Aller au contenu

Paul Féval

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Paul Féval père)
Paul Féval
Paul Féval en 1877.
Fonctions
Président de la Société des gens de lettres
-
Président de la Société des gens de lettres
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Paul Henry Corentin FévalVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Sir Francis Trolopp, Daniel Sol, Francis TroloppVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Enfant
Autres informations
Parti politique
Idéologie
Genres artistiques
Œuvres principales
signature de Paul Féval
Signature
Plaque commémorative

Paul Féval est un écrivain français né le à Rennes[1] et mort le dans le 7e arrondissement de Paris.

Son œuvre abondante, composée de plus de 70 romans populaires édités en feuilleton et de près de 70 nouvelles en plus d' « au moins une trentaine de pièces de théâtre, d’études historiques, de brochures chrétiennes, de pamphlets »[2], eut un succès considérable de son vivant, égalant celles d’Honoré de Balzac et d’Alexandre Dumas.

Son roman le plus connu , Le Bossu, d'où est tiré la réplique « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ! »[3], a fait l'objet d'une dizaine d'adaptations au cinéma.

Les jeunes années

[modifier | modifier le code]

Paul Henry Corentin Féval naît le à trois heures et demie du soir dans l'hôtel de Blossac, rue du Four-du-Chapitre à Rennes[1]. Son père, royaliste et chrétien, originaire de Troyes, appartient à la petite magistrature : il est conseiller à la cour royale de la ville[4]. Sa mère, Jeanne Joséphine Renée Le Baron, est bretonne de la région de Redon, et petite-fille du jurisconsulte Henri François Potier de La Germondaye. La famille est nombreuse (cinq enfants) et les revenus sont insuffisants[5]. En 1826, à l'âge de 10 ans, Paul entre comme interne au collège royal de Rennes (aujourd'hui lycée Émile-Zola). Son père meurt l'année suivante[6].

En troisième, au plus fort des troubles révolutionnaires de 1830, il affiche au collège des opinions monarchistes, et déclenche des bagarres. Le proviseur le prie d'aller se calmer à la campagne[7]. Il passe quelques mois chez son oncle, Guillaume de Foucher de Careil, au château de la Forêt-Neuve, à Glénac[8]. Le séjour va le marquer profondément. Des conspirateurs s'assemblent la nuit au château, on fond des balles. Paul laisse son imagination s'enfiévrer, il ne rêve que de batailles, de massacres. Il entend des légendes macabres à la veillée[9], parcourt les landes, erre entre les marais, s'enfonce dans les brouillards, recueille des récits de la bouche d'anciens chouans de 1793[10]… Il revient à Rennes en janvier 1831, et entre en classe de seconde. Il obtient son diplôme de bachelier en 1833[11].

Il oriente ses études vers le droit, et passe sa licence à l’université de Rennes pour devenir avocat en 1836[12]. Mais il abandonne rapidement cette profession, après une plaidoirie malheureuse[13]. Au mois d'août 1837, il s'installe à Paris[14] comme commis chez un oncle banquier, mais le monde de la banque et du commerce ne lui convient pas. Son oncle le chasse parce qu'il ne travaille pas. Il songe à la littérature, tout en exerçant des petits métiers qui assurent mal sa subsistance. Ses premiers écrits sont refusés par les éditeurs.

Les débuts littéraires

[modifier | modifier le code]

Des recommandations l’introduisent dans les milieux catholiques et royalistes. Le Club des phoques est le premier texte publié en 1841 dans la Revue de Paris. Son talent est remarqué par des éditeurs de journaux tels La Législature et Le Courrier français. En 1843, Anténor Joly, futur directeur de L’Époque, et présentement rédacteur en chef du Courrier français, avait passé commande à un écrivain, demeuré longtemps anonyme, d'un texte de même inspiration et de facture similaire aux Mystères de Paris d'Eugène Sue, pour utiliser le titre Les Mystères de Londres. Mais le résultat n'est pas publiable en l'état et, en catastrophe, Anténor Joly se résout à s'adresser à Paul Féval (dont il venait de publier Le Loup blanc dans Le Courrier français), qui accepte de rédiger un nouveau roman en à peine un mois. En effet, annoncé le , la publication des Mystères de Londres commence le sous le pseudonyme de sir Francis Trolopp (exigé par Joly)[15]. Le succès populaire est immédiat : lorsque la première partie du feuilleton s'achève le , Féval est déjà parti à Londres pour se documenter afin de rédiger la suite et y ajouter de la couleur locale. Le roman sera prolongé durant quatre parties jusqu'au . Il est contrefait au fur et à mesure à Bruxelles par la Société belge de librairie (Hauman et Cie, 9 volumes) et publié officiellement à Paris en onze volumes, étalés de mars à . Il y a vingt rééditions : la renommée de l’auteur est faite.

