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Mégafaune du Pléistocène

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Squelette de Megatherium americanum conservé au Muséum National d'Histoire Naturelle, à Paris.

La mégafaune du Pléistocène inclut l'ensemble des grands animaux qui vivaient sur la Planète jusqu'au Pléistocène supérieur et qui se sont éteints durant l'extinction du Quaternaire. Le terme de mégafaune est utilisé pour décrire des animaux dont la masse corporelle adulte dépasse 44 kg.

Paléoécologie

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La dernière période glaciaire a duré de 115 000 à 11 700 ans avant le présent (AP). Elle occupe la presque totalité du Pléistocène supérieur[1]. L'Europe était alors plus froide et plus sèche qu'aujourd'hui, avec un désert polaire au nord et de la toundra sur le reste du territoire. À partir de 70 000 ans AP, les forêts étaient quasiment inexistantes, à l'exception de vestiges dans les péninsules du sud de l'Europe[2]. Cette glaciation atteint son pic de froid au cœur du stade istopique 2, vers 20 000 ans AP. Le recul des glaciers commence dans l'hémisphère nord il y a 19 000 ans, et en Antarctique il y a environ 14 500 ans, ce qui conduit à une montée du niveau de la mer[3].

Une vaste steppe à mammouths s'étendait de l'Espagne jusqu'à l'Amérique du Nord, reliée alors à la Sibérie par la Béringie. Cette région était exondée car le niveau de la mer était nettement plus bas qu'aujourd'hui du fait qu'une grande partie des eaux de l'époque étaient prises dans les glaciers. Avec la hausse du niveau de la mer, ce pont disparait il y a 11 000 ans[4].

La fin du Pléistocène s'est caractérisé par une série de sévères et rapides oscillations climatiques avec des variations locales de température de parfois 16 °C. Cette époque correspond également au remplacement rapide de diverses espèces par d'autres du même genre, ou d'une population par une autre de la même espèce, et ce au sein d'une aire assez large[5].

Les fossiles recueillis à différents points du continent ont montré que la plupart des grands animaux ont disparu vers la fin de la dernière période glaciaire. Ces animaux sont regroupés sous l'appellation de mégafaune du Pléistocène. À travers l'Eurasie, l'éléphant à défenses droites s'est éteint entre 100 000 et 50 000 ans AP. L'hippopotame, le rhinocéros (Stephanorhinus), l'ours des cavernes (Ursus spelaeus), et l'imposante antilope (Spirocerus) ont disparu entre 50 000 et 16 000 ans. La hyène tachetée, le rhinocéros laineux et les mammouths ont disparu entre 16 000 et 11 500 ans AP. L'ancêtre du Bœuf musqué a disparu il y a 11 500 ans, tout comme le cerf (Megaloceros) même si une petite population a survécu jusqu'à il y a 7 700 ans dans l'ouest de la Sibérie[6]. Une petite population de mammouths laineux a survécu sur l'île Wrangel jusqu'à il y a 4 500 ans[7]. La disparition de ces espèces a conduit à celle de leurs prédateurs . Ainsi le tigre à dents de sabre (Homotherium) s'est éteint il y a 28 000 ans[8], les lions des cavernes il y a 11 900 ans[9] et le léopard a disparu d'Europe il y a 27 000 ans[10].

Homo sapiens émerge en Afrique il y a au moins 300 000 ans. L'Homme moderne sort d'Afrique il y a 55 000 ans. On a trouvé des fossiles d'homme moderne en Bulgarie datant d'il y a 45 000 ans, ainsi que des fossiles légèrement plus récents en Italie[11] et au Royaume-Uni[12]. Des outils lithiques ont été découverts dans la partie européenne de la Russie arctique datant de 40 000 ans AP[13],[14].

Des fossiles de mammouths portant des traces de chasse par l'homme il y a 45 000 ans ont été retrouvés dans la baie du Iénisseï dans le centre de la Sibérie[15]. Un groupe atteint la rivière Yana en Sibérie, bien au-delà du cercle arctique, il y a 27 000 ans[16]. Les hommes modernes font ensuite leur chemin à travers la Béringie pour atteindre l'Alaska il y a peut-être 25 000 ans. Ces humains ont ensuite colonisé toute l'Amérique.

