Langues han
Langues han | |
Pays | Anciennement Sud de la Corée, et possiblement Jeju |
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Classification par famille | |
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Les langues han (en coréen : 한어 / 韓語) ou macro-coréaniques (selon Robbeets, 2020)[1] sont un ensemble de langues anciennement parlées en Corée, dans les Samhan (« Trois han »)(confédérations de Jinhan, de Byeonhan et de Mahan)[2]. Si leur appartenance aux langues coréaniques est reconnue par une majorité de linguistes, elles sont très peu documentées, et écrites en caractères chinois, difficiles à interpréter. Elles sont mentionnées dans des écrits chinois qui contiennent aussi des noms de lieux. Elles auraient cohabité avec les langues japoniques péninsulaires[3]. Le moyen coréen (ancêtre du coréen et du jeju) descendrait du sillan (la langue de Silla)[4],[5],[6], langue appartenant à ce groupe. Les langues d'Usan et de Tamna, non-attestées, ont pu appartenir à ce groupe[7].
Histoire
[modifier | modifier le code]Classification
[modifier | modifier le code]Une théorie dominante[8],[9] propose qu'il s'agit d'une des deux branches des langues coréaniques (l'autre étant les langues buyeo)[10]. Cependant, Robbeets (2020, 2021) propose qu'il s'agit de la seule branche des langues macro-coréaniques, placant les langues buyeo au sein des langues japoniques[11]. Alexander Vovin et James Marshall Unger (en) proposent que les langues han étaient japoniques, et que le coréen et ses variétés descendent de la langue de Goguryeo et non de celle de Silla[12],[13]. Cette théorie est contestée.
Le livre des Wei décrit les peuples han comme différant de ceux des royaumes de Goguryeo ou de Buyeo[14]. Des écrits chinois affirment que les langues de Mahan et de Jinhan étaient différentes[15], et que celle de Byeonhan ressemblait à celle de Jinhan (Chroniques des Trois Royaumes), mais d'autres font état de différences entre ces deux langues (Livre des Han tardifs)[16].
Au IVe siècle, Jinhan, Byeonhan, et Mahan sont remplacés par Silla, Gaya, et Baekje respectivement[17]. Des informations sur les langues de ces Etats sont rares, à part pour les noms de lieux[18]. Concernant la langue de Baekje, le livre des Liang (635) affirme qu'elle était exactement la même que celle de Goguryeo[19]. Un mot a été directement attribué à la langue de Gaya : le mot pour "pont", qui ressemblerait au mot en vieux japonais de même sens[20]. Le sillan (ou vieux coréen) n'est attesté que de manière fragmentaire[21].
Classification interne
[modifier | modifier le code]La classification ci-dessous est celle communément admise, plus les langues d'Usan et de Tamna, annotées d'un "?" pour marquer l'incertitude. Un regroupement en langues samhan a été proposé, excluant les langues d'Usan et de Tamna[22].
Données linguistiques
[modifier | modifier le code]Les Chroniques des Trois Royaumes donne transcriptions de toponymes (54 à Mahan, et 12 à Jinhan et Byeonhan). Il semblerait que certains toponymes contiennent des suffixes[23],[24].
- Le préfixe *-peiliai ⟨卑離⟩ a été retrouvé dans six toponymes à Mahan et été comparé avec le mot puri ⟨夫里⟩ qui signifie ville en baekjean, et au moyen coréen tardif -βɨr qui signifie aussi ville.
- Deux toponymes de Byeonhan et un seul de Jinhan possèdent le suffixe *-mietoŋ ⟨彌凍⟩, que l'on peut comparer au moyen coréen tardif mith et au paroto-japonique *mətə, les deux signifient "base, bas". Selon Samuel Martin, il s'agit d'un cognat.
- Un toponyme de Byeonhan comprend le suffixe *-jama ⟨邪馬⟩, qui ressemble au proto-japonique *jama, qui signifie montagne.
Références
[modifier | modifier le code]- Robbeets (2020) p.5
- Injae, Lee; Miller, Owen; Jinhoon, Park; Hyun-Hae, Yi (2014). Korean History in Maps. Cambridge University Press. p. 18. (ISBN 9781107098466). Retrieved 16 April 2019.
- Whitman (2011), pp. 153–154.
- Lee & Ramsey (2000), pp. 274–275.
- Janhunen (2010), p. 290.
- Beckwith (2004), pp. 27–28.
- Vovin (2013), p.237
- Kim (1987), pp. 882–883.
- Whitman (2013), pp. 249–250.
- Lee & Ramsey (2011), pp. 34–36.
- Robbeets (2020) p.3
- Vovin (2013), pp. 237–238.
- Unger (2009), p. 87.
- Lee & Ramsey (2011), p.35
- Whitman (2011), p. 152.
- Lee & Ramsey (2011), pp. 35–36.
- Pai (2000), p. 234.
- Whitman (2015), p. 423.
- Lee & Ramsey (2011), p. 44.
- Lee & Ramsey (2011), pp. 46–47.
- Lee & Ramsey (2011), p.5
- (en) The Dragon Historian (2020), « [OLD] The History of the Koreanic Languages », sur YouTube, (consulté le )
- Whitman (2011), p. 153.
- Byington & Barnes (2014), pp. 111–112.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Alexander Vovin, From Koguryo to Tamna: Slowly riding to the South with speakers of Proto-Korean, Korean Linguistics, (lire en ligne )
- (en) Christopher I. Beckwith, Koguryo, the Language of Japan's Continental Relatives, Brill, (ISBN 978-90-04-13949-7, lire en ligne )
- (en) Iksop Lee, The Korean Language, SUNY Press (ISBN 978-0-7914-4831-1)
- (en) J. Marshall Unger, The role of contact in the origins of the Japanese and Korean languages, Honolulu, University of Hawaii Press, (ISBN 978-0-8248-3279-7)
- (en) John Whitman, Northeast Asian Linguistic Ecology and the Advent of Rice Agriculture in Korea and Japan, Rice, (DOI 10.1007/s12284-011-9080-0, lire en ligne)
- (en) John Whitman, Old Korean, Wiley, The Handbook of Korean Linguistics, (ISBN 978-1-118-35491-9, lire en ligne )
- (en) Juha Janhunen, Reconstructing the Language Map of Prehistorical Northeast Asia, Studia Orientalia,
- (en) Ki-Moon Lee, A History of the Korean Language, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-139-49448-9)
- (en) Mark E. Byington et Gina Barnes, Comparison of Texts between the Accounts of Han 韓 in the Sanguo zhi 三國志, in the Fragments of the Weilüe 魏略, and in the Hou-Han shu 後漢書, Crossroads,
- (en) Martine Robbeets, Archaeolinguistic evidence for the farming/language dispersal of Koreanic, Oxford University Press, (lire en ligne )
- (en) Nam-Kil Kim, Korean, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-520521-3)