Aller au contenu

Jeanne Ruff

Ajouter des liens
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Jeanne Ruff
Biographie
Naissance
Décès
(à 68 ans)
Colombes
Nom de naissance
Jeanne Marie Frédérique Ruff
Autres noms
Mme Deruaz, Vve Deruaz
Nationalité
Activité
Famille

modifier - modifier le code - modifier WikidataDocumentation du modèle

Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voir Ruff et Deruaz.

Jeanne Ruff[Note 1], épouse Deruaz, née à Turin le et morte à Colombes le , est une photographe française, active dans les années 1860 à 1890 à Paris.

Travaillant anonymement aux côtés de son mari François Deruaz jusqu'à sa mort en 1880, elle reprend ensuite seule leur atelier, sous le nom de Veuve Deruaz.

Biographie

[modifier | modifier le code]

Jeunesse et famille

[modifier | modifier le code]

Jeanne Marie Frédérique Ruff naît à Turin en 1840[2]. Elle est la fille de Frédéric Ruff, un cuisinier né à Hechingen (alors en Prusse), et de Marie Antoinette Louise Bonnard, son épouse[3]. Sa famille s'établit à Paris.

Devenue couturière, enceinte de sept mois, Jeanne Ruff épouse François Deruaz, un photographe né à Annecy en 1828[2]. En 1859, il a été condamné à six mois de prison et 100 francs d'amende pour outrage à la morale publique, après avoir participé à la réalisation et la diffusion de photographies obscènes[4],[Note 2]. En , il est à nouveau condamné à six mois de prison et 25 francs d'amende pour le même motif[5],[Note 3]. Le mariage du couple est toutefois célébré un mois plus tard, mais lorsque leur premier enfant, Frédéric François, naît en septembre, François Deruaz est déclaré sur son acte de naissance « absent pour son travail »[6].

Suivent six autres enfants : Marie, Françoise, Auguste, Amélie, Ernest et Paul naissent respectivement en 1863, 1866, 1867, 1870, 1874 et 1877[7]. Mais Frédéric François meurt en 1866, Auguste en 1868 et Amélie, placée en nourrice, en 1872[8].

Vers 1867, le 115, rue Vieille-du-Temple devient l'adresse personnelle et professionnelle des Deruaz.

Carrière

[modifier | modifier le code]

Jeanne Deruaz commence à exercer la profession de photographe avec son époux, dès les premières années de leur mariage[Note 4]. Leur atelier apparaît dans les annuaires du commerce à partir de 1870, avec pour spécialité la « photographie microscopique »[9]. Ce procédé, inventé au début des années 1860 par le photographe René Dagron, permet alors de produire des photographies de quelques millimètres, qu'il est ensuite possible d'enchâsser sous un verre grossissant dans des bijoux ou des petits objets[10].

En , François Deruaz meurt à son domicile[11]. À l'issue de l'inventaire après décès demandé par sa veuve, « Léopold Alfred Degrand, tourneur en tout genre et Eugène Nadaud, ancien photographe, [désormais] employé d'administration, tous deux désignés en tant qu'experts, [estiment], avec l'aide du commissaire-priseur, la valeur du matériel et de l'outillage de l'atelier de photographie à 390 francs et le fonds de commerce sans aucune valeur. »[12]

Sous l'identité « Vve Deruaz », Jeanne Deruaz reprend seule les rênes de l'atelier, qu'elle déplace vers 1884 au 1, rue Charlot[13], puis vers 1890 au 15, rue du Pont-aux-Choux[14],[Note 5]. Elle propose des « photographies microscopiques pour pèlerinage » et diversifie ses activités en vendant de la bimbeloterie et des articles de bureau[15]. En 1899, elle met en vente son affaire et cesse son activité de photographe[16]. L'atelier est repris par un certain F. Roussarie[17].

Jeanne Ruff meurt en 1908, en son domicile du 14, rue Voltaire à Colombes[18].

