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Le Corbeau (poème)

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Le Corbeau (poème)
Prospectus de la traduction de Stéphane Mallarmé illustrée par Édouard Manet, publiée par Richard Lesclide en 1875.
Informations générales
Titre
The RavenVoir et modifier les données sur Wikidata
Auteur
Pays d'origine
Publications
Éditeur
Date de publication
Type
Adapté de
Contenu
Incipit
« Once upon a midnight dreary, while I pondered, weak and weary,… »Voir et modifier les données sur Wikidata
Explicit
« …Shall be lifted — nevermore! »Voir et modifier les données sur Wikidata

Le Corbeau (titre original : The Raven) est un poème narratif de l'écrivain américain Edgar Allan Poe. Il compte parmi ses textes les plus évocateurs et assoit sa réputation dans le monde anglophone. Il paraît pour la première fois le dans le New York Evening Mirror. D’une grande musicalité, empreint d'atmosphère irréelle mais obéissant à une stricte métrique, il raconte la mystérieuse visite nocturne que reçoit un narrateur durablement accablé par la mort de Lenore, sa bien-aimée. Un corbeau entre chez lui par la fenêtre et se perche sur un buste de la déesse Pallas, au-dessus de la porte d'entrée. Il répète inlassablement « Jamais plus » (« Nevermore »), ce qui plonge le narrateur dans un désarroi si fort qu'il sombre dans la folie. Le poème utilise un grand nombre de références classiques et folkloriques.

Dans son essai La Philosophie de la composition publié en 1846, Poe explique avoir écrit ce poème de façon logique et méthodique, dans la double intention de satisfaire la demande populaire et de séduire les critiques. Le poème s'inspire en partie du roman Barnaby Rudge de Charles Dickens, où intervient un corbeau qui parle. Poe emprunte au poème d'Elizabeth Barrett Browning La Cour de lady Geraldine (Lady Geraldine's Courtship) son rythme et sa métrique complexes. De plus, il utilise des rimes internes et de nombreuses allitérations.

Le poème fait l'objet de plusieurs traductions françaises, dont les deux premières datent de 1853[1].

Il inspire bon nombre de créations littéraires, musicales ou cinématographiques.

Par une nuit lugubre et glaciale de décembre, le narrateur somnole en parcourant plusieurs livres de « savoir oublié ». Il espère dissiper le chagrin provoqué par la mort de Lenore, sa bien-aimée. Quelqu'un tapote à la porte. Ce bruit finit par le tirer de sa torpeur - c'est quelque visiteur, et rien de plus... Après quelques mots d'excuses pour son retard, il ouvre la porte mais n'aperçoit que les ténèbres. Il murmure le nom de Lénore, seul l'écho lui répond.

De retour dans sa chambre, l'âme embrasée, il entend un bruit plus fort contre le volet. Ce n'est sûrement que le vent... Il ouvre la fenêtre pour « élucider ce mystère ». Alors sans faire attention à lui, un corbeau majestueux entre d'un battement d'ailes et se perche au-dessus de la porte, sur un buste de la déesse grecque Pallas.

La posture grave et sévère du corbeau fait sourire le narrateur, qui lui demande son nom. Le corbeau répond : « Jamais plus » (« Nevermore »).

Bien qu'il soit étrange qu'un corbeau appelé « Jamais plus » reste immobile au-dessus de sa porte d'entrée, le narrateur admire sa faculté de compréhension. Mais dès demain l'oiseau se sera envolé, comme d'autres amis avant lui. Le corbeau rétorque : « Jamais plus ».

Le narrateur pense que ce « Jamais plus » est la seule expression que le corbeau connaisse (« son unique fonds de commerce »), apprise très probablement d'un maître malheureux. Il s’assied face à lui, essayant de deviner le sens de « Jamais plus ». Son esprit vagabonde vers sa Lenore perdue. L'air se fait plus dense, des anges agitent un invisible encensoir. Il demande à l'oiseau, ce « prophète » et cette « créature du mal », s'il n'est pas envoyé pour lui apporter un breuvage enivrant (« le nepenthes ») ou une onction apaisante (« le baume de Galaad »). Le corbeau répond : « Jamais plus ».

