Aller au contenu

Mário Soares

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Mario Soares)

Mário Soares
Illustration.
Mário Soares en 1978.
Fonctions
Député européen

(4 ans, 11 mois et 29 jours)
Élection 13 juin 1999
Circonscription Portugal
Législature 5e
Groupe politique PSE
Président de la République portugaise

(10 ans)
Élection 16 février 1986
Réélection 13 janvier 1991
Premier ministre Aníbal Cavaco Silva
António Guterres
Prédécesseur António Ramalho Eanes
Successeur Jorge Sampaio
Premier ministre de Portugal

(2 ans, 4 mois et 28 jours)
Président António Ramalho Eanes
Gouvernement IXe gouvernement constitutionnel
Législature IIIe
Coalition PSPSD
Prédécesseur Francisco Pinto Balsemão
Successeur Aníbal Cavaco Silva

(2 ans, 1 mois et 5 jours)
Président António Ramalho Eanes
Gouvernement Ier et IIe gouvernements
constitutionnels
Législature Ire législature
Coalition PS (1976-1978)
PSCDS (1978)
Prédécesseur Vasco Almeida e Costa
Successeur Alfredo Nobre da Costa
Ministre sans portefeuille

(4 mois et 11 jours)
Président Francisco da Costa Gomes
Premier ministre Vasco Gonçalves
Gouvernement IVe gouvernement provisoire
Prédécesseur Ernesto Melo Antunes
Successeur Vítor de Sá Machado
Ministre des Affaires étrangères

(10 mois et 9 jours)
Président António de Spínola
Francisco da Costa Gomes
Premier ministre Adelino da Palma Carlos
Vasco dos Santos Gonçalves
Gouvernement IIe et IIIe gouvernements provisoires
Prédécesseur Ruí Patrício
Successeur Ernesto Melo Antunes
Secrétaire général du Parti socialiste portugais

(12 ans, 1 mois et 25 jours)
Prédécesseur Parti créé
Successeur Vítor Constâncio
Biographie
Nom de naissance Mário Alberto Nobre
Lopes Soares
Date de naissance
Lieu de naissance Lisbonne (Portugal)
Date de décès (à 92 ans)
Lieu de décès Lisbonne (Portugal)
Parti politique Parti socialiste
Conjoint Maria Barroso
Profession Avocat
Historien
Professeur

Signature de

Mário Soares
Premiers ministres de Portugal
Présidents de la République portugaise

Mário Soares [ˈmaɾiu suˈaɾɨʃ ][1], né le à Lisbonne et mort le dans la même ville, est un homme d'État portugais. Il est Premier ministre de 1976 à 1978 puis de 1983 à 1985, et président de la République de 1986 à 1996.

Exilé en France en 1970, il rejoint les rangs de l'Action socialiste portugaise, qui devient ensuite le Parti socialiste, au sein duquel il s'impose comme l'un des principaux cadres. Il rentre au pays après la révolution des Œillets en 1974, puis est nommé ministre au sein du gouvernement provisoire.

Nommé ministre des Affaires étrangères en 1974, il quitte le gouvernement l'année suivant, puis du fait de la victoire des socialistes aux élections législatives de 1976, est nommé Premier ministre ; la mésentente entre les partenaires de sa coalition le contraint à la démission en 1978.

Fort d'une large majorité parlementaire issue des élections législatives de 1983, Soares retrouve la charge de Premier ministre ; c'est son gouvernement qui parvient à négocier l'entrée du Portugal au sein de la Communauté économique européenne. En 1985, la majorité sortante est vaincue par l'opposition de centre-droit lors des élections législatives anticipées, et c'est le conservateur Aníbal Cavaco Silva qui lui succède.

En 1986, Mário Soares est élu président de la République portugaise face au conservateur Diogo Freitas do Amaral. Réélu en 1991, il ne peut concourir pour un troisième mandat consécutif et quitte le pouvoir en 1996.

