Normopathie
En psychodynamique, la normopathie désigne la tendance à se conformer excessivement à des normes sociales de comportement sans parvenir à exprimer sa propre subjectivité.
Histoire
[modifier | modifier le code]Cette personnalité a été décrite par Joyce McDougall (normopath)[1] dans son article « Plaidoyer pour une certaine anormalité » en 1972[2].
Christopher Bollas, dans son article « Normotic Illness »[3] la décrit (normotic personality), après un long séjour en Chine, comme « l'atténuation et finalement la disparition de la subjectivité, en faveur d'un moi conçu comme un objet matériel parmi les autres produits humains[4]. »
Le psychanalyste Christophe Dejours rapproche la notion de normopathie de celle de « banalité du mal » développée par la philosophe Hannah Arendt à propos d'Adolf Eichmann, l'organisateur de la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale[5].
S'éloignant de la « personnalité normopathique » dans sa dimension pathologique, le psychanalyste Jean-Baptiste Desveaux a proposé de considérer une tendance normopathique ayant une fonction de défense pour le sujet (une défense normopathique). « La défense normopathique peut ainsi être considérée dans un rapport dialectique avec la tendance antisociale[6] ». Cette tendance « tend à ramener le sujet vers une situation vivable, mais plutôt que de changer structurellement le fonctionnement psychique, elle masque l’état pathologique par une néo-formation leurrant le sujet lui-même sur son propre fonctionnement[6] ».
Diagnostic
[modifier | modifier le code]La normopathie est l'une des dimensions du Karolinska psychodynamic profile (KAPP), un outil de diagnostic de la personnalité d'inspiration psychodynamique[7]. D'autres recherches de la même équipe ont cependant révélé que ce construit est particulièrement difficile à mesurer[8].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Joyce McDougall, Plea for a measure of abnormality, International University Press, New York, 1980, p. 156. (OCLC 6709052)
- Joyce McDougall, « Plaidoyer pour une certaine anormalité », Revue française de psychanalyse, n°3, (lire en ligne)
- (en) Christopher Bollas, The Shadow of the Object : Psychoanalysis of the Unthought Known, Routledge, , 204 p. (ISBN 978-1-315-43759-0, lire en ligne)
- […] the numbing and eventual erasure of subjectivity, in favour of a self that is conceived as a material object among other man-made products in the object world. Christopher Bollas, The shadow of the object. Psychoanalysis of the unthought known, Columbia University Press, New York, 1987, pp. 135 sq.
- Christophe Dejours, Souffrance en France, Paris, Seuil, 2000, p. 141 sq.
- Jean-Baptiste Desveaux, « La défense normopathique ou la tendance normopathique utilisée comme défense », Journal de la psychanalyse de l'enfant, vol. 2, no 2, , p. 599 (ISSN 0994-7949 et 2264-590X, DOI 10.3917/jpe.004.0599, lire en ligne, consulté le )
- (en) R.M. Weinryb & R.J. Rössel « Karolinska Psychodynamic Profile. KAPP » Acta Psychiatrica Scandinavica Suppl. 1991;363:1-23.
- (en) B. Haver, P. Svanborg & S. Lindberg « Improving the usefulness of the Karolinska Psychodynamic Profile in research: proposals from a reliability study » Acta Psychiatrica Scandinavica 1995;92(2):132-137.