La carrière littéraire

[modifier | modifier le code]
Paul Féval et son univers caricaturés par André Gill dans La Lune, .

La carrière littéraire est engagée, et suivent d’autres romans-feuilletons : Le Capitaine Spartacus, Les Chevaliers du Firmament, Le Loup Blanc. Féval qui est un conservateur ressent durement la Révolution française de 1848 : par ses écrits, n'a-t-il pas contribué à réveiller la conscience politique du peuple, et lancé un mouvement qu’il réprouve ? Il décide donc de réorienter sa production dans une direction plus neutre, et poursuit ses publications.

En 1853, il écrit la chanson Monsieur de Charette, également connue sous le nom de Prends ton fusil Grégoire. Elle deviendra l'une des plus célèbres chansons royalistes françaises.

En 1854, il épouse la fille de son médecin, Marie Pénoyée. Le couple aura huit enfants. Paul Féval fils évoquera la rencontre et le mariage de ses parents :

« Un jour, alors qu'il se sentait accablé, il se rendit au cabinet médical d'un homéopathe, le docteur Pénoyée. Ce dernier le prit un peu à sa charge et s'évertua à le guérir de sa dépression nerveuse. Le médecin avait une fille de vingt ans, Marie Pénoyée. Si le premier garantissait les soins du corps, la seconde permit les soins du cœur. En 1854, Marie offrit sa main au futur père de ses huit enfants. L'un d'eux naquit en 1860 et porta le prénom et le nom de son écrivain de père. »

1857 est l’année où sort Le Bossu ou le Petit Parisien[16], roman auquel on l'associe encore de nos jours, notamment grâce aux neuf romans écrits par Paul Féval fils qui continuent l'histoire.

En 1863, il rencontre son homologue britannique Charles Dickens, avec lequel il noue des liens d'amitié.

En 1870, au moment de la défaite et de la Commune de Paris, il quitte Paris pour revenir à Rennes quelque temps.

En 1876, il renoue ostensiblement avec la foi catholique, après un deuxième échec à l'Académie française et des problèmes financiers dus à une popularité émoussée. Il devient alors l'un des rédacteurs de La France illustrée de l'abbé Roussel.

Féval s'est essayé à la plupart des types de roman : le roman de cape et d'épée avec Le Bossu, Le Cavalier Fortune, Le Capitaine fantôme, le mystère urbain avec Les Mystères de Londres, Les Habits noirs, les récits bretons avec Le Loup blanc, La Belle étoile, La Première Aventure de Corentin Quimper, le fantastique avec La Vampire, Le Chevalier Ténèbre. Il s'est aussi essayé au théâtre et même à l'histoire politique et judiciaire.

Tombe de Paul Féval père et Paul Féval fils, cimetière du Montparnasse, division 26 (petit cimetière).

Il utilisa abondamment les thèmes de la chouannerie et des luttes politiques précédant l'annexion de la Bretagne. En 1879 parut chez l'éditeur Victor Palmé le recueil de nouvelles Chouans et Bleus soigneusement revues et corrigées depuis leurs parutions en feuilletons dans des périodiques : Le Petit Gars, Le Docteur Bousseau, Le Capitaine Spartacus et La Mort de César.

Les dernières années

[modifier | modifier le code]

Au début des années 1880, il est sujet à des crises d’hémiplégie et il est recueilli par les frères de Saint-Jean-de-Dieu, à Paris. Quasi oublié dans ses dernières années, il va les consacrer à remanier son œuvre dans un sens plus conforme à la morale catholique. Il meurt le au 19 rue Oudinot, Paris 7e[17]. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse.