Trois théories ont été proposées pour expliquer ces extinctions :

Ces facteurs ne sont pas obligatoirement exclusifs et plusieurs d'entre eux se sont peut-être cumulés.

Régions affectées

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Une peinture de Heinrich Harder montrant un aurochs se battant contre une meute de loups.
Sir Richard Owen et un squelette de Dinornis (moa).

Amérique du Nord

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La faune du Pléistocène en Amérique du Nord incluait des paresseux terrestres ; l'ours à face courte (Arctodus simus) ; plusieurs espèces de tapirs ; des Tayassuidae (dont Mylohyus et Platygonus) ; le lion américain ; des tortues géantes ; des Miracinonyx ; des tigres à dents de sabre comme Smilodon et Homotherium[19] ; le loup Canis dirus ; le saïga ; des camélidés comme deux espèces aujourd'hui disparues de lamas et Camelops[20] ; au moins deux espèces de bisons ; l'élan Cervalces scotti ; le bovidé Euceratherium collinum et le bœuf musqué Bootherium bombifrons ; 14 espèces d'antilocapres (dont 13 sont aujourd'hui disparues) ; des chevaux ; des mammouths et des mastodontes ; Dasypus bellus et le genre de tatous géants Glyptotherium[21] et des Castoroides ainsi que des oiseaux comme Aiolornis incredibilis et d'autres Teratornithidae. Le saumon Oncorhynchus rastrosus vivait également à cette époque. En contraste à tout ceci, le plus grand animal actuel d'Amérique du Nord est le Bison d'Amérique[22].


Amérique du Sud

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La faune sud-américaine du Pléistocène était très variée, comprenant par exemple le paresseux terrestre Megatherium[23]. Le continent abritait également quelques espèces herbivores comme le litopterne Macrauchenia, Cuvieronius, Stegomastodon, Doedicurus, Glyptodon, Hippidion et Toxodon. Les principaux prédateurs de la zone étaient Arctotherium et Smilodon.

L'Australie se caractérisait par les présence de marsupiaux, monotrèmes, crocodiliens, testudines, varans et de nombreux oiseaux inaptes au vol. Au Pléistocène l'Australie abritait également le plus grand kangourou connu (Procoptodon goliah), Diprotodon (un wombat géant), le lion marsupial (Thylacoleo carnifex), les oiseaux Genyornis et Dromornis, le grand serpent Wonambi et le lézard géant Megalania prisca[24],[25].

Détail de la Grotte de Lascaux.

Comme dans le cas de l'Amérique du Sud, l'Eurasie avait une partie de sa faune en commun avec l'Amérique du Nord. Parmi les espèces les plus caractéristiques d'Eurasie on notait le mammouth laineux, le mammouth des steppes, l'éléphant à défenses droites, l'aurochs, le bison des steppes, le lion des cavernes, l'ours des cavernes, la hyène des cavernes, Homotherium, Megaloceros, l'ours polaire géant, le rhinocéros laineux, le rhinocéros des steppes et Elasmotherium.

Aujourd'hui les plus grands mammifères européens sont le bison d'Europe (qui ne subsiste plus que dans certaines régions de Pologne) et l'ours brun.


Faunes insulaires

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Crâne de Canariomys bravoi (Rat géant de Tenerife). Il était une espèce endémique qui est maintenant éteinte.

Plusieurs îles avaient une mégafaune unique qui s'est éteinte au moment de l'arrivée de l'homme. Cela inclut les mammouths laineux nains de l'île Wrangel, l'île Saint Paul et des Channel Islands de Californie[26] ; des oiseaux géants de Nouvelle-Zélande comme les moas et Harpagornis (un aigle géant) ; des lémuriens géants, dont Megaladapis et Palaeopropithecus et Archaeoindris, un lémurien de la taille d'un gorille, ainsi que trois espèces d'hippopotames, une tortue géante, le crocodile Voay et Aepyornis à Madagascar ; diverses espèces de tortues géantes aux Mascareignes, un Stegodon nain à Florès et divers autres îles ; des tortues Meiolaniidae et des crocodiles mekosuchinés en Nouvelle-Calédonie ; les chouettes Tyto pollens et Ornimegalonyx et les Megalocnus dans les Caraïbes[27],[28] ; des oies géantes et canards Thambetochenini à Hawaii ; et des éléphants nains et hippopotames nains dans les îles de la Méditerranée. Les Îles Canaries étaient habitées par des animaux endémiques, disparus depuis, tels que lézards géants (Gallotia goliath), rats géants (Canariomys bravoi et Canariomys tamarani)[29] et tortues géantes (Geochelone burchardi et Geochelone vulcanica)[30].

Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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  • (en) « A Human Journey : Migration Routes », The genographic project, National Geographic Society, (consulté le )
  • (en) Balter, M, « Farming Was So Nice, It Was Invented at Least Twice », Science,
  • (en) E. Tamm, T. Kivisild, M. Reidla, M. Metspalu, D. G. Smith, C. J. Mulligan, C. M. Bravi, O. Rickards, C. Martinez-Labarga, E. K. Khusnutdinova, S. A. Fedorova, M. V. Golubenko, V. A. Stepanov, M. A. Gubina, S. I. Zhadanov, L. P. Ossipova, L. Damba, M. I. Voevoda, J. E. Dipierri, R. Villems et R. S. Malhi, « Beringian Standstill and Spread of Native American Founders », PLoS ONE, vol. 2, no 9,‎ , e829 (PMID 17786201, PMCID 1952074, DOI 10.1371/journal.pone.0000829)

Notes et références

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  1. (en) Intergovernmental Panel on Climate Change (UN), « IPCC Fourth Assessment Report: Climate Change 2007 - Palaeoclimatic Perspective », The Nobel Foundation
  2. (en) Jonathan Adams, « Europe during the last 150,000 years », Oak Ridge National Laboratory, Oak Ridge, USA
  3. (en) P. U. Clark, A. S. Dyke, J. D. Shakun, A. E. Carlson, J. Clark, B. Wohlfarth, J. X. Mitrovica, S. W. Hostetler et A. M. McCabe, « The Last Glacial Maximum », Science, vol. 325, no 8631,‎ , p. 710 (PMID 19661421, DOI 10.1126/science.1172873)
  4. (en) Scott A. Elias, Susan K. Short, C. Hans Nelson et Hilary H. Birks, « Life and times of the Bering land bridge », Nature, vol. 382, no 6586,‎ , p. 60 (DOI 10.1038/382060a0)
  5. (en) A. Cooper, C. Turney, K. A. Hughen, B. W. Brook, H. G. McDonald et C. J. A. Bradshaw, « Abrupt warming events drove Late Pleistocene Holarctic megafaunal turnover », Science, vol. 349, no 6248,‎ , p. 602 (PMID 26250679, DOI 10.1126/science.aac4315)
  6. (en) Anthony John Stuart, Late Pleistocene Megafaunal Extinctions, Springer US, coll. « Advances in Vertebrate Paleobiology », , 394 p. (ISBN 978-1-4419-3315-7 et 9781475752021, lire en ligne), p. 257–269
  7. (en) R. Dale Guthrie, « Radiocarbon evidence of mid-Holocene mammoths stranded on an Alaskan Bering Sea island », Nature, vol. 429, no 6993,‎ , p. 746–749 (PMID 15201907, DOI 10.1038/nature02612)
  8. (en) Jelle W. F. Reumer, Lorenzo Rook, Klaas Van Der Borg, Klaas Post, Dick Mol et John De Vos, « Late Pleistocene survival of the saber-toothed cat Homotheriumin northwestern Europe », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 23,‎ , p. 260 (DOI 10.1671/0272-4634(2003)23[260:LPSOTS]2.0.CO;2)
  9. (en) R. Barnett, B. Shapiro, I. A. N. Barnes, S. Y. W. Ho, J. Burger, N. Yamaguchi, T. F. G. Higham, H. T. Wheeler, W. Rosendahl, A. V. Sher, M. Sotnikova, T. Kuznetsova, G. F. Baryshnikov, L. D. Martin, C. R. Harington, J. A. Burns et A. Cooper, « Phylogeography of lions (Panthera leo ssp.) reveals three distinct taxa and a late Pleistocene reduction in genetic diversity », Molecular Ecology, vol. 18, no 8,‎ , p. 1668–1677 (PMID 19302360, DOI 10.1111/j.1365-294X.2009.04134.x)
  10. (en) Elena Ghezzo et Lorenzo Rook, « The remarkable Panthera pardus (Felidae, Mammalia) record from Equi (Massa, Italy): Taphonomy, morphology, and paleoecology », Quaternary Science Reviews, vol. 110,‎ , p. 131 (DOI 10.1016/j.quascirev.2014.12.020)
