Louis Paulsen
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Louis Paulsen, né à Gut Nassengrund près de Blomberg (Principauté de Lippe), ; mort à Gut Nassengrund le , parfois appelé Ludwig Paulsen[1] ou Hermann Louis Paulsen[2], est un joueur d'échecs germano-américain.
Paulsen figurait parmi les cinq ou six meilleurs joueurs du monde dans les années 1860 et 1870[3]. Son frère, Wilfried Paulsen, cultivateur de pommes de terre, était aussi un maître d'échecs, mais de niveau moins élevé, et ne se consacrait pas autant au jeu[4]. Louis Paulsen émigra vers les États-Unis en 1854 et se consacra principalement à la théorie du jeu d'échecs[5]. Ainsi, ses recherches nous ont laissé une vingtaine de variantes d'ouvertures d'échecs.
Contributions à la théorie des ouvertures
[modifier | modifier le code]Débuts ouverts
[modifier | modifier le code]a | b | c | d | e | f | g | h | ||
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La variante Paulsen dans le gambit viennois est :
1. e4 e5 2. Cc3 Cf6 3. f4 d5 4. fxe5 Cxe4 5. Df3 (voir le diagramme ci-contre). Paulsen joua également cinq fois la nouveauté 3. g3 (suivi du développement du fou en fianchetto) après 1. e4 e5 2. Cc3 Cf6 lors du Tournoi de Vienne de 1873.
Dans la partie écossaise, la variante 1. e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. d4 exd4 4. Cxd4 Fc5 5. Fe3 Df6 6. c3 Cge7 7. Fb5 porte le nom d'attaque Paulsen. Il a également approfondi le gambit Evans et plusieurs variantes du gambit du roi[3]. Il a introduit 4. De3 après 1. e4 e5 2. d4 exd4 3. Dxd4 Cc6 (partie du centre). En 1873, bien avant le major Hanham, il a joué 3...Cd7 après 1. e4 e5 2. Cf3 d6 3. d4[3].
Défense sicilienne
[modifier | modifier le code]Surtout, Louis Paulsen est connu pour avoir popularisé la sicilienne Kan[6], et la sicilienne Paulsen porte toujours son nom. Il a également essayé les variantes que l'on attribue à Taimanov[7] et Boleslavski[8] bien avant ces derniers. Qui plus est, Hans Kmoch a écrit dans son livre L'art de jouer les pions (éditions Payot) que Louis Paulsen a été le véritable découvreur de la variante du dragon[9] et de la variante de Scheveningue[10].
Avec les Blancs, bien avant Jacques Mieses et Mikhail Tchigorine, il a exploré 2. Cc3 suivi de 3. g3 et du développement du fou en fianchetto dans la sicilienne fermée. Il a révolutionné la défense française en introduisant 3. Cc3 après 1. e4 e6 2. d4 d5[3]. Andrew Soltis a écrit[11] que Paulsen a été le premier à comprendre la variante d'avance de la défense française (il expérimenta pour la première fois 4. c3 après 1. e4 e6 2. d4 d5 3. e5 c5 lors du Tournoi de Leipzig de 1879).
Défenses est-indienne et Pirc
[modifier | modifier le code]À une époque où l'on croyait encore à la supériorité des cavaliers sur les fous, Paulsen a été un précurseur qui a insisté sur la valeur de la paire de fous[12]. Il bâtissait ses ouvertures autour du bon usage des fous, et il étudia en profondeur le potentiel des fous en fianchetto. Il semble que c'est lui qui a introduit dans le répertoire le plan stratégique de développement de la défense est-indienne. Au Tournoi de Wiesbaden (Allemagne) de 1880, Paulsen joua avec les Noirs contre Adolf Schwartz 1. d4 Cf6 2. c4 g6 3. Cc3 Fg7 4. g3 d6 5. Fg2 o-o 6. Cf3 Cbd7 7. o-o e5[13], une ligne résolument moderne. Dès 1883, il joua la défense Pirc contre Emil Schallopp et Max Weiss lors du Tournoi de Nuremberg[13].
Palmarès
[modifier | modifier le code]Ainsi, dans une époque d'attaques romantiques, Louis Paulsen fut un joueur de défense, positionnel et scientifique, ainsi qu'un grand innovateur de variantes hyper-réactives avec les Noirs[5]. En tournoi, il est battu en finale du Congrès américain d'échecs de New York en 1857 par Paul Morphy. Il est premier à Bristol en 1861, deuxième au tournoi d'échecs de Londres 1862 (après Adolf Anderssen), deuxième au tournoi de Hambourg 1869 (deuxième congrès de la fédération allemande du nord), après un match de départage perdu contre Anderssen ; 5e à Baden-Baden en 1870 (derrière Adolf Anderssen et Wilhelm Steinitz), 1er à Krefeld en 1871 avec Adolf Anderssen, 1er à Leipzig en 1877 devant Adolf Anderssen, Johannes Zukertort et Szymon Winawer, 1er à Francfort en 1878 devant Adolf Anderssen, 2e à Leipzig en 1879 et 4e à Breslau en 1889[3].
