Marie Depage
Nom de naissance | Marie Pauline Picard |
---|---|
Naissance |
Ixelles, Belgique |
Décès |
(à 42 ans) RMS Lusitania, Atlantique nord |
Nationalité | belge |
Pays de résidence | |
Diplôme |
Licence en anatomie humaine |
Profession | |
Activité principale |
infirmière |
Autres activités | |
Distinctions |
citoyenne d'honneur de Pittsburgh |
Ascendants |
Désiré Émile Picard et Julie Victorine Héger |
Conjoint | |
Descendants |
Pierre, Lucien, Henri |
Famille |
1 sœur et 2 frères |
Compléments
nièce du professeur Paul Héger et petite-fille de Constantin Héger
Marie Depage, née Marie Pauline Picard le à Ixelles et morte le , est une infirmière belge morte dans le naufrage du RMS Lusitania.
Biographie
[modifier | modifier le code]Vie active
[modifier | modifier le code]Marie Picard est née le 23 septembre 1872 à Ixelles dans une famille de la haute bourgeoisie.
Elle est la nièce de l'avocat et écrivain Edmond Picard et la petite-fille de Claire Zoë Parent et Constantin Héger[1].
Elle épouse le le docteur en médecine Antoine Depage. Ils auront trois fils ensemble[1].
Soins infirmiers
[modifier | modifier le code]Douée pour le dessin et la peinture, elle étudie avec son époux l'anatomie humaine. Ces études liées à son don artistique lui permettent d'exécuter les dessins en couleur qui illustrent les cours de chirurgie clinique de son mari.
Ensemble, ils construisent une clinique dont Marie Depage assure les relations publiques et l'économat[1].
En 1902, ils fondent la Société internationale de chirurgie qui leur fait rencontrer des médecins éminents du monde entier[1].
Elle est de tous les combats pour seconder le docteur Depage :
- Le , son mari fonde l'École belge d'infirmières diplômées. La direction générale est confiée à Edith Cavell et la direction administrative et financière à Marie Depage ;
- en , à la suite d'une grève des religieuses de l'hôpital Saint Jean de Bruxelles dirigée contre son mari[2], elle parvient à réunir, parmi ses connaissances, une équipe d'infirmières qu'elle dirige ;
- en 1912, lors de la première guerre balkanique qui oppose la Turquie à la Serbie, la Bulgarie et la Grèce, elle part en Turquie avec son mari et Pierre, son fils ainé, aménager des ambulances belges à l'hôpital de Tach Kicha et à Constantinople. Elle y assiste son mari en chirurgie.
- en , elle aide son mari à transformer l'hôtel de l'Océan à La Panne en hôpital de guerre ainsi qu'à établir des unités chirurgicales mobiles au plus près des tranchées du front de l'Yser. En 1915, elle part pour une tournée de trois mois aux États-Unis afin de récolter des fonds pour alimenter l'hôpital de l'Océan. Après deux mois, elle a déjà récolté ~ 100 000 USD lorsque, apprenant que Lucien, son deuxième fils âgé alors de 17 ans, rejoint son frère aîné sur le front, elle décide de revenir en Belgique libre. Elle n'y arrivera jamais vivante[3].
Scoutisme
[modifier | modifier le code]En 1910, grâce à son fils cadet Henri, elle s'intéresse au jeune mouvement du scoutisme créé en Angleterre par Robert Baden-Powell et importé à Bruxelles par Harold Parfitt. Elle se charge, avec son mari et quelques amis, de mettre sur pied, dès 1912, la branche belge de ce mouvement dont elle assure les relations publiques jusqu'à son décès. Elle traduit et publie les premiers ouvrages de Baden-Powel[1].
Circonstances de son décès
[modifier | modifier le code]À New York, deux possibilités d'embarquement s'offrent à elle, soit le SS Lapland pour le port de Liverpool, soit le RMS Lusitania pour le port de Queenstown. Le deuxième partant deux jours plus tard mais arrivant en Europe le même jour, elle choisit ce dernier et obtient la cabine E-61.
Le à 14 h 10, le paquebot est torpillé à tribord par le sous-marin allemand U-20.
Avec l'aide du docteur James Houghton, chirurgien à Troy, elle calme les passagers et les aide à embarquer dans les chaloupes de sauvetage. Marie Depage soigne aussi les mains de plusieurs matelots et du boxeur anglais Matt Freeman.