Notes et références

[modifier | modifier le code]

Notes

[modifier | modifier le code]
  1. ↑ On la trouve parfois appelée Frédérique Ruff[1]. Mais elle signe son acte de mariage « J. Ruff » et est dénommée « Jeanne Ruff », par exemple dans l'acte de décès de sa fille Amélie, en 1872.
  2. ↑ Son nom est transcrit par erreur Dernaz et Dernay dans l'article du journal Le Droit. On peut noter que la jeune fille de dix-sept ans condamnée en même temps que lui — et qui a probablement servi de modèle — s'appelle Marie-Eugénie Ruff.
  3. ↑ Son patronyme est à nouveau écorché dans Le Droit (Dernaz et Derruat).
  4. ↑ Selon les informations portées dans les différents actes de naissance et de décès de ses enfants, elle est alternativement dite « sans profession », « couturière », « lingère », mais aussi photographe, comme son mari, dès 1866.
  5. ↑ Puis 13-15, rue du Pont-aux-Choux.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. ↑ Dominique de Font-Réaulx, « Où sont les femmes photographes ? Femmes photographes françaises au milieu du xixe siècle », in Thomas Galifot, Marie Robert, Qui a peur des femmes photographes ? 1839-1945, Paris : M'O ; Vanves : Hazan, 2015, p. 53 (ISBN 978-2-7541-0862-1)
  2. ↑ a et b Acte de mariage Deruaz-Ruff no 668, , Paris ancien 9e arondissement, Archives départementales de Paris
  3. ↑ Acte de décès Ruff, no 88 du , 9e arrondissement de Paris, Archives de Paris
  4. ↑ « Outrage à la morale publique — Photographies obscènes », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Droit, (consulté le )
  5. ↑ « Photographies obscènes — Mise en vente d'épreuves non autorisées », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Droit, (consulté le ), p. 3
  6. ↑ Acte de naissance Deruaz, no 1908 du , 20e arrondissement de Paris, Archives de Paris
  7. ↑ Actes de naissance Deruaz, no 1801 du , no 506 du , no 1730 du , no 318 du , no 1279 du , no 599 du , 3e arrondissement de Paris, Archives de Paris
  8. ↑ Actes de décès Deruaz, no 337 du , 3e arrondissement de Paris, Archives de Paris ; no 25 du , Jouy-en-Josas, Archives des Yvelines ; no 1 du , Montcresson, Archives du Loiret
  9. ↑ « Deruaz (F.) », sur Gallica, Annuaire-almanach du commerce, de l'industrie, de la magistrature et de l'administration : ou almanach des 500.000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers, Firmin Didot et Bottin réunis, (consulté le ), p. 240
  10. ↑ « Photographie microscopique », sur Gallica, L'Ami des sciences, (consulté le ), p. 143
  11. ↑ Acte de décès Deruaz no 85, , 13e arrondissement de Paris, Archives de Paris
  12. ↑ Inventaire après décès de François Deruaz, Minutes et répertoires du notaire Jules Plocque, , Archives nationales (cote MC/ET/LXXXVIII/1685) [lire en ligne]
  13. ↑ « Deruaz (Vve) », sur Gallica, Annuaire-almanach du commerce, de l'industrie, de la magistrature et de l'administration : ou almanach des 500.000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers, Firmin Didot et Bottin réunis, (consulté le ), p. 1677
  14. ↑ « Deruaz (Vve) », sur Gallica, Annuaire-almanach du commerce, de l'industrie, de la magistrature et de l'administration : ou almanach des 500.000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers, Firmin Didot et Bottin réunis, (consulté le ), p. 2591
  15. ↑ « Deruaz (Vve) », sur Gallica, Annuaire-almanach du commerce, de l'industrie, de la magistrature et de l'administration : ou almanach des 500.000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers, Firmin Didot et Bottin réunis, (consulté le ), p. 1723
  16. ↑ « Deruaz (Vve) », sur Gallica, Archives commerciales de la France, (consulté le ), p. 1323
  17. ↑ « Photographie microscopique [encart publicitaire] », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Guide des communautés, du clergé et des missions, (consulté le ), p. 8
  18. ↑ Acte de décès Ruff no 543, , Colombes, Archives départementales des Hauts-de-Seine

Liens externes

[modifier | modifier le code]
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Jeanne_Ruff&oldid=202197070 ».