Péonie
La Péonie (en grec ancien, Παιονία / Paionía) correspond à l'État des Péoniens, un peuple de l'Antiquité. Ses frontières sont mal connues, et on suppose qu'elle a d'abord fait partie de la Thrace avant de correspondre, à l'époque de la Grèce antique, à la vallée du Vardar et ses environs[1], proche du fleuve Strymon, non loin de l'Hellespont, mais distante de Troie[2].
Ramenée aux frontières nationales contemporaines, elle correspond donc à une région du nord de la Grèce, à la plus grande part de la Macédoine du Nord et à une petite partie de l'ouest de la Bulgarie[3]. La Péonie est limitée au sud par le royaume de Macédoine qui correspond à la Macédoine grecque, au nord par la Dardanie, dans l'actuel Kosovo, à l'est par la Thrace et à l'ouest par l'Illyrie. Elle a donné son nom à la commune de Péonie, un dème de Grèce centrale.
Tribus
[modifier | modifier le code]Les Péoniens sont divisés à l'origine entre plusieurs tribus :
Histoire
[modifier | modifier le code]Les Péoniens seraient soit d'origine thrace[10], soit d'origine thraco-illyrienne[11]. Homère cite leur fleuve principal, l'Axios, ancien nom du Vardar, précision qui situe les Péoniens en Macédoine du Nord actuelle. Leur langue est probablement proche des langues illyriennes et thraces[12].
Selon Hérodote, ils seraient des colons de Troie et descendant de Teucros à l'époque du roi perse Darius, vers le VIe siècle av. J.-C. ou Ve siècle av. J.-C., quoi qu'il en soit bien après la guerre de Troie[2], et Homère parle dans l’Iliade de Péoniens luttant dans la vallée du Vardar aux côtés des Troiens[1], mais sans mentionner s'ils font partie du même peuple. Après avoir cité les deux chefs Péoniens Pyrechmès et Astéropée, Homère représente les troupes aussi habiles au tir à l'arc qu'en guerriers sur un char ou bien seulement montent-ils à cheval[13]. Selon Diogène Laërce (Vies et doctrines de philosophes illustres, IX, 84), les Péoniens disposaient de leurs morts en les jetant dans les lacs.
Dans la mythologie, l'auteur douteux Darès de Phrygie dit que le roi de Troie, Priam, redressant sa ville après l'assaut d'Héraclès et la mort de son père Laomédon, fait appel à des soldats Péoniens chez qui il envoie son fils Hector dans l'intention de renforcer son armée[14]. Il embarque ces hommes sur une flotte pour la Grèce pour y mener la guerre et se venger avant la guerre de Troie[15].
Au commencement, la capitale des rois de Péonie est Bylazora, ville mythique située à l'emplacement de l'actuelle Vélès ; par la suite, c'est Stobi qui devient la capitale. Constituée en royaume sur le modèle grec durant l'époque archaïque, la Péonie parvient à résister à l'expansion perse durant les guerres médiques, alors que d'autres peuples voisins (les Bottiéens, les Édones et les Pières) ont dû accepter la domination achéménide. La Péonie a été conquise par les Macédoniens sous le règne de Philippe II au milieu du IVe siècle av. J.-C. en étant annexée à la Haute-Macédoine. Des cavaliers et tirailleurs péoniens, dont les redoutables javeliniers agrianes, se sont illustrées dans l'armée d'Alexandre le Grand.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (fr) Iliade (trad. du grec ancien par Robert Flacelière), Éditions Gallimard, (1re éd. 1955) (ISBN 2-07-010261-0).
Références
[modifier | modifier le code]- Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], chant XXI, 140-142.
- Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], V, 13.
- Encyclopedia Britannica en ligne : Paeonia
- Early symbolic systems for communication in Southeast Europe, Part 2 by Lolita Nikolova, (ISBN 1-84171-334-1), 2003, p. 529, Eastern Paionians (Agrianians and Laeaeans)
- The Landmark Thucydides : A Comprehensive Guide to the Peloponnesian War by Thucydides, Robert B. Strassler, Richard Crawley, and Victor Davis Hanson, 1998, (ISBN 0-684-82790-5), p. 153, « ...of them still live round Physcasb- and the Almopians from Almopia. »
- The Cambridge Ancient History, Martin Percival Charlesworth, (ISBN 0-521-85073-8), Volume 4 of Persia, Greece and the Western Mediterranean, C. 525 to 479 B.C., John Boardman, p. 252 : « The Paeonians were the earlier owners of some of these mines, but after their defeat in the coastal sector they maintained their independence in the mainland and coined large denominations in the upper Strymon and the Upper Axius area in the names of the Laeaei and the Derrones. »
- An Inventory of Archaic and Classical Poleis, An Investigation Conducted by The Copenhagen Polis Centre for the Danish National Research Foundation by Mogens Herman Hansen and Thomas Heine Nielsen, 2005, (ISBN 0-19-814099-1), p. 854 : « ... Various tribes have occupied this part of Thrace : Bisaltians (lower Strymon valley), Odomantes (the plain to the north of the Strymon) ... »
- The Histories, (Penguin Classics) by Herodotus, John M. Marincola, and Aubery de Selincourt, (ISBN 0-14-044908-6), 2003, p. 315 : « ... was that a number of Paeonian tribes - the Siriopaeones, Paeoplae, ... »
- The Histories, (Penguin Classics) by Herodotus, John M. Marincola, and Aubery de Selincourt, 2003, p. 452 : « ... Then he passed through the country of the Doberes and Paeoplae (Paeonian tribes living north of Pangaeum), and continued in a ... »
- The History of the Ancient World : From the Earliest Accounts to the Fall of Rome by Susan Wise Bauer (2007), (ISBN 0-393-05974-X), page 518 : "... Italy ; to the north, Thracian tribes known collectively as the Paeonians."
- Voir Encyclopaedia Britannica - online edition.
- Francisco Villar. Gli Indoeuropei e le origini dell'Europa. Il Mulino, 1997. (ISBN 88-15-05708-0)
- Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], chant II, 848-850 et chant XVI, 284-293.
- Darès le Phrygien, Histoire de la destruction de Troie [détail des éditions] [lire en ligne], IV.
- Darès le Phrygien, Histoire de la destruction de Troie [détail des éditions] [lire en ligne], IX.
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Paeonia (kingdom) » (voir la liste des auteurs).