Aller au contenu

Parkesine

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Baigneur en parkésine.
Horloge de salon Seth Thomas, typique du style American Renaissance. Les colonnettes supportant le fronton de l'horloge, et dont la couleur imite la serpentine, sont faites de celluloïd collé au bois.

Parkesine est le nom de marque d'un polymère (le celluloïd, aussi nommé pyroxyline), donné par un Français[1] à ce qui est considéré comme le premier polymère synthétique (ou plutôt semi-synthétique note S. Mossman (1993)[2]) commercialisé, inventé par le chimiste anglais Alexander Parkes de Birmingham[3], souvent présenté comme l'ancêtre de tous les plastiques (et donc de la plasturgie[4]), originellement destiné à remplacer l'ivoire qui commençait à manquer pour les arts et manufactures (notamment pour la fabrication des boules de billards, dés à jouer, etc.), mais qui pouvait aussi imiter l'écaille de tortue, la corne, le caoutchouc ou la gutta-percha. Chauffée, la parkesine pouvait être moulée : c'est donc un thermoplastique. Elle permettait de produire des objets durs dont la couleur blanc-crème évoquait l'ivoire.

La Parkesine a été présentée au public et aux journaux lors de l’exposition universelle de Londres en 1862 et à la presse scientifique par un article d'A. Parkes en 1866 publié dans le London Journal of the Society of Art, no 683, relayé par le Journal de l'Institut Franklin[5]. L'amiral Sir Edward Blecher se serait immédiatement montré intéressé, imaginant pouvoir remplacer le teck des navires de guerre, qui était utilisé derrière les plaques d'acier de blindage par ce nouveau matériau qu'il supposait pouvoir améliorer la résistance des navires aux tirs ennemis. Parkes lui a répondu qu'avec une machine appropriée, il pourrait en produire deux tonnes par heure, et qu'en outre sa parkesine pouvait être rendue presque ininflammable et ne causait pas de phénomène d'oxydation du métal comme le fait le teck[5]. Il prétendait aussi qu'appliqué sous forme de vernis sur la coque des bateaux, il pourrait les préserver de la corrosion due à l'eau de mer[5].

Dans un article présenté devant la Société des arts (Society of Arts), intitulé « Properties of Parkesine », Parkes affirmait qu'il s'était lancé dans la recherche d'un tel matériau plus de 20 ans auparavant[6]. Selon Mody et Mihu (2012), c'est en 1855 que Parkes aurait inventé ce premier plastique[7].

Cette matière a été brevetée par Parkes en 1862[8]. Quatre ans plus tard, en 1866, Parkes crée une société, la Parkesine Company pour produire de la parkesine en masse.

Parkes présente son invention à l'exposition internationale de Paris en 1867 ; le comité de l'exposition lui décerne une médaille d'argent.

Mais la compagnie a rapidement fait faillite, en raison de produits de mauvaise qualité alors que Parkes tentait d'en réduire les couts. La compagnie a fermé ses portes en 1868 deux ans après sa création.

Entretemps, Parkes avait en 1865 déposé un autre brevet sur l'amélioration de la production de parkesine ou de composés à base de pyroxyline, et aussi de piroxiline en solution (connue sous le nom de collodion).

Le successeur de la Parkesine a été le xylonite, produit par Daniel Spill (en) (un associé de Parkes), et le celluloïd de John Wesley Hyatt.

Fabrication

[modifier | modifier le code]

La parkesine était produite à partir de cellulose traitée par de l'acide nitrique (nitrocellulose) et un solvant (huile animale, naphte végétale (extraite de bois) ou minérale selon A. Parkes[5]). Sa densité peut être la même que celle de la gutta-percha polymérisée[5], mais ses propriétés changent selon le type d'huile utilisée.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. R. Pearson, « Plastics in engineering. », Students' Quarterly Journal, vol. 41, no 163,‎ , p. 223-225.
  2. Mossman, S. (1993), Plastics in the Science museum, London: a Curator's view. In Symposium'91: saving the twentieth century; the degradation and conservation of modern materials: abstracts= Sauvegarder le XXe siècle la dégradation et la conservation des matériaux modernes (p. 25-36). Canadian Conservation Institute (résumé et notice).
  3. Emma Bartholomew, « Parkesine: how Alexander Parkes paved the way for plastics global mass production from a Hackney wick factory », Hackney Gazette,‎ (lire en ligne)
  4. Mary Bellis, « A Brief History of the Invention of Plastics », sur ThoughtCo.com, .
  5. a b c d et e Parkes A. (1866), On the properties of parkesine and its application to the arts and manufactures, Journal of the Franklin Institute, 81(6), 384-388 (extrait/1re page)
  6. (en) C.P. McCord, « Celluloid: The First American Plastic-The World's First Commercially Successful Plastic », Journal of Occupational and Environmental Medicine, vol. 6, no 11,‎ , p. 452 (lire en ligne).
  7. Mody, P. et Mihu, R. (2012), Curses of plastic on environment, Asian Journal of Research in Social Sciences and Humanities, 2(1), 55-60 (résumé)
  8. (en) UK Patent office, Patents for inventions, UK Patent office, , 255 p. (lire en ligne)

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Lien externe

[modifier | modifier le code]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • (en) S T I Mossman, Parkesine and celluloid, Special Publication-Royal Society of Chemistry, , 141(1), 10-10.
  • Mossman, S. T. et Morris, P. J. (1994), The development of plastics, Royal Society of Chemistry.
  • Friedel, R. (1979), Parkesine and celluloid. The failure and success of the first modern plastic, History of technology, 4, 45-62.
  • Parkes, A. (1866), On the properties of parkesine and its application to the arts and and manufactures, Journal of the Franklin Institute, 81(6), 384-388.
  • Rankine, W. M. (1866), On the tenacity of some fibrous substances, Journal of the Franklin Institute, 81(4), 262-264.
  • Springate, M. E. (1997), Cellulose Nitrate Plastic (Celluloid) in archaeological assemblages: identification and care, Northeast Historical Archaeology, 26, 63-72 (résumé).