Caricature par Étienne Carjat (lithographie).
  • 1841 : Le Club des phoques
  • 1843 : Les Mystères de Londres
  • 1843 : Le Capitaine Spartacus
  • 1843 : Les Chevaliers du Firmament - Réédité sous le titre Les Fanfarons du Roi
  • 1843 : Le Loup blanc
  • 1844 : Fontaine aux perles
  • 1844 : Les Aventures d'un émigré
  • 1845 : Les Contes de nos pères
  • 1845 : La Forêt de Rennes (contient Le Loup blanc et Le Banquier de cire)
  • 1845 : Les Amours de Paris
  • 1846 : La Quittance de minuit - Réédité en 2006 sous le titre Les Molly-Maguires
  • 1846 : Le Fils du diable
  • 1848 : Le Château de Croïat
  • 1849-1850 : Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille
  • 1850 : La Fée des grèves
  • 1850 : Beau Démon
  • 1851 : Le Capitaine Simon
  • 1852 : Les Nuits de Paris
  • 1852 : La Forêt noire - Réédité sous le titre La Reine des épées
  • 1851-1852 : Les Tribunaux secrets
  • 1851-1852 : Frère tranquille
  • 1853 : Le Tueur de tigres
  • 1853 : Monsieur de Charette (chanson)
  • 1855-1856 : La Louve
  • 1855-1856 : L'Homme de fer
  • 1856 : Madame Gil Blas, souvenirs et aventures d'une femme de notre temps
  • 1856 : Les Couteaux d'or
  • 1856 : La Vampire[18].
  • 1857 : Le Bossu ou le Petit Parisien
  • 1857 : Les Compagnons du silence
  • 1857 : Les Errants de la nuit
  • 1858 : La Fabrique de mariages
  • 1859 : Le Roi des gueux
  • 1860 : Le Chevalier Tènèbre
  • 1861 : Le Drame de la jeunesse
  • 1862 : Le Capitaine fantôme
  • 1862 : Valentine de Rohan, (suite de La Louve)
  • 1862 : Jean Diable
  • 1863 : Le Poisson d'or
  • 1863 : La Fille du juif errant
  • 1863-1875 : Les Habits noirs
    • Les Habits noirs (1863), préface de Jacques Bergier aux éditions Marabout et Robert Laffont coll. « Bouquins »
    • Cœur d'acier (1866)
    • L'Avaleur de sabre (1867)
    • La Rue de Jérusalem (1868)
    • L'Arme invisible (1869) ; avant-propos de Paul Féval
    • Les Compagnons du Trésor (1872)
    • La Bande Cadet (1875) ; postface et tableau chronologique par François Le Lionnais aux éditions Marabout et Robert Laffont, coll. « Bouquins »
  • 1864 : Les Tribunaux secrets : ouvrage historique
  • 1865-1866 : La Cavalière
  • 1866 : La Fabrique de crimes
  • 1867 : Annette Laïs
  • 1867 : La Pécheresse
  • 1868 : Le Cavalier Fortune
  • 1869 : Le Quai de la ferraille
  • 1871 : Le Dernier Vivant
  • 1873 : Le Chevalier de Keramour
  • 1874 : Les Cinq
  • 1875 : La Ville-vampire
  • 1876 : La Première Aventure de Corentin Quimper
  • 1876 : Châteaupauvre - Voyage au dernier pays de Bretagne
  • 1877 : Les Étapes d'une conversion
  • 1877 : Jésuites !
  • 1877 : Le Dernier Chevalier
  • 1879 : Les Merveilles du Mont Saint-Michel

Adaptations

[modifier | modifier le code]

Grand prix Paul-Féval

[modifier | modifier le code]

En 1984, la Société des gens de lettres, en hommage au romancier, qui a présidé l'institution en 1867, a créé le grand prix Paul-Féval de littérature populaire à l'initiative de Suzanne Lacaille, arrière-petite-fille de l'auteur.

L’œuvre de Paul Féval étant maintenant dans le domaine public, certains romans peuvent être téléchargés légalement et gratuitement aux adresses suivantes (liste non exhaustive) :