  11. (en) S. Benazzi, K. Douka, C. Fornai, C. C. Bauer, O. Kullmer, J. Í. Svoboda, I. Pap, F. Mallegni, P. Bayle, M. Coquerelle, S. Condemi, A. Ronchitelli, K. Harvati et G. W. Weber, « Early dispersal of modern humans in Europe and implications for Neanderthal behaviour », Nature, vol. 479, no 7374,‎ , p. 525 (PMID 22048311, DOI 10.1038/nature10617)
  12. (en) T. Higham, T. Compton, C. Stringer, R. Jacobi, B. Shapiro, E. Trinkaus, B. Chandler, F. Gröning, C. Collins, S. Hillson, P. o’Higgins, C. Fitzgerald et M. Fagan, « The earliest evidence for anatomically modern humans in northwestern Europe », Nature, vol. 479, no 7374,‎ , p. 521 (PMID 22048314, DOI 10.1038/nature10484)
  13. (en) Pavel Pavlov, John Inge Svendsen et Svein Indrelid, « Human presence in the European Arctic nearly 40,000 years ago », Nature, vol. 413, no 6851,‎ , p. 64 (PMID 11544525, DOI 10.1038/35092552)
  14. (en) « Mamontovaya Kurya:an enigmatic, nearly 40000 years old Paleolithic site in the Russian Arctic »
  15. (en) V. V. Pitulko, A. N. Tikhonov, E. Y. Pavlova, P. A. Nikolskiy, K. E. Kuper et R. N. Polozov, « Early human presence in the Arctic: Evidence from 45,000-year-old mammoth remains », Science, vol. 351, no 6270,‎ , p. 260 (PMID 26816376, DOI 10.1126/science.aad0554)
  16. (en) V. V. Pitulko, P. A. Nikolsky, E. Y. Girya, A. E. Basilyan, V. E. Tumskoy, S. A. Koulakov, S. N. Astakhov, E. Y. Pavlova et M. A. Anisimov, « The Yana RHS Site: Humans in the Arctic Before the Last Glacial Maximum », Science, vol. 303, no 5654,‎ , p. 52–6 (PMID 14704419, DOI 10.1126/science.1085219)
  17. (en) Marc A. Carrasco, Anthony D. Barnosky, Russell W. Graham Quantifying the Extent of North American Mammal Extinction Relative to the Pre-Anthropogenic Baseline plosone.org December 16, 2009
  18. Colin Nickerson, Cosmic blast may have killed off megafauna Scientists say early humans doomed, too, Boston, MA, The Boston Globe, (lire en ligne), A2.
  19. (en) L. D. Martin. 1998. Felidae. In C. M. Janis, K. M. Scott, and L. L. Jacobs (eds.), Evolution of Tertiary Mammals of North America 1:236-242
  20. (en) R. M. Nowak. 1991. Walker's Mammals of the World. Maryland, Johns Hopkins University Press (edited volume) II
  21. (en) « North American Glyptodon » (consulté le )
  22. Ice Age Animals
  23. (es) A. E. Zurita, A. A. Carlini, G. J. Scillato-Yané and E. P. Tonni. 2004. Mamíferos extintos del Cuaternario de la Provincia del Chaco (Argentina) y su relación con aquéllos del este de la región pampeana y de Chile. Revista geológica de Chile 31(1):65-87
  24. Australia's Megafauna
  25. Death of the Megafauna
  26. Extinct dwarf elephants from the Mediterranean islands;
  27. North American Extinctions v. World
  28. Mammoths and Humans as late Pleistocene contemporaries on Santa Rosa Island, Institute for Wildlife Studies 6th California Islands Symposium, Larry D. Agenbroad, et al, December 2003. Retrieved 8 November 2015
  29. Algunas extinciones en Canarias Consejería de Medio Ambiente y Ordenación Territorial del Gobierno de Canarias
  30. «La Paleontología de vertebrados en Canarias.» Spanish Journal of Palaeontology (antes Revista Española de Paleontología). Consultado el 17 de junio de 2016.