Renégat
Un renégat (occitan : renegat ; espagnol : renegado et italien : rinnegato ; littéralement en français un « renié ») est une personne qui renie ses opinions, sa religion, sa patrie ou son parti.
Renégats en Barbarie
[modifier | modifier le code]Entre les XVIe et XVIIIe siècles, de nombreux chrétiens réduits en esclavage en Afrique du Nord par les Barbaresques pendant leurs opérations de piraterie, poussés par le désir d'adoucir une condition particulièrement pénible, ou d'échapper à un châtiment, se convertirent à l'islam, et devinrent des « renégats » (renegados). Germain Moüette rapporta ainsi que la femme de son maître lui avait promis la main de sa nièce s'il abjurait, ce qu'il refusa[1]. D'autres, par arrivisme, firent le choix d'abjurer. Selon Roland Courtinat « l'islam exerce une réelle attraction sur de nombreux chrétiens. La Barbarie est synonyme de richesses accessibles à tous. La bonne chère, la possibilité de s'enrichir, les femmes, la liberté d'action peuvent hanter l'esprit d'hommes de modestes conditions »[2]. Ils se joignirent alors aux pirates barbaresques pour les faire bénéficier de leur expertise technique, comme ce fut le cas pour les corsaires de Salé[3].
La plupart des capitaines des galères de course n'étaient pas toujours Algériens mais en majorité, des renégats et des Turcs[4], sauf certains comme Hamidou Ben Ali dit "Raïs Hamidou" et d'autres. Ainsi dans un état de la marine d'Alger en 1588, donné par Pierre Dan dans son Histoire de Barbarie et de ses corsaires, celle-ci était européenne pour moitié au moins et se composait alors, outre quelques frégates, de trente cinq galères dont vingt appartenaient à des renégats européens majoritairement italiens[5].
Renégats célèbres
[modifier | modifier le code]Ordre alphabétique
- Ali Bitchin (vers 1560–1645)
- Dali Mami (XVIe siècle)
- Gedik Ahmed Pacha
- Hassan Corso (1518-1556)
- Hassan Veneziano (XVIe siècle)
- Jack Ward (vers 1553–1622), alias Yusuf Reis
- Jan Janszoon alias Mourad Rais (vers 1570–après 1641)
- Mami Arnaute (XVIe siècle), qui captura, avec Dali Mami, Miguel de Cervantes et son frère Rodrigo le
- Murat Rais (vers 1534–1638)
- Salomo de Veenboer alias Sulayman Reis (mort en 1620)
- Simon Dansa alias Raïs Dali (vers 1579–vers 1611)
- Sinan Reis (mort en 1546)
- Uluç Ali Paşa (1519–1587)
- Yuder Pacha
- Mourad Bey (Jacques Santi), Bey de Tunis de 1613 à 1631
Références
[modifier | modifier le code]- Germain Moüette 1683, p. 27.
- Roland Courtinat, La piraterie barbaresque en Méditerranée, Jacques Gandini, 2002, p. 127.
- Leïla Maziane 2007, p. 102-103.
- Jacques Heers, L'histoire assassinée : Les pièges de la mémoire, 2006, Éditions de Paris, 2006, p. 194.
- Jean-Jacques Baude, L'Algérie in La revue des deux mondes, 1841, p. 184.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Bennassar, Bartolomé ; Bennassar, Lucile, Les chrétiens d’Allah : l'histoire extraordinaire des renégats, XVIe et XVIIe siècles, Perrin, , 595 p. (ISBN 978-2-262-02422-2)
- Germain Moüette, Relation de la captivité du Sr. Mouette dans les royaumes de Fez et de Maroc, où il a demeuré pendant onze ans, chez Jean Cochart, au cinquième pilier de la grand'salle du Palais, au Saint Esprit, (lire en ligne)
- Leïla Maziane, Salé et ses corsaires, 1666-1727 : un port de course marocain au XVIIe siècle, Caen/Mont-Saint-Aignan/Caen, Publication Université de Rouen Havre, , 362 p. (ISBN 978-2-84133-282-3, lire en ligne)
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :