Lalla
Lalla ou Lella[1] est un titre honorifique, signe de distinction et hagionyme donné au Maghreb aux femmes importantes ou issues de grandes familles. Le nom peut aussi être utilisé, de façon ponctuelle, en signe de respect. En fonction du contexte, on peut assimiler le titre de « Lalla » à ceux de « Moulay » ou « Sidi », titres honorifiques masculins proches de celui de « Monseigneur ».
Le mot Lalla peut signifier : dame, madame, maîtresse, patronne, belle-mère de la femme[2].
Au Maroc[réf. nécessaire], et plus généralement dans les pays du Maghreb[réf. nécessaire], ce titre est attribué aux descendants du prophète Mohamed[réf. nécessaire], comme par exemple à la famille royale avec les princesses nommées « Lalla »[réf. nécessaire] et les princes nommés « Moulay ».
En langue arabe, le mot lalla signifie aussi « grande sœur »[3]{{Détournement de la source}}., « sœur aînée »[4]{{Détournement de la source}}.
On retrouve ce titre dans de nombreux anthroponymes (noms propres) formant des hagionymes, et toponymes (noms de lieux) formant des hagiotoponymes.
Étymologie et orthographe
[modifier | modifier le code]D'après certaines sources le mot lalla serait d'origine berbère[2].
Certains (qui ?) avancent que le terme « Lalla » tirerait son origine du mot « llal الآل » qui signifie la famille de Mohamed le prophète de l'Islam[réf. nécessaire]. Il désigne « une femme respectée, sainte »{{Référence nécessaire}}.
En Tunisie une variante orthographique de Lalla est Lella.
Anthroponymie
[modifier | modifier le code]Plusieurs femmes célèbres portent ce titre. Parmi les anthroponymes :
Algérie
[modifier | modifier le code]- Lalla Fatma N'Soumer (1830-1863), héroïne de la résistance kabyle (Algérie) contre l'empire colonial français ;
- Lalla Zoulikha Oudai, résistante algérienne durant la guerre d'Algérie originaire de Hadjout dans le Chenoua ;
- Lalla Setti, fille du saint musulman soufi Abd al Qadir al-Jilani d'origine iranienne, et qui serait venue à Tlemcen à la suite de l'invitation d’un prince tlémcenien au XIIe siècle[5] ;
- Lalla Khedaoudj El Amia, fille de Hassan El Khaznadji, trésorier du Dey Baba Mohamed ben Osman (Dey de la régence d'Alger au XVIIIe siècle) ;
Maroc
[modifier | modifier le code]- Lalla Buya ou Ralla Buya[6], personnage féminin du Rif. En rifain le terme « Lalla » s’écrit et se prononce « Ralla », d'où « Ralla Buya ». De nombreux chants traditionnels appelés en rifain « izran » (izlan) lui sont dédiés[7] ;
- Lalla Menni, figure féminine vénérée et considérée comme la patronne des moutons dans le nord-ouest (pays Ghmara) du Maroc[8] ;
- Lalla Chella, épouse du sultan d'origine mérinide et abbyssine Abu al-Hasan et dont la nécropole se trouve à Chella, au Maroc ;
- Lalla Taounnout, mère de Sidi Ahmed ou Moussa[9], personnage religieux des Ida Ou Semlal, de la région du Souss, dans l'Anti-Atlas au Maroc ;
- Lalla Itto ou Lalla Ito, de son nom complet Lalla Itto ou Ali, fille de Sidi Ali, célèbre santon de la Haute Moulouya au Maroc oriental.
- Lalla Latifa Amahzoune (Hammou), veuve du roi alaouite Hassan II, ancien roi du Maroc, et ses filles Lalla Meryem, Lalla Asma, Lalla Hasna ;
- Lalla Salma, épouse du roi alaouite Mohammed VI ;
- Lalla Malika, Malika du Maroc, sœur de Hassan II.
Tunisie
[modifier | modifier le code]- Lalla Janina, femme de Lamine Bey de la dynastie tunisienne husseinite, dernier Bey de Tunisie,
- Lalla Zakia, princesse tunisienne husseinite, fille de Lamine Bey et de Lalla Janina ;
- Lalla Kmar, princesse consort de Tunisie durant trois règnes après avoir épousé trois beys de Tunis : Sadok, Ali III et Naceur Bey ;
- Lalla Traki, fille du bey Tunisien husseinite Hédi Bey de Tunisie ;
Hagionymie (saintes)
[modifier | modifier le code]Plusieurs saintes portent le titre de Lalla, parmi elles on retrouve les hagionymes suivants :
Algérie
[modifier | modifier le code]- Lalla Khlidja, aussi appelée Yemma Khlidja, femme poétesse et femme sainte kabyle de la tribu d'Imchedalen.
- Lalla Gouraya, sainte protectrice du mont Gouraya en Kabylie, Algérie, qui lui doit son nom[10].
- Lalla Yamina, sainte protectrice qui, selon la légende, fut de son vivant une rivale de Lalla Gouraya[11].
- Lalla Maghnia, sainte qui a donné son nom à la ville de Maghnia en Algérie.
- Lalla Zaynab, cheffe de confrérie la confrérie soufie d'El Hamel, qui fut considérée comme une sainte vivante.
- Lalla Rhira ou Lalla Rheira, qui fonda le ksar et le bordj du même nom (ksar Lalla Rheira et bordj Lalla Rheira)[12] dans le Mzab[13].
Algérie et Maroc
[modifier | modifier le code]- Lalla Mimouna, sainte musulmane, célébrée par les juifs du Maghreb connue dans tout le Maghreb, notamment au Maroc et en Algérie[14]. La ville de Lalla Mimouna localisée dans la province de Kénitra au Maroc porte son nom. Les familles juives de Tlemcen, en Algérie, célèbrent la Mimouna en son hommage[15].
Maroc
[modifier | modifier le code]- Lalla Tabernoust, sainte célébrée au printemps et considérée comme ayant le pouvoir de rendre la fécondité[16]. Elle repose à Rabat auprès de Sidi el Yabouri, marabout de Chella.
- Lalla Aziza, sainte célébrée par les Amazighs des Seksawa du Haut Atlas. Femme du XVIe siècle qui avait joué un rôle dans la résistance aux Mérinides. Elle introduit le soufisme dans la région et marqua l'indépendance des Seksawa[17].
- Lalla Rahma Youssef, sainte de Massa, dans la région du Souss au Maroc[18].
Tunisie
[modifier | modifier le code]- Lalla Manoubia, sainte tunisienne de grande renommée. Un récit hagiographique intitulé Manâqib lui est dédié
- Lalla Omezzine Jemmalia, sainte originaire de Jemmal au Sahel tunisien, décédée en 1799.
Hagiotoponymie
[modifier | modifier le code]Parmi les toponymes de type hagiotoponymes contenant le mot lalla, on retrouve :
Algérie
[modifier | modifier le code]- Lalla Gouraya, autre nom du mont Yemma Gouraya situé à Béjaïa en Kabylie.
- Lalla Khedidja, point culminant du massif du Djurdjura, aussi appelé Tamgout, d'une altitude est de 2 308 mètres et situé en Kabylie (Algérie).
- Le plateau de Lalla Setti, relief situé dans la ville de Tlemcen, en Algérie[19],[20].
- La forêt de Lalla Setti, située dans la région de Tlemcen, en Algérie[21].
Maroc
[modifier | modifier le code]- Lalla Takerkoust, ville principalement amazighophone située dans la région du Haut Atlas, à 30 km de Marrakech (Maroc).
- Lalla Fatna, plage située dans la ville de Hrara dans la province de Safi, au Maroc.
- Lalla Mimouna, ville située dans la plaine du Gharb, au Maroc.
Tunisie
[modifier | modifier le code]- Lalla Hadria, lagune située sur l'Île de Djerba en Tunisie[22],[23].
- Lella Telkouest, village en Tunisie.
- Bab Lalla Rihanna, la porte de Lalla Rihana à Kairouan en Tunisie, de tradition fatimide, dans la Grande mosquée de Kairouan[24],[25].
- Lalla et site archéologique situé dans la région de Gafsa au sud de la Tunisie[26].
Tombeaux et mausolées
[modifier | modifier le code]Algérie
[modifier | modifier le code]Tunisie
[modifier | modifier le code]- Le mausolée de Lalla Manoubia[28], situé à El Gorjani, à Tunis, en Tunisie.
- Le mausolée de Lalla Mennana, à Tunis, en Tunisie.
Maroc
[modifier | modifier le code]- Le tombeau de Lalla Aziza, situé dans le pays Seksawa, dans le Haut-Atlas, au Maroc[29].
Autres
[modifier | modifier le code]- Traité de Lalla Maghnia.
- Musée Lalla Hadria, musée à Djerba en Tunisie[30].
- Mosquée de Lalla Saïda à Tizi Ouzou en Kabylie, Algérie.
- Lalla Belghouya, nom donné en berbère mozabite à une espèce d'oiseau, un moineau du désert au plumage blanc et noir présent dans le Mzab que les Mozabites apprécient particulièrement[31].