Il interroge encore l'oiseau : reverra-t-il Lenore au lointain paradis ? Le corbeau croasse « Jamais plus », il lui crie de retourner à son « rivage plutonien ». Le volatile ne bouge pas. Le narrateur doit se résigner à ce que, sous l'ombre du corbeau démoniaque, son âme ne puisse « jamais plus » s'élever.

Texte en anglais

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Composition

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À la suite du succès de son poème, Poe rédige en 1846 un essai intitulé La Philosophie de la Composition, où il en explique la création. Bien que l'essai présente une vue d'ensemble de la théorie de la littérature de l'auteur, sa description de la rédaction semble exagérée. Il précise que chaque élément du poème suit une logique précise : le corbeau entre dans la chambre pour échapper à la tempête (un « minuit lugubre » durant un « glacial décembre ») ; le buste blanc de Pallas crée un contraste avec le plumage noir du corbeau... Il soutient que rien dans le poème n'arrive par hasard, l'auteur contrôlant tout. Même l'expression « Never more » (« Jamais plus ») est utilisée pour l'effet créé, en anglais, par le son long de la voyelles o (Poe s'est peut-être inspiré ici des travaux de Lord Byron ou d'Henry Wadsworth Longfellow). À propos du thème choisi, il ajoute que « la mort (...) d'une femme merveilleuse est incontestablement le sujet le plus poétique au monde », surtout lorsqu'elle sort de « la bouche (...) d'un amant endeuillé ».

Au-delà des aspects poétiques, cette « Lenore perdue » s'inspire peut-être de la vie de Poe, très affecté par la mort prématurée de sa mère Elizabeth Poe puis par la longue et fatale maladie de son épouse Virginia.

Poe considère Le Corbeau comme une tentative visant à « convenir en même temps au goût populaire et à celui des critiques » : il s'adapte à une majorité de lecteurs tout en flattant l'élite littéraire.

On ne sait combien de temps a pris l'écriture du poème, les spéculations allant d'un seul jour à dix ans. En 1843, Poe récite à Saratoga ce que l'on croit être l'une des premières versions du Corbeau, avec une fin différente.

Enfin, au lieu d'un corbeau une ébauche préliminaire a peut-être mis en scène une chouette, animal associé à la déesse Athéna.

Structure et prosodie

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Le poème se compose de 18 sizains. De manière générale, les vers sont des octosyllabes trochaïques. À titre d'exemple, la première ligne suit le schéma suivant ( / représente une syllabe accentuée et X une syllabe non accentuée) :

Structure syllabique d'un vers[2]
Accent tonique / X / X / X / X / X / X / X / X
Syllabe Once up- on a mid- night drear- y, while I pon- dered weak and wear- y

Poe présente le poème comme une combinaison d'octosyllabes acatalectiques (où la métrique est respectée car il ne manque aucune syllabe), d'heptasyllabes catalectiques (il manque une ou plusieurs syllabes) et de tétramètres catalectiques. La disposition des rimes est ABCBBB, ou AA, B, CC, CB, B, B si l'on prend en compte les rimes internes. Dans chaque strophe, les vers B riment avec le mot « Nevermore » ( « Jamais plus »). Le poème utilise abondamment l'allitération (« Doubting, dreaming dreams... »). Sans mettre en cause ses qualités « hypnotiques », le poète américain Daniel Hoffman (en) juge la structure et la métrique conventionnelles au point que l'œuvre en devient artificielle.

