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Joseph Victor Audoy

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Joseph-Victor Audoy
Fonctions
Président de conseil général
Tarn
-
Conseiller général
Tarn
-
Inspecteur des armées
-
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Joseph-Victor AudoyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Activités
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François Audoy (d) (neveu)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Joseph-Victor Audoy, né le à Lavaur (Tarn), mort le à Saint-Lieux-lès-Lavaur, au Château des Cambards (Tarn), est un général, officier du génie et homme politique français[2],[3].

Fils de Pierre Séverin Audoy (premier maire de Lavaur lors de la révolution française entre 1789 et 1792 et député à l’Assemblée nationale législative entre le 28 juin 1791 et juillet 1792) et de Marie Henriette Lucile Pétronille de Clausade de Riols de Mazieu, Joseph-Victor Audoÿ naît le 9 mai 1782 à Lavaur dans le Tarn. Il est le second enfant d’une fratrie de quatre enfants[3].  

Il étudie à l’École polytechnique de Paris (il est ainsi le premier polytechnicien tarnais), et en sort en 1804 dans le génie[4],[3].

Guerres napoléoniennes

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Audoy devient aide-de-camp du lieutenant-général Joseph, vicomte de Rogniat[5]. Il sert ainsi à l'armée d'Espagne de 1810 à 1812. Promu capitaine au corps du génie militaire de l'armée d'Aragon, il participe aux sièges de Lérida, de Tortose, de Tarragone et de Valence et est fait Chevalier de la Légion d'honneur le 6 août 1810[2].

Au retour de la campagne de Russie (1812), promu chef de bataillon et ingénieur en chef au corps du génie militaire, Audoy fait la campagne de Saxe (1813) où il fortifie Dresde, puis participe en janvier 1814 la défense de Metz. Le 9 novembre 1814, il est promu officier de la Légion d'honneur[2]. Le 18 juin 1815, il participe à la bataille de Waterloo, où il est blessé[3].

Sous la Restauration

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Rallié à la Restauration, il est nommé le 18 août 1819 par lettre royale du roi Louis XVIII, Chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis[2].

L’expédition française de Morée en 1828 (par Jean-Charles Langlois)

En septembre 1828, il participe ensuite en tant que lieutenant-colonel et commandant du génie, à l’expédition de Morée en Grèce, lors de la guerre d'indépendance grecque[3],[6],[7]. Sous le commandement du maréchal Maison, Audoy libère à la tête des sapeurs du génie, les villes du Péloponnèse Navarin, Modon et Coron en octobre 1828, puis prend le « château de Morée » de Patras (le 30 octobre 1828) aux troupes d'occupation turco-égyptiennes d'Ibrahim Pacha[6]. Au cours de cette campagne, le 22 février 1829 à Navarin, le roi Charles X le fait Commandeur de la Légion d’honneur[2].

À la suite d'un accord entre le maréchal Maison et le président du nouvel État grec indépendant Ioánnis Kapodístrias, le commandant des troupes du génie Audoy est chargé de nombreux travaux de réhabilitation du pays qui avait été lourdement saccagé par les troupes turco-égyptiennes d'Ibrahim Pacha[7]. Il fait relever les fortifications des forteresses de Navarin et de Modon et fait construire des casernes (celle de Navarin est toujours en service aujourd'hui et abrite le nouveau musée archéologique de Pylos)[8],[N 1],[N 2]. Il fait bâtir des ponts, comme sur le fleuve Pamissos entre Navarin et Kalamata. La route entre Navarin et Modon, la première de la Grèce indépendante, est également construite[8]. Enfin, de nombreuses améliorations sont apportées par les régiments français du génie aux villes du Péloponnèse (écoles, services de poste, imprimeries, ponts, places, fontaines, jardins, etc.)[8],[9]. Audoy est notamment chargé par le gouverneur de Grèce d’établir les premiers plans d'urbanisme de l'histoire moderne du pays[N 3]. Il fait ainsi construire à partir d'octobre 1828 les villes nouvelles de Modon (l'actuelle Méthoni) et de Navarin (l'actuelle Pylos) à l’extérieur des murs des forteresses, sur le modèle des bastides françaises de la région du Tarn dont il est originaire (comme la place centrale de Pylos qui est bordée par des galeries en arcades ou couverts)[7],[8]. Il fait également édifier, entre décembre 1829 et février 1830, la célèbre école capodistrienne de Modon, qui porte son nom[9]. Toutes ces villes se repeuplent alors rapidement et retrouvent leur activité d'avant-guerre[N 4]. À son retour en France, le roi de Grèce Othon Ier confère par ordonnance royale à Audoy le titre de Commandeur de l'Ordre Royal du Sauveur, le 30 juillet 1835[2].

L'École Capodistrienne de Modon, construite en février 1830 sur des plans établis par le commandant du génie, le lieutenant-colonel Joseph-Victor Audoy.

Nommé par la suite colonel, il commande entre 1833 et 1838 le 1er régiment du génie à Metz. Il est ensuite promu général de brigade et inspecteur-général du génie en 1838, et devient directeur des fortifications à Amiens puis à Lille[3].

Il enseigne également à l’École d'application de l'artillerie et du génie de Metz.

Activités représentatives

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Il est élu Conseiller général du Tarn le 29 novembre 1845 (avec 141 voix sur 237 votants), puis il est réélu au cours de la seconde république le 27 août 1848 (avec 1812 voix sur 1867 votants). Par la suite il devient Président du conseil général du Tarn entre 1849 et 1852, en succédant au maréchal Soult[10].

Retiré à Saint-Lieux-lès-Lavaur dans son Château familial des Cambards après sa retraite définitive, il y meurt le 25 novembre 1871 à l'âge de 89 ans. Il est enterré dans le cimetière de la ville[3]. Sa sépulture est réhabilitée par l'Association Nationale du Souvenir Français en 2013[11].

Décorations

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La treizième promotion de l'École Nationale Supérieure des Ingénieurs de l'infrastructure Militaire a reçu le nom de Général Joseph-Victor Audoy le 4 juillet 2024.