Voir aussi
[modifier | modifier le code]- Lalla ou Lalleshvari, poétesse et mystique cachemirienne, (1320–1392), de la tradition du shivaïsme non-dualiste.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Ernest Cosson, Compendium florae atlanticae... ou Flore des états barbaresques : Algérie, Tunisie et Maroc, Masson, (lire en ligne)
- Jochen Hafner, Sebastian Postlep et Elissa Pustka, Changement et stabilité: La langue française dans les médias audiovisuels du XIXème au XXIème siècle, LIT Verlag Münster, (ISBN 978-3-643-50939-0, lire en ligne)
- « Lalla - Amawal », sur amawal.wikidot.com (consulté le ).
- K. Naït-Zerrad, S. Chaker, Sur la notation usuelle du berbère – Eléments d’orthographe, (lire en ligne)
- Rachid Benblal, Tlemcen des saints et des savants, Dar el Gharb, (lire en ligne)
- Saïd Belgharbi, «La quête de l’identité au bout de l’errance», Berkane, (lire en ligne)
- M. Peyron, F. Ait Ferroukh, G. Camps et H. Claudot-Hawad, Danse (lire en ligne), Un trait de « berbéritude » : ay aralla buya (Rif)
- G. Camps, « Ammon », dans Encyclopédie berbère, Éditions Peeters, (ISBN 9782857442820, lire en ligne), p. 596–599
- http://am.mmsh.univ-aix.fr/Pdf/AM-1933-V29-02.pdf
- Françoise Colin-Mansuy, LA PETITE KABYLIE, Centre de documentation historique sur l’Algérie, Club Kabylie (lire en ligne)
- « Au commencement, étaient Les Bedjaia (2e partie) »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur Al HuffPost Maghreb, (consulté le ).
- Joseph Huguet, « Les villes mortes du Mzab », Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, vol. 4, no 1, , p. 583–590 (DOI 10.3406/bmsap.1903.6541, lire en ligne, consulté le )
- « Le Pays du Mzab - Publication de livres numériques - Eboxeditions », sur www.eboxeditions.com (consulté le )
- « La légende de Lalla Mimouna »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur algermiliana.com (consulté le ).
- « Pessah et la mimouna à Tlemcen avant 1962 », sur judaicalgeria.com (consulté le ).
- Mercier Louis, Les mosquées et la vie religieuse à Rabat, Paris, Editions Honoré Champion, (lire en ligne)
- Terrasse Henri. Au coeur du monde berbère : les Seksawa au Grand-Atlas marocain. In: Annales. Economies, sociétés, civilisations. 11e année, N. 2, 1956. pp. 248-256 https://www.persee.fr/docAsPDF/ahess_0395-2649_1956_num_11_2_2546.pdf
- Justinard, Archives marocaines, Notes sur l'histoire du Sous, 1933 http://bnm.bnrm.ma:86/ClientBin/images/book120906/doc.pdf
- Sofiane Sekkoum et Hadj Mohammed Maachou, « Le parc national de Tlemcen (Algérie) : un potentiel touristique sous-exploité », Études caribéennes, nos 39-40, (ISSN 1779-0980, DOI 10.4000/etudescaribeennes.12450, lire en ligne, consulté le )
- « Le Plateau de Lalla Setti de Tlemcen », sur tlemcen-dz.com (consulté le ).
- liberte-algerie.com, « Les touristes ont jeté leur dévolu sur Lalla Setti: Toute l'actualité sur liberte-algerie.com »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur liberte-algerie.com (consulté le ).
- Le Floc’h, Boulos et Vela, Catalogue synonymique commenté de la Flore de Tunisie, Editions de la Banque Nationale des Gènes, , 500 p. (ISBN 978-9938-9508-0-9, lire en ligne)
- C. Vanden Berghen, Observations sur la végétation de l'île de Djerba (Tunisie méridionale),
- (es) Antonio Checa Godoy, Viaje al otro Mediterráneo: Del Magreb a Siria y Kurdistán, Editorial Samarcanda, (ISBN 978-1-5243-0346-4, lire en ligne)
- Georges Marçais, L'architecture: Tunisie, Algérie, Maroc, Espagne, Sicile, A. Picard, (lire en ligne)
- [1]
- http://www.univ-bejaia.dz/documents/Sortie parc Gouraya.pdf
- Edouard Collot, Aux portes de la conscience : Entrevoir l'invisible, InterEditions, , 208 p. (ISBN 978-2-7296-1651-9, lire en ligne)
- Jeannine Drouin, « Éléments de toponymie berbère dans l'Atlas marocain », Nouvelle revue d'onomastique, vol. 41, no 1, , p. 197–219 (DOI 10.3406/onoma.2003.1451, lire en ligne, consulté le )
- « Le musée Lalla Hadria : Une collection d'art islamique inédite au cœur de Djerba », sur Al HuffPost Maghreb, (consulté le ).
- « Lalla Belghouya - موقع آت مژاب ... للحضارة عنوان », sur atmzab.net (consulté le )