparence » et déclenche une polémique », sur Le HuffPost, (consulté le )
- Le Point magazine, « Pascal Boniface critique le maire de Saint-Ouen, Karim Bouamrane », sur Le Point, (consulté le )
- « « Muslim d’apparence » : Pascal Boniface déclenche une polémique politique après ses propos sur Karim Bouamrane », sur Le Télégramme, (consulté le )
- « Karim Bouamrane qualifié de « muslim d’apparence » : le chercheur Pascal Boniface au cœur d’une polémique », sur SudOuest.fr, (consulté le )
- Revue Internationale et Stratégique, Cairn.info.
- « 3-collection-enjeux-strategiquesOuvrages », sur iris-france.org (consulté le )
- (en) « Publications », sur Club Demeter (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Site officiel
- Ressource relative aux organisations :