Muhammad Khan Junejo
Muhammad Khan Junejo محمد خان جونیجو | |
Fonctions | |
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Premier ministre du Pakistan | |
– (3 ans, 2 mois et 5 jours) |
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Président | Muhammad Zia-ul-Haq |
Législature | 7e |
Prédécesseur | Muhammad Zia-ul-Haq (administrateur de la loi martiale) Zulfikar Ali Bhutto (indirectement) |
Successeur | Benazir Bhutto (indirectement) |
Biographie | |
Nom de naissance | Muhammad Khan Junejo |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Sindhri, Sind Pakistan |
Date de décès | (à 60 ans) |
Lieu de décès | Baltimore, Maryland États-Unis |
Nationalité | pakistanaise |
Parti politique | Ligue musulmane du Pakistan (F) (jusqu'en 1985) Ligue musulmane du Pakistan (1985-1993) |
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Premiers ministres du Pakistan | |
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Muhammad Khan Junejo (en ourdou : محمد خان جونیجو), né le à Sindhri et mort le à Baltimore, est un homme d'État pakistanais. Membre de la Ligue musulmane du Pakistan, il a été Premier ministre de la république islamique du Pakistan du au , durant la présidence de Muhammad Zia-ul-Haq. S'opposant plusieurs fois à ce dernier, il obtient ainsi une réputation d'indépendance.
Originaire du Sind, Junejo commence sa carrière politique dans son district natal de Sanghar, puis est élu député provincial et devient ministre local puis fédéral. Le président Muhammad Zia-ul-Haq en fait son Premier ministre en 1985 quand la Constitution est rétablie. Prenant ses distances avec le président, Junejo entre en conflit avec lui et finit par être démis de ses fonctions en 1988.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse et éducation
[modifier | modifier le code]Muhammad Khan Junejo est né le à Sindhri dans le district de Sanghar. Il est originaire d'une famille de riches propriétaires terrains du Sind, et influente au sein de la tribu des « Junejo ». Après voir fait son enseignement secondaire à l'école St Patrick de Karachi, il part faire ses études en Angleterre, à l'école d'agriculture de Hastings[1].
Carrière politique
[modifier | modifier le code]Débuts
[modifier | modifier le code]Junejo commence sa carrière politique en 1954, à l'âge de 21 ans, quand il se fait élire président du conseil du district de Sanghar, suivant ainsi les traces de son père. Il rejoint la Ligue musulmane du Pakistan, puis est élu député de l'Assemblée provinciale du Pakistan occidental en 1962[2], durant le régime du président Ayub Khan. Il est ministre provincial des chemins de fer de 1965 à 1969[1].
Après le coup d'État du 5 juillet 1977 du général Muhammad Zia-ul-Haq, Junejo intègre durant un temps le cabinet fédéral, mais le quitte dès 1979. Quelques années plus tard, alors que le président Zia cherche à donner une légitimité démocratique à son régime, il organise les élections législatives de 1985, interdites aux partis politiques. Junejo est lui-même élu député du district de Sanghar[1].
Premier ministre
[modifier | modifier le code]Le président Zia-ul-Haq nomme Junejo au poste de Premier ministre le . Dès son investiture, Junejo annonce la fin de la loi martiale et l'autorisation des partis politiques, mesures implantées avant la fin de l'année 1985. Malgré ces ouvertures, l'opposition au président Zia s’intensifie, notamment en 1986 quand Benazir Bhutto, dirigeante du Parti du peuple pakistanais et principale figure de l'opposition du Mouvement pour la restauration de la démocratie, rentre d'exil[a 1]. Junejo est alors réticent à réprimer le mouvement de contestations malgré les pressions du président. Les divisions entre les deux hommes s'accentuent lors du retrait soviétique de l'Afghanistan, Junejo soutenant les accords de Genève et invitant les partis politiques à en débattre alors que Zia veut continuer à appuyer les moudjahidines afghans[1],[3].
En 1988, la crise entre les deux hommes atteint son paroxysme quand Junejo critique le budget accordé à l'armée pakistanaise et qu'il pointe la responsabilité de généraux de l'armée dans l'explosion d'un dépôt du munitions à Rawalpindi[a 1]. Le , le président Zia démet le gouvernement de Junejo de ses fonctions et dissout toutes les assemblées, appelant des élections législatives anticipées. Dans le même temps, l'armée prend le contrôle de la résidence du Premier ministre et du siège de la télévision et radio nationales, et Junejo est assigné à résidence pour une courte période[1].
Après son départ du gouvernement
[modifier | modifier le code]Toutefois, le président meurt trois mois plus tard dans le crash de son avion. Lors des élections législatives de 1988, l'opposition du Parti du peuple pakistanais remporte largement le scrutin, Benazir Bhutto devenant Premier ministre et Junejo perdant son siège de député dans le Sind au profit d'un candidat du PPP[1]. Junejo retrouve toutefois son siège de député à la suite des élections législatives de 1990, marquées par la victoire de l'Alliance démocratique islamique. Alors que Nawaz Sharif devient Premier ministre, la ligue musulmane se divise en deux factions, l'une favorable à Nawaz Sharif, l'autre à Junejo[a 2].
En 1993, alors que le Premier ministre Nawaz Sharif entend réformer la Constitution pour lui redonner son cadre parlementaire prévu à la base en 1973, il entre en conflit avec le président Ghulam Ishaq Khan. Alors que Junejo était attendu comme éventuel arbitre, il est transféré aux États-Unis pour le traitement d'une leucémie mais décède d'une crise cardiaque le à l'hôpital de Baltimore, à l'âge de 60 ans[1].
Héritage
[modifier | modifier le code]Junejo conserve l'image d'un homme politique traditionnel et conservateur, mais aussi honnête et indépendant. Ainsi, alors que sa nomination en tant que Premier ministre par Zia est largement interprétée comme un moyen pour le président de garder la main sur le gouvernement en mettant à sa tête un homme politique discret et peu charismatique, Junejo conservera son indépendance et s'opposera à plusieurs reprises au président[a 3],[a 4]. Son mandat marque aussi le début d'une période de luttes entre les leaders civils et militaires[1].
Références
[modifier | modifier le code]- Christophe Jaffrelot, Le syndrome pakistanais, Paris, Hachette, , 657 p. (ISBN 978-2-213-66170-4)
- Jaffrelot 2013, p. 343
- Jaffrelot 2013, p. 344
- Jaffrelot 2013, p. 342
- Jaffrelot 2013, p. 346
- (en) Ahmed Rashid, « Obituary: Muhammad Khan Junejo », sur The Independant, (consulté le )
- (en) « Muhammad Khan Junejo », sur Story of Pakistan, (consulté le )
- (en) « Muhammad Khan Junejo », sur Pakistan Herald (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (en) « Muhammad Khan Junejo », sur Story of Pakistan,
- (en) « Muhammad Khan Junejo », sur Pakistan Herald