Bibliographie

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Liens externes

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Articles connexes

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Références et notes

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Références

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  1. « https://francearchives.fr/fr/file/ad46ac22be9df6a4d1dae40326de46d8a5cbd19d/FRSHD_PUB_00000355.pdf »
  2. a b c d e f g h et i « Cote LH/72/63 », base Léonore, ministère français de la Culture .
  3. a b c d e f et g Historique du Château des Cambards, sur le site du Château des Cambards.
  4. Ambroise Fourcy, Histoire de l'école polytechnique, Paris, Ecole polytechnique, , p. 420
  5. Almanach royal pour les années 1814/15 (Gallica - BnF), p. 475, éditions Testu et Cie, Paris.
  6. a et b Nicolas-Joseph Maison (Lieutenant-général et commandant en chef de expédition de Morée) : Dépêches adressées au ministre de la Guerre Louis-Victor de Caux, vicomte de Blacquetot, octobre 1828, in Jacques Mangeart, Chapitre Supplémentaire des Souvenirs de la Morée: recueillis pendant le séjour des Français dans le Peloponèse, Igonette, Paris, 1830.
  7. a b et c Anastasie Tsagkaraki, Les philhellènes français dans la lutte pour l’indépendance grecque (1821-1831), Revue Historique des Armées, 2e trimestre 2016.
  8. a b c et d (el) Kalogerakou Pigi P. (Καλογεράκου Πηγή Π.), La contribution du corps expéditionnaire français à la restauration des forteresses et des villes de Messénie (Η συμβολή του Γαλλικού εκστρατευτικού σώματος στην αποκατάσταση των φρουρίων και των πόλεων της Μεσσηνίας), in Οι πολιτικοστρατιωτικές σχέσεις Ελλάδας - Γαλλίας (19ος - 20ός αι.), Direction de l'histoire de l'armée (Διεύθυνση Ιστορίας Στρατού), 13-41, Athènes, 2011.
  9. a et b (el) Tisrigos Antonis K. (Αντώνης Κ. Τσιρίγος), L'École capodistrienne de Methóni (Το καποδιστριακό Σχολείο της Μεθώνης, 1829-2016), préface du professeur Pétros Thémélis, Édition privée, Athènes, 2017.
  10. Les conseillers généraux du Tarn, Archives départementales du Tarn, 8 septembre 2015.
  11. Le Souvenir Français à Saint-Sulpice, La Dépêche du Midi, 27 octobre 2013.
  1. « La ville de Navarin, (…) fut remise en 1829, aux Français, dont l’armée l’occupe aujourd’hui. Une partie de la garnison travaille au rétablissement de la citadelle et des fortifications qui l’entourent. », in Abel Blouet, Expédition de Morée. Section des Beaux-Arts., tome 1, p. 2.
  2. « Ces fortifications [du fort de Navarin], il y a peu de temps, ébranlées, ouvertes de toutes parts, et ne laissant même pas à celui qui aurait voulu les défendre l'honneur d'un beau désespoir, ont été relevées et raffermies d'abord par nous ; quelques mois après, de grands travaux allaient être terminés, lorsque la foudre du ciel est venue les renverser de fond en comble. L'explosion de la poudrière, dans cette nuit fatale [du ], a coûté la vie à cinquante de nos compagnons d'armes, et plus de cent ont été horriblement mutilés », in Jacques Louis Lacour, Excursions en Grèce pendant l'occupation de la Morée par l'armée française en 1832-33, Arthur Bertrand, Paris, 1834
  3. Aux Archives du Ministère grec de l’aménagement du territoire, de l'habitat et de l'environnement (ΥΠΕΧΩΔΕ) se trouvent 2 copies originales du plan de Modon (signées par Ioánnis Kapodístrias, et dont l'une porte en bas à droite une note de Audoy : « Levé et dessiné par moi, lieutenant du génie, Modon, 4 mai 1829 - Signature - Audoy ») et une copie du plan de Navarin (signée par Kapodístrias le 15 janvier 1831), in Vassilis Dorovinis, Capodistrias et la planification d'Argos (1828-1832), p. 502, note 2, Bulletin de Correspondance Hellénique  Année 1980  Suppl. 6  pp. 501-545.
  4. En 1833, Jacques Louis Lacour (sous-intendant militaire dans la brigade d'occupation) écrivait : « Ibrahim-Pacha (...) n'admirerait pas moins, s'il retournait aujourd'hui à Navarin, les talents et l'activité de notre génie militaire, en voyant une ville presque française se déployer en pittoresque amphithéâtre autour de la rade où il ne laissa qu'une vieille masure abandonnée bientôt par la douane. Cette cité, jeune au plus de cinq ans [1828-33], ne compte pas moins de deux à trois cents maisons de construction assez élégante, la plupart à plusieurs étages ; ses rues sont entretenues proprement ; on y trouve grand nombre de boutiques à l'européenne; une place bien pavée, servant de bourse et de promenade; une fontaine monumentale au milieu ; de riches magasins, sans dames de comptoir, il est vrai (les hommes de l'Orient s'en garderaient bien) ; un hôpital militaire construit sur les bords de la mer, dont la vue seule est déjà un sujet de repos et de récréation : cet établissement offre à nos braves enfants tous les secours et les soins empressés qui leur seraient prodigués en France. Une administration paternelle a su y transporter sa surveillance, ses prévisions et ses bienfaits, et les agents qu'elle a choisis participent tous également ici à la sagesse et à la dignité de ses pieuses obligations. Le bazar de Navarin est devenu l'entrepôt de la haute et basse Messénie. Il est pourvu de toutes les choses indispensables aux besoins et au luxe d'une civilisation exigeante ; (...) Enfin, Navarin, qui renfermait quelques mendiants abrutis par l'oisiveté, la servitude et la misère, offre aujourd'hui une population aisée, laborieuse et libre. Quel contraste offrirait un tel spectacle aux yeux du fils de Méhemet ! Il ne reconnaîtrait plus la plage déserte où campaient ses noires phalanges, mais il aurait bientôt reconnu la main des Français à tant d'heureuses métamorphoses. », in Jacques Louis Lacour, Excursions en Grèce pendant l'occupation de la Morée par l'armée française en 1832-33, Arthur Bertrand, Paris, 1834