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b Archives municipales de Rennes, Registre des naissances (1816), cote 2E24, p. 177-178. Acte de naissance en présence de Jean Nicolas Féval, Brice Marie Varin, et René Arnaud.
  2. Gerald Prince, "Extravagance feuilletonesque et volonté littéraire dans La Vampire de Paul Féval" in Romance Notes 55(1):43-49
  3. « Plœmeur. Qui se souvient de Paul Féval ? », Ouest-France,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. J. Baudry, La Jeunesse de Paul Féval à Rennes (1816-1837), Rennes, Plihon, , p.18.
  5. Eugène de Mirecourt, Paul Féval, Emmanuel Gonzalès, Paris, Havard, coll. « Les contemporains », , p.13.
  6. Baudry 1938, p. 22.
  7. Mirecourt 1855, p. 6-7.
  8. Baudry 1938, p. 24. Auguste de Foucher de Careil est l'époux de Caroline, la fille aînée de Robert Surcouf. Il achète le domaine en 1825, et fait reconstruire le château l'année suivante. « Étymologie et histoire de Glénac », sur infobretagne.com.
  9. Mirecourt 1855, p. 8-10.
  10. Baudry 1938, p. 24-25.
  11. Baudry 1938, p. 25.
  12. Baudry 1938, p. 30.
  13. Mirecourt 1855, p. 14-16. « Les biographes de Féval ont raconté à ce sujet toutes sortes de fantaisies et lui-même a romancé la chose. » Baudry 1938, p. 31.
  14. Baudry 1938, p. 31.
  15. Jean-Luc Buard, "Londres et ses Mystères en 1843 dans Le Courrier français d'Anténor Joly, folie-feuilleton en trois actes et un épilogue", Le Rocambole no 75-76, 2016, p. 167-206. Cette étude établit que l'écrivain pressenti par Anténor Joly n'est autre que Jacques Arago, selon du reste le témoignage de Féval lui-même dans ses mémoires tardifs.
  16. « Le Bossu [extr.] Féval, Paul (1816-1887) », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )
  17. Archives de Paris acte de décès n°446 dressé le 08/03/1906, vue 27 / 31
  18. Paul Féval, Les Drames de la mort, Paris, Charlieu et Huillery, , 244 p. (BNF 30433152).

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Paul Féval : 1816-1887, catalogue d'exposition de la Bibliothèque municipale de Rennes, rédigé par Jean-François Botrel, Armel Diverrès, Xavier Ferrieu, Henri Pollès, Marie-Thérèse Pouillias, etc. Rennes, Bibliothèque municipale, 1987, 150 p.. Contient de nombreuses informations bio-bibliographiques sur Paul Féval père et fils, sur leurs manuscrits...
  • Saliha Aklouf, « Jean Diable de Paul Féval, un précurseur oublié du roman policier français », Cahiers d'études romanes : revue du CAER, Aix-en-Provence, Centre aixois d'études romanes, no 34 « Aux origines du roman policier : France, Espagne, Italie, Pérou »,‎ , p. 75-84 (ISBN 979-10-320-0110-3, DOI 10.4000/etudesromanes.5366, lire en ligne).
  • Jean-Pierre Galvan (éd.), Paul Féval : Choix de lettres inédites, Nancy, 1987, 1 volume, 194 p.
  • Jean-Pierre Galvan, « Les Débuts littéraires de Paul Féval : correspondance inédite à Anténor Joly », Bulletin et Mémoires de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, t. XCV,‎ , p. 265-321.
  • Jean-Pierre Galvan, « Paul Féval : romancier feuilletoniste et homme de lettres », Tapis Franc, no 5,‎ , p. 69-95.
  • Jean-Pierre Galvan, Paul Féval : parcours d'une œuvre, Paris / Amiens, Les Belles Lettres / Encrage, coll. « Références », , 167 p. (ISBN 2-251-74105-4 et 2-911576-20-9).
  • Vittorio Frigerio, « Paul Féval », dans Recueil des Commémorations nationales 2017, Direction générale des patrimoines, Archives de France, Paris, 2016, p. 116-117.
  • François Labbé, « Un maître du roman d'aventure : Paul Féval » (p. 213-217) et « Le roman d'aventures au XIXe siècle : auteurs bretons et/ou sujets bretons » (p. 209-213), dans La littérature bretonne de langue française, coll. dir. P. Rannou, Fouesnant, Yoran Embanner, 2020.
  • Félicité de Rivasson, « Les héroïnes févaliennes : entre archétype feuilletonesque et figures légendaires », dans Julie Anselmini et Chantal Massol (dir.), Écritures et discours « populaires » (XIXe – XXe siècles) : nouveaux regards, Grenoble, UGA Éditions, coll. « Bibliothèque stendhalienne et romantique », , 306 p. (ISBN 978-2-37747-424-0, lire en ligne), p. 123-144.
  • Jean Rohou (dir.) et Jacques Dugast (dir.), Paul Féval, romancier populaire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Interférences », , 293 p. (ISBN 2-86847-063-7, lire en ligne).
  • (en) Robin Walz, « The Crime Factory : The Missed Fortunes of Paul Féval's Les Habits Noirs », Proceedings of the Western Society for French History, vol. 37,‎ , p. 205-219 (lire en ligne).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]