Poe reprend la structure du poème d'Elizabeth Barrett Lady Geraldine's Courtship, qu'il admire : « je n'ai jamais lu un poème combinant autant de passion violente avec autant d'imagination la plus délicate ». Il en a publié une critique en janvier 1845 dans le Broadway Journal, affirmant : « son inspiration poétique est la meilleure – nous ne pouvons rien concevoir de plus noble. Son sens de l'Art est pur en lui-même ». Mais fidèle à son esprit critique, il stigmatise son manque d'originalité et la nature répétitive de certains de ses poèmes.

Dans Le Corbeau, Poe utilise abondamment la répétition, qui traduit l'hallucination croissante du narrateur.

Il écrit ce poème comme un récit, sans vouloir créer d'allégorie ni tomber dans le didactisme. Il exploite le thème de l'amour qui ne s'éteint pas. Le narrateur éprouve un conflit entre le désir salutaire d'oublier et le besoin pervers de se souvenir, tant il prend un certain plaisir à remâcher sa douleur. Bien que « Jamais plus » (« Nevermore ») semble tout ce que le corbeau sache dire, le narrateur continue de l'interroger tout en connaissant l'immuable réponse. Ses questions ne servent donc qu'à exacerber un sentiment de regret non dépourvu de masochisme.

On ne sait pas vraiment si le corbeau a conscience de l'effet dévastateur provoqué par son refrain. Tout d'abord afffaibli et las, le narrateur éprouve un regret croissant qui devient frénétique avant de sombrer dans la folie. Le professeur de littérature Christopher F. S. Maligec voit dans le poème une sorte de paraclausithyron élégiaque, ancienne forme poétique grecque et romaine narrant la complainte d'un amant devant la porte close de sa bien-aimée[3].

Éléments-clés

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Poe choisit un corbeau comme protagoniste car il désire mettre en scène une créature pouvant parler sans pour autant savoir raisonner. L'oiseau répète les mêmes mots tel un perroquet. Il précise que le corbeau incarne « l'éternel souvenir lugubre ». Il s'est aussi inspiré de Grip, un corbeau du Barnaby Rudge de Charles Dickens dont une scène en particulier évoque le poème de Poe : à la fin du cinquième chapitre, Grip fait du bruit et quelqu'un s'exclame : « Qu'est-ce que j'entends là ? N'est-ce pas lui qui tape à la porte ? », avec pour seule réponse : « Il y a quelqu'un qui frappe doucement au volet ». Grip maîtrise le langage et connaît plus d'un bon tour, tel celui de faire sauter le bouchon d'une bouteille de champagne. Poe met l'accent sur la nature extraordinaire du corbeau. Mais dans le Graham's Magazine, il critique Dickens en affirmant notamment que son corbeau aurait dû jouer un rôle plus symbolique et prophétique. Cette ressemblance entre les deux œuvres n'est pas passée inaperçue : dans Une Fable pour les Critiques, James Russel Lowell écrit ce vers : « Ici vient Poe avec son corbeau, comme Barnaby Rudge / Trois cinquièmes de génie et deux cinquièmes de pure blague ».

Poe fait probablement allusion à la mythologie nordique : deux corbeaux nommés Hugin et Munin, qui symbolisent respectivement la pensée et le souvenir, accompagnent le dieu Odin. Il s'inspire aussi de la Bible : dans l'Ancien testament, Noé envoie un corbeau blanc pour s'assurer que le déluge a cessé. Mais l'oiseau ne revient pas immédiatement dans l'arche. En châtiment, il devient noir et doit se nourrir de charognes. Dans les Métamorphoses d'Ovide, le corbeau est blanc lui aussi avant qu'Apollon lui donne sa couleur actuelle, le punissant d'avoir divulgué l'infidélité d'un |amant.

En outre, une version primitive du poème pourrait avoir mis en scène une chouette, animal lié à la déesse Athéna, et non pas un corbeau (voir supra : Composition - dernier alinéa).

Quant au refrain lancinant « Jamais plus » (« Nevermore »), son premier terme « Jamais » (« Never ») comporte la connotation négative d'un impossibilité : celle de retrouver le bonheur perdu.

Le narrateur

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Dans La Philosophie de la Composition, Poe explique que le narrateur est un jeune étudiant, bien que cela ne soit pas énoncé dans le poème. Toutefois, le narrateur médite sur « maint curieux volume de savoir oublié » et un buste de Pallas-Athéna, déesse grecque de la sagesse et des maîtres d'école, surmonte la porte de sa chambre.

Tout au long du récit, il s'exprime à la première personne du singulier.

La défunte Lenore, dont la narrateur ne peut faire le deuil, apparaît à huit reprises. Son nom se répète, de façon redoublée, à deux rimes successives des strophes 2, 5, 14 et 16.

Ce prénom semble obséder Poe. Il a publié un poème intitulé Lénore en février 1843, soit deux ans avant la parution du Corbeau.

Comme dans la nouvelle Ligeia, l'ancien savoir évoqué au deuxième vers pourrait consister en magie noire ou science occulte. Plaident pour cette interprétation le choix du mois de décembre, traditionnellement associé aux forces obscures, et du corbeau, oiseau de mauvais augure. Le narrateur se persuade que le corbeau vient des « rivages de la Nuit Plutonienne », c'est-à-dire qu'il agit comme messager de l'au-delà envoyé par Pluton, le dieu romain des Enfers. L'autre monde apparaît donc comme un univers inquiétant, voire menaçant.

Références antiques ou bibliques

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Au deuxième tiers du récit, le narrateur imagine que des séraphins agitant un invisible encensoir sont envoyés du Ciel pour effacer le souvenir de Lenore en utilisant du nepenthes, une drogue qui abolit la mémoire mentionnée dans l'Odyssée d'Homère.

Il réclame aussi le baume de Galaad cité dans le Livre de Jérémie (8:22) : « N'y a-t-il point de baume en Galaad ? N'y a-t-il point de médecin ? Pourquoi donc la guérison de la fille de mon peuple ne s'opère-t-elle pas ? ». Résine végétale utilisée comme plante médicinale, le baume de Galaad suggère que le narrateur a besoin d'être guéri de la souffrance provoquée par l'absence de Lenore.

Enfin, il désigne par « Aidenn », autre nom du jardin d’Éden, le paradis lointain où il pourrait étreindre sa bien-aimée.

Publication - Traduction française

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Poe apporte le manuscrit du Corbeau à son ami et ancien employeur George Rex Graham. Ce dernier refuse le poème, qui n'a peut-être pas encore trouvé sa version définitive, mais lui alloue 15 dollars. Poe propose ensuite le poème à The American Review, qui lui en offre 9 dollars et l'imprime en février 1845 sous le pseudonyme de « Quarles », par référence au poète anglais Francis Quarles[4]. La première publication du poème sous le nom de Poe a eu lieu le dans l'Evening Mirror. Son éditeur Nathaniel Parker Willis le présente comme « inégalable dans la poésie anglaise pour sa structure subtile, l'ingéniosité magistrale de sa versification ». Par la suite, le poème paraît dans différents périodiques des États-Unis tels le New York Tribune (), le Broadway Journal (), le Southern Literary Messenger (), le Literary Emporium (), le Saturday Courier () et The Richmond Examiner (). Il figure aussi dans de nombreuses anthologies de poésie, tout d'abord Poets and Poetry of America édité par Rufus Griswold en 1847.

Le succès immédiat du Corbeau incite Wiley & Putnam à publier, en , un recueil de la prose de Poe sous le nom de Tales (Contes) : c'est son premier livre en cinq ans. S'ensuit, le , un recueil de poèmes intitulé The Raven and Other Poems (Le Corbeau et autres Poèmes) qui comprend une dédicace à Elizabetg Barrett, « la plus noble de son sexe ». Premier livre de poésie de Poe en quatorze ans, l'ouvrage compte 100 pages et se vend 31 cents. Dans la préface, l'auteur traite ses poèmes de « bagatelles » modifiées sans sa permission.