Candidat du Parti socialiste au scrutin présidentiel de 2006, il est nettement devancé par le socialiste dissident Manuel Alegre et par l'ancien Premier ministre conservateur Aníbal Cavaco Silva, qui l'emporte dès le premier tour.

Diplômé d'histoire, de philosophie et de droit de l'université de Lisbonne, Mário Alberto Nobre Lopes Soares devient enseignant d'université en 1957. Mais, il est arrêté plusieurs fois à cause de ses activités d'opposant au régime dictatorial de Salazar. Il a ainsi participé au Mouvement pour l'unité nationale contre le fascisme et le Mouvement pour l'unité démocratique.

Comme avocat de la défense des prisonniers politiques, il participe à de nombreux essais menés en plénière Cour et le Tribunal militaire spécial. Il représente notamment Álvaro Cunhal quand celui-ci est accusé des crimes politiques, et la famille de Humberto Delgado dans l'enquête de son assassin présumé. Avec Adelino da Palma Carlos, il défend également la cause dynastique de Maria Pia de Saxe-Cobourg Bragance.

Exil en France

[modifier | modifier le code]

En 1968, il est arrêté par la police secrète du régime (PIDE) et un tribunal militaire le condamne à être banni dans la colonie portugaise de São Tomé dans le golfe de Guinée. Puis, il est exilé en 1970 et s'installe en France.

Soares commence à travailler comme chargé de cours au Centre universitaire de Vincennes, mais y est violemment attaqué pour ses liens supposés avec le régime dictatorial. Il enseigne par la suite à l'université Rennes-II deux jours par semaine, et le reste du temps travaille comme avocat d'affaires à Paris[2].

Il y rejoint un mouvement portugais en exil, l'Action socialiste portugaise, qui devient le Parti socialiste le . Soares en est élu secrétaire général.

Retour au Portugal

[modifier | modifier le code]

Le , après la révolution des Œillets du , il rentre de son exil à Paris et est accueilli à la gare de Santa Apolónia en héros[3].

Au sein des premiers gouvernements provisoires, Soares est ministre des Affaires étrangères et est notamment chargé de négocier l'indépendance des colonies de l'Empire portugais.

Le 25 avril 1975, le Parti socialiste est en tête lors des élections constituantes. Cependant, la situation politique se tend. Soares accuse le Parti Communiste Portugais dirigé par Álvaro Cunhal de vouloir prendre le pouvoir, noyautant l'appareil d'État et contrôlant les médias. Soares fait pression sur les militaires (le Premier ministre, Vasco dos Santos Gonçalves, et le président de la République, depuis le 30 octobre 1974, Francisco da Costa Gomes) pour qu'ils instaurent une démocratie pluraliste au Portugal. En juillet 1975, le Parti socialiste quitte le gouvernement, ce qui provoque des manifestations dans le Nord conservateur du pays. C'est l' "été chaud" : des sièges du Parti Communiste Portugais et de mouvements d'extrême gauche sont attaqués. On craint alors qu'une guerre civile éclate. Néanmoins, en , Gonçalves, suspecté de soutenir le Parti Communiste Portugais, quitte ses fonctions. Le Parti Socialiste revient au gouvernement.

Le Parti Socialiste remporte les premières élections démocratiques qui ont lieu en . Soares devient Premier ministre et dirige les deux premiers gouvernements constitutionnels jusqu'en [4]. Cependant, à cause de l'hostilité entre socialistes et communistes, il gouverne sans majorité absolue et doit finalement démissionner en 1978.

Entre 1978 et 1983, se succèdent plusieurs gouvernements conservateurs. Soares dirige le neuvième gouvernement constitutionnel jusqu'en 1985. C'est lui qui négocie les conditions de l'adhésion du Portugal dans la Communauté économique européenne[5].

Les élections législatives d' sont décevantes pour le Parti socialiste et Mario Soares remet la démission de son gouvernement. Il est remplacé au poste de Premier ministre par Aníbal Cavaco Silva.

Président de la République

[modifier | modifier le code]
Soares en compagnie du président brésilien José Sarney lors d'une visite officielle en 1988.

Il accomplit deux mandats comme président de la République de 1986 à 1996. Soares est le premier chef de l'État civil depuis soixante ans. Dans cette fonction dont la principale prérogative est de veiller sur les institutions, Soares promeut les droits de l'homme au Portugal et dans le monde. Il était considéré comme le père de la démocratie au Portugal.

Après la présidence

[modifier | modifier le code]

Union européenne

[modifier | modifier le code]

Mário Soares poursuit sa carrière politique au niveau européen. Il est président du Mouvement européen international de 1997 à 1999. En 1999, il dirige la liste socialiste à l'élection européenne et est élu député au Parlement européen, mandat qu'il exerce jusqu'en 2004 en siégeant au sein de la commission des Affaires étrangères et en présidant, pendant quelques mois, la délégation pour les relations avec Israël.

Mário Soares en 2014.

En 2005, il annonce qu'il sera le candidat du PS à l'élection présidentielle de 2006, déjouant ainsi les pronostics qui favorisaient l'ancien commissaire européen António Vitorino. Il affronte entre autres candidats, un ancien Premier ministre conservateur Aníbal Cavaco Silva. C'est finalement ce dernier qui est élu président au premier tour, du fait de la division de la gauche entraînée par la candidature de Soares.

Il meurt le à 92 ans à l'hôpital de la Croix-Rouge, à São Domingos de Benfica, une commune du district de Lisbonne, mais les raisons médicales ne sont pas précisées[6],[7],[8].

Distinctions

[modifier | modifier le code]

Sociétés savantes

[modifier | modifier le code]

Décorations

[modifier | modifier le code]

Grade non renseigné :

Il obtient une multitude de doctorats honoris causa :

La promotion 2020-2021 du Collège d'Europe porte son nom.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Prononciation en portugais du Portugal retranscrite selon la norme API.
  2. Marie-Line Darcy, « Mario Soares avait vécu de « très bons moments » comme prof à Rennes », sur Ouest-France,
  3. (pt) « Regresso de Mário Soares » (consulté le )
  4. « Analyse et résumé des élections législatives portugaises de 1976 » [PDF], sur le site de l'Union interparlementaire (consulté le ).
  5. « Le Portugal et la construction européenne », sur le site du CVCE (consulté le ).
  6. « L’ancien président socialiste portugais Mario Soares est mort », sur lemonde.fr, .
  7. « Mort de l'ancien président du Portugal, Mario Soares, à l'âge de 92 ans », sur leparisien.fr, .
  8. « Portugal : décès de l'ancien président Mario Soares à 92 ans », sur Le Parisien, .
  9. (en) « MÁRIO SOARES », sur Prix Princesse des Asturies (consulté le ).
  10. (en) Liste des membres honoraires du Club de Rome.
  11. « Les membres de l’Académie », sur Site officiel de l'Académie du Royaume du Maroc,
  12. « ULB - Docteurs Honoris Causa », sur ulb.ac.be via Internet Archive (consulté le ).
  13. (en) « Honorary Degrees: 1900s », sur université Brown (consulté le ).
  14. « Les docteurs Honoris Causa de la Sorbonne Nouvelle », sur université Sorbonne-Nouvelle (consulté le ).
  15. (pt) « Doutores Honoris Causa pela Universidade do Porto », sur université de Porto (consulté le ).
  16. (es) « Relación de Doctores Honoris Causa por la USC », sur université de Saint-Jacques-de-Compostelle (consulté le ).
  17. « Mario Soares à Bordeaux 3 », sur u-bordeaux-montaigne.fr, (consulté le )
  18. Éric Chopin, « Les années rennaises de Mário Soares, « un monsieur charmant » », sur Ouest-France.fr, (consulté le )

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Mário Soares, Le Portugal bâillonné. Un témoignage, Calmann-Lévy, 1972.
  • Mário Soares, Portugal, quelle révolution? Entretiens avec Dominique Pouchin, Calmann-Lévy, 1976.
  • Mário Soares, Mário Soares. Entretien avec Dominique Pouchin, Flammarion, 2002.

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :