Respect humain
Le « respect humain » est le souci exagéré de l'opinion d'autrui et du « qu'en-dira-t-on[1]. Cette expression, tombée en désuétude, est employée notamment par Paul Nizan en 1938. L'expression a également fait l'objet d'une interprétation de l'Église catholique.
Signification courante
[modifier | modifier le code]Le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) définit le respect humain comme : « Crainte du jugement des hommes, attitude qui conduit à adopter des comportements conformistes dans la crainte de choquer, de déplaire, du qu'en-dira-t-on »[1].
Il cite comme exemples : Paul Nizan, dans La Conspiration : « Laforgue, Rosenthal et Bloyé perdirent ce qui leur restait de respect humain, ils s'y jetèrent aussi et se mirent à chanter », 1938, p. 43 ; ainsi que Confession d'un enfant du siècle d'Alfred de Musset : « Ses courses solitaires dans les montagnes, dont la charité était le but et qui n'avaient jamais fait naître un soupçon, devinrent tout à coup le sujet des quolibets et des railleries. On parlait d'elle comme d'une femme qui avait perdu tout respect humain, et qui devait s'attirer justement d'inévitables et affreux malheurs. » 1836, p. 272[1].
Le concept est également utilisé par Jean-Jacques Rousseau, qui déclare dans L'Émile : « Celui qui ne peut remplir les devoirs de père n'a point le droit de le devenir. Il n'y a ni pauvreté, ni travaux, ni respect humain qui le dispensent de nourrir ses enfants et de les élever lui-même »[2].
Dans le catholicisme au XIXe siècle
[modifier | modifier le code]L'Église catholique, consciente de l'aspect social de la pratique religieuse, a utilisé à partir du XVIIe siècle l'expression "respect humain" dans un sens différent de sa signification habituelle, comme l'explique Guillaume Cuchet[3], qui cite Philippe Boutry[4].
Par "respect humain", l'Église désignait à cette époque le conformisme social quand il s'exerçait aux dépens de la religion[3]. L'auteur reprend là une partie des « Méditations pour tous les jours de l'année ; sur les principaux devoirs du Christianisme »[5], de Griffet, 1759 :« C'est cependant au jugement frivole et inconsidéré de cette multitude que vous sacrifiez le salut de votre âme, tandis que vous avez à opposer à ses vains discours votre raison, votre Religion, votre conscience et votre Dieu », omettant toutefois d'y mentionner les rôles de la raison et de la conscience.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Philippe Boutry, « Le respect humain », dans « Alla Signorina ». Mélanges offerts à Noëlle de La Blanchardière, Rome, École française de Rome, 1995, p. 23-49.
- Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d'être chrétien : anatomie d'un effondrement, Le Seuil, 2018.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Respect », TLFI.
- « Qui a dit : Celui qui ne peut remplir les devoirs de père n'a point le droit de… », sur lemonde.fr (consulté le ).
- Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d'être chrétien : anatomie d'un effondrement, Le Seuil, 2018, p. 36
- Philippe Boutry, « Le respect humain », dans « Alla Signorina ». Mélanges offerts à Noëlle de La Blanchardière, Rome, École française de Rome, 1995, p. 23-49.
- [https://books.google.fr/books?id=USG0foE6uy8C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false Méditations pour tous les jours de l'année sur les principaux devoirs du christianisme] Henri Griffet - 1759