Le poème fait l'objet de plusieurs traductions françaises[1]. Les plus connues sont celles de Charles Baudelaire, de Stéphane Mallarmé (toutes deux en prose) et de Maurice Rollinat (en vers)[5]. Une première traduction en français a été publiée anonymement dès le , dans un article de Poulet-Malassis consacré à Poe paru dans le quotidien provincial le Journal d'Alençon. La traduction de Charles Baudelaire ne paraît que deux mois plus tard, le , à la page 43 du journal L'Artiste pour lequel l'auteur des Fleurs du mal signe régulièrement des papiers.

Illustrateurs

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Les publications ultérieures du Corbeau incluent des illustrations de dessinateurs célèbres. En 1858, le poème paraît dans une anthologie britannique des œuvres de Poe avec des illustrations de John Tenniel, qui a aussi mis en images Alice au Pays des Merveilles. Il est publié en 1875 par Richard Lesclide, avec le texte original et sa traduction par Stéphane Mallarmé agrémentés d'eaux-fortes d'Édouard Manet — c'est sans doute l'édition la plus rare. On connaît aussi une édition de 1884 ornée de gravures sur bois par Gustave Doré, mort avant la publication. Beaucoup d'artistes du XXe siècle et d'illustrateurs contemporains ont été inspirés par le poème de Poe, notamment Edmund Dulac, István Orosz (en) et Ryan Price.

En partie à cause de ses deux impressions simmultanées, Le Corbeau rend presque aussitôt célèbre le nom d'Edgar Allan Poe dans son pays. Les lecteurs confondent le poète et son poème, surnommant l'auteur Le Corbeau. Le poème est rapidement réimprimé, imité et même parodié. Bien qu'elle ait fait connaître Poe du public, l'œuvre ne lui rapporte pas d'argent pour autant. L'auteur le déplorera plus tard : « Je n'ai pas gagné de sous. Je suis aussi pauvre que je l'ai été dans toute ma vie – à part pour l'espoir, qui n'est pas du tout susceptible de rapporter de l'argent ».

Le journal New World affirme : « Tout le monde lit le poème et le loue... à juste titre, pensons-nous, car il semble plein d'originalité et de force ». The Pennsylvania Inquirer le réimprime avec, comme titre, « Un poème magnifique ». Elizabeth Barrett écrit à Poe : « Votre Corbeau a fait sensation, a produit une crise d'horreur, ici en Angleterre. Certains de mes amis ont captivés de peur, d'autres par sa musique. J'entends des personnes hantées par Jamais plus ». La popularité de Poe donne lieu à des invitations à réciter Le Corbeau et à en donner des conférences privées ou publiques. Lors d'un salon littéraire, un invité observe qu'« entendre [Poe] réciter Le Corbeau (...) est l'événement de toute une vie ». Raconté par une personne l'ayant vécu : « Il éteignait les lampes jusqu'à ce que la pièce devienne presque noire, puis se tenant dans le centre de la pièce, il le récitait (...) avec une voix des plus mélodieuses (...). Son pouvoir en tant que lecteur était si merveilleux que les auditeurs avaient peur de respirer de peur que le sort ne se brise. »

Si un certain nombre d'écrivains louent le poème, tels William Gilmore Simms et Margaret Fuller, d'autres le critiquent. William Butler Yeats le juge « non sincère et commun... sa réalisation (n'étant qu') un tour rythmique ». Le transcendantaliste Ralph Waldo Emerson affirme ne rien percevoir de particulier dans le poème. Un critique du Southern Quarterly Review écrit, en , que le poème est gâché par une « extravagance sauvage et débridée ». Sous le pseudonyme d'Outis, un auteur anonyme suggère dans le journal Evening Mirror que Le Corbeau plagie un poème appelé L'Oiseau du Rêve écrit par un poète inconnu. En réponse aux accusations selon lesquelles Poe aurait imité Henry Wadsworth Longfellow, il présente dix-huit similitudes entre les deux œuvres. On a suggéré qu'Outis était en réalité l'enseignant Cornelius Conway Felton (en), voire Poe lui-même. Après la mort de Poe, son ami Thomas Holley Chivers prétend que Le Corbeau plagie l'un de ses propres poèmes, s'affirmant même inspirateur de la métrique particulière du poème et de son leitmotiv « Jamais plus ».