Il rencontra Adolf Anderssen en match à trois reprises : en 1862 ( 3 =2 -3), en 1876 ( 5 =1 -4) et en 1877 ( 5 =1 -3) ; il battit le baron Ignác Kolisch en 1861 ( 7 =18 -6), Joseph Henry Blackburne en 1863 ( 3 =3), Max Lange en 1863 ( 5 -2), Gustav Neumann ( 5 =3 -2) en 1864 et Adolf Schwarz en 1879 ( 5 -2)[3].
Un exemple de partie
[modifier | modifier le code]Louis Paulsen-Paul Morphy, New York, 1857, 3e partie
1. e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. Cc3 Fc5?! 4. Fb5!? (4. Cxe5!) d6 5. d4 exd4 6. Cxd4 Fd7 7. Cxc6 bxc6?! (7...Fxc6) 8. Fa4 Dh4?! (8...Df6) 9. o-o Cf6 10. Df3! Cg4 11. Ff4 Ce5 12. Dg3 Df6 13. Tad1 h6 14. Rh1! g5? 15. Fxe5 dxe5 16. b4! Fd6 17. Td3 h5 18. Tfd1 a6 19. Ce2 Td8?! (19...a5) 20. a3 g4 21. c4 Dh6 22. c5 h4 23. De3 Fe7 24. f4! exf4 25. Dxf4 Dxf4 26. Cxf4 Th6 27. Ce2 f5 28. e5 Te6 29. Cf4! Txe5 30. Txd7! Txd7 31. Fxc6 Fd6 32. cxd6 cxd6 33. Rg1 Rd8 34. Fxd7 1-0 (il suit 37...Rxd7 38. Cg6 suivi de 39. Cxh4).
Durée de la partie : onze heures ! (Paulsen était un joueur extrêmement lent, qui participa d'ailleurs moins aux grands tournois internationaux après l'introduction des limites de temps dans ces derniers)[3].
Références
[modifier | modifier le code]- (nl) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en néerlandais intitulé « Louis Paulsen » (voir la liste des auteurs).
- (en) Revue Chess Life de , article d'Andrew Soltis
- Revue Europe Echecs de , article de Jacques Le Monnier
- Revue Europe Echecs de , article de Jacques Le Monnier
- Revue Europe Echecs de , article de Rudolf Maric
- Revue Europe Echecs de
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Ressource relative au jeu :
Notes
[modifier | modifier le code]- Nicolas Giffard et Alain Biénabe, Le guide des Échecs : Traité complet, Bouquins, , 1591 p. (ISBN 978-2-221-05913-5), p. 816
- (de) Andreas Schmidt, « Leipzig in Superlativen – Folge 26 », Näher > Dran, no 25, , p. 31 (lire en ligne [PDF])
- Jacques Le Monnier, « Louis Paulsen, le précurseur », Europe Échecs, no 363, , p. 179-180
- (en) « article sur Frederick Karl Esling », Chess World, , p. 150, cité dans Chess Notes 5412
- Revue Europe Échecs de décembre 2002, p. 53
- Ce n'est ni Ilia Kan (1909-1978) ni Louis Paulsen qui ont inventé cette ouverture. En effet, elle avait déjà été jouée à Cologne en 1859 par Adolf Anderssen contre Berthold Suhle, les premiers coups de la partie étant 1. e4 c5 2. Cf3 e6 3. d4 cxd4 4. Cxd4 a6 5. Fd3 Cc6 6. Fe3 Cf6 7. o-o Fe7 (Source: base de données Chessbase). Anderssen voulait éviter la variante Szen 1. e4 c5 2. Cf3 Cc6 3. d4 cxd4 4. Cxd4 e6 5. Cb5, que Josef Szen avait utilisée pour le battre lors du Tournoi de Londres de 1851, et qui avait aussi permis à Paul Morphy de battre Anderssen en 1858.
- En 1881, à Berlin, Louis Paulsen joua une partie contre Alexander Wittek qui débuta par 1. e4 c5 2. Cf3 e6 3. Cc3 a6 4. d4 cxd4 5. Cxd4 Dc7 6. a3 Cf6 7. Fe3 b5 (Source: base de données Chessbase).
- Les premiers coups de la partie entre Bernhard Fleissig et Louis Paulsen en 1882 à Vienne furent 1. e4 c5 2. Cc3 Cc6 3. Cf3 Cf6 4. d4 cxd4 5. Cxd4 d6 6. Fe2 e5 (Source: base de données Chessbase).
- La partie Alexander Fritz-Louis Paulsen de 1880 à Wiesbaden débuta par 1. e4 c5 2. Cf3 Cc6 3. d4 cxd4 4. Cxd4 Cf6 5. Cc3 d6 6. Fe2 g6 7. Fe3 Fg7 8. Dd2 h5 (Source: base de données Chessbase).
- Les premiers coups de la partie Mikhail Tchigorine-Louis Paulsen de 1881 à Berlin furent 1. e4 c5 2. Cf3 Cc6 3. d4 cxd4 4. Cxd4 Db6 5. Cb3 Cf6 6. Cc3 e6 7. a3 Fe7 8. Fe2 o-o 9. o-o a6 10. Dd3 Dc7 (Source: base de données Chessbase), soit un prototype de variante de Scheveningue jouée 42 ans avant la partie Geza Maroczy-Max Euwe à Scheveningue (Pays-Bas) de 1923.
- dans l'édition de mai 1983 de la revue Chess Life
- Revue Chess Life de mai 1983, p. 32
- Source: base de données Chessbase