Lorsque l'eau arrive à hauteur du pont supérieur, le docteur Houghton et Marie Depage se jettent à l'eau mais cette dernière s'empêtre dans les cordages et se noie[4].
Funérailles
[modifier | modifier le code]Apprenant la nouvelle, Antoine Depage part reconnaitre le corps de son épouse à Queenstown et le ramène à La Panne. Il l'enterre sur la dune à côté de l'hôpital de l'Océan. Les souverains belges Albert Ier et Élisabeth assistent aux funérailles.
Après la fermeture de l'hôpital de l'Océan en 1919, son mari fait transporter son corps dans le cimetière de Boitsfort[note 1].
Hommages et postérité
[modifier | modifier le code]Monuments
[modifier | modifier le code]- À Uccle, un monument, également dédié à Edith Cavell, a été érigé en 1920 et est l'œuvre du sculpteur Paul Du Bois. Inscription sur le monument « Passant, dis-le à tes enfants, ils les ont tuées ».
Rues et édifices
[modifier | modifier le code]- À Uccle, jouxtant la clinique Edith Cavell, une rue [5] ainsi qu'une maison de retraite portent son nom ;
- après le décès de son épouse, le docteur Depage a installé, sur le site de l'hôpital de l'Océan, et grâce à des fonds d'une souscription américaine et le concours de la Fondation Rockefeller, l'Institut Marie Depage. C'est là qu'étaient conservés tous les documents scientifiques fournis par l'étude des blessés ou des malades soignés à l'hôpital de l'Océan.
Autres
[modifier | modifier le code]- Elle est citoyenne d'honneur de la ville de Pittsburgh ;
- médaille frappée par la Croix-Rouge de Belgique en l'honneur de Marie Depage et d'Edith Cavell.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- La sépulture, où est aussi inhumé Antoine Depage, se trouve à la croisée des allées nos 105 et 112.
Références
[modifier | modifier le code]- Suzanne van Rockeghem, Jeanne Verchival-Vevoort, Jacqueline Aubenas, Des femmes dans l'histoire en Belgique, depuis 1830, Bruxelles, Luc Pire, , 302 p. (ISBN 2874155233, lire en ligne), p. 88-89
- En 1910, le Docteur Depage demanda au Conseil des Hospices de Bruxelles l'autorisation de pouvoir disposer, à ses propres frais, d’une infirmière diplômée, pour l’assister dans sa salle d’opération de l’hôpital Saint-Jean. Cette proposition fut acceptée mais les religieuses de l’hôpital trouvèrent l’infirmière du docteur Depage « trop coquette et de mœurs légères ». Un soir d’août 1910, il reçut un pli signé de la Supérieure de l’hôpital qui contenait cet avertissement: « Si demain à sept heures votre infirmière entre avec vous dans la salle d’opération, les religieuses refuseront de soigner les malades ». Les Depage trouvèrent la parade et téléphonèrent aux dames de la meilleure société. Le lendemain, à sept heures, toutes en blouse et jupe blanches et Marie Depage à leur tête, elles se présentèrent à l’hôpital pour remplacer les religieuses grévistes (extrait de Patrick Loodts et Isabelle Masson-Loodts, La Grande Guerre des soignants : médecins, infirmières et brancardiers en 1914-1918, Bruxelles, Memogrames, , 575 p. (ISBN 978-2-930-41840-7, OCLC 312402786)).
- Diana Preston. Wilful Murder: The Sinking Of The Lusitania. Page 123. Random House, 25 janvier 2011 - 544 pages.
- Le témoignage du docteur Houghton sur les circonstances de la mort de Marie Depage [(en) lire en ligne]
- Raf Meurisse et son équipe de chercheurs, « Découvrez Uccle, ses rues et places » [PDF], sur www.ucclensia.be, 1986 et 1995 (addendum) (consulté le ), 59-60/213.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Commémoration du Cinquantième anniversaire de l'Institut Edith Cavell-Marie Depage, Editions ARSCIA, 1958
- Charlotte Kellogg, Women of Belgium: Turning Tragedy into Triumph
- A.A. Hoehling et Mary Hoehling, The Last Voyage of the Lusitania, Madison Books, 1956
- Henri Depage, La vie d'Antoine Depage, La renaissance du livre, Tournai, 1956
Liens externes
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