Des parodies fleurissent aussi, surtout à Boston, New York et Philadelphie : The Craven (Le Lâche) ; Poh ! ; La Gazelle ; L'Engoulevent bois-pourri (une espèce d'oiseau, en anglais The Whippoorwill) ; Le Dindon. Une parodie, Le Putois, retint l'attention d'Andrew Johnson, qui en envoie une copie à Abraham Lincoln : celui-ci avoue avoir ri « chaleureusement » - il n'a pas encore lu le poème mais, plus tard, l'apprendra par cœur.

Postérité

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Le Corbeau influence de nombreuses œuvres littéraires.

Il inspire aussi le cinéma, la télévision, la musique, les jeux-vidéo, le sport et même des produits dérivés.

Littérature, BD, manga

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Télévision

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  • L'épisode Raisins de la série South Park.
  • La première saison de la série Les Frères Scott.
  • Un épisode de la série Beetlejuice de Tim Burton.
  • Simpson Horror Show, dans la saison 2 de la série Les Simpson.
  • Nevermore, épisode 11 de la saison 3 de la série Les 100.
  • Le Corbeau et l'incendie (A tale of Poes and fire), épisode 17 de la saison 3 de la série Gilmore Girls, où Miss Patty accueille une association de fans dont deux récitent le poème déguisés en Poe[8].
  • L'épisode 10 de la saison 3 de la série The Following, où Joe Caroll cite « Le Corbeau » avant son exécution.
  • La série de Netflix Altered Carbon, où l'hôtel tenu par un androïde nommé Edgar A. Poe s'appelle Raven.
  • Le dessin animé Ruby Gloom, où un petit corbeau très bavard du nom de Poe a deux grands frères appelés Edgar et Alan.
  • La webserie RWBY Nevermore, où un oiseau monstrueux fait référence au Corbeau de Poe.
  • La série de Netflix Mercredi de Tim Burton, où le collège fréquenté par le protagoniste s'appelle Nevermore.
  • La série de Netflix La Chute de la maison Usher de Mike Flanagan fait référence au poème Le Corbeau.

Jeux vidéo

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  • World of Warcraft, où un personnage non-joueur ayant la forme d'un grand corbeau blanc se nomme Jamais Plus.
  • Fortnite, où un ensemble de cosmétique sur le thème du corbeau s'appelle Jamais Plus.
  • Guild Wars 2, où une arme legendaire en forme de bâton où se perche un corbeau se nomme Jamais Plus.

Produits dérivés

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Des autocollants pour voiture représentant un corbeau ont pour légende Nevermore.[réf. souhaitée]

Illustrations

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Notes et références

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  1. a et b « Edgar Allan Poe Society of Baltimore », sur eapoe.org (consulté le ).
  2. Poe, Edgar Allan. Edgar Allan Poe: Complete Tales & Poems. Edison, NJ: Castle Books, 2002. (ISBN 0-7858-1453-1), p. 773.
  3. Christopher F. S. Maligec, « The Raven as an Elegiac Paraclausithyron », Poe Studies, vol. 42,‎ , p. 87–97.
  4. Abe books, "Raven American Review".
  5. Le Feu follet, no 73, 15 décembre 1884, p. 296, lire en ligne sur Gallica.
  6. Mark Bryant (traduction-adaptation de Christian Séruzier), La seconde guerre mondiale en caricatures, Paris, Hugo éditions, , 162 p. (ISBN 9782755603446), p. 88.
  7. [1], texte additionnel.
  8. « GilmoreGirls.org : Transcripts », sur www.gilmoregirls.org (consulté le ).

Articles connexes

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Liens externes

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