Jean-Michel Claverie
Jean-Michel Claverie, né le 6 mai 1950 à Paris (13ème), est un biologiste français, virologiste, découvreur des premières familles de virus géants. Retraité, il exerce comme Professeur émérite à la faculté de médecine de l'université d'Aix-Marseille. En 2003, son laboratoire a participé à la description du premier virus géant Mimivirus[1]. Le concept de "virus géant" a ensuite été étendu par la découverte des prototypes de 3 nouvelles familles de virus géants: Pandoravirus (en 2013), Pithovirus (en 2014) et Mollivirus en (2015). Ces deux derniers virus, isolés à partir de pergélisol sibérien ont également démontré la capacité de survie des virus à de longues périodes de congélation dans le sol, un danger popularisée par les médias comme celui des "virus zombies"[2],[3].
Biographie
[modifier | modifier le code]Jean-Michel Claverie, est le fils unique de Pierre Richard Jack Claverie (1925-2004), kinésithérapeute et professeur d’EPS, et de Monique Raymonde Simone Gouge (1925-2017), comptable.
Après des études à Paris au lycées Honoré de Balzac puis au lycée Carnot, il a suivi une formation très pluridisciplinaire (Biochimie, biophysique, physique théorique et informatique) au sein des université Paris VI, VII et XI.
En 1975, Il est embauché au CNRS dans le grade de Stagiaire de Recherche, juste après avoir soutenu sa thèse de spécialité en Biochimie.
Sa thèse de doctorat d’Etat es Science (Sept 1977) a été dirigé par René Cohen dans le laboratoire de Physique Biologique au sein de l’Institut Jacques Monod, alors sur le campus de Jussieu. Elle est intitulée « Modélisation mathématique et simulation des systèmes biologiques », et porte principalement sur la résolution numérique d’une formulation variationnelle de systèmes d’équations différentielles couplées de type Navier-Stokes à l’aide de la méthode des éléments finis[4].
Son doctorat en poche, il effectue son service militaire comme VSNA en tant que chercheur post-doctoral (1977-1979) dans le laboratoire du Prof. Jean-Paul Thirion, au CHU de Sherbrooke (Québec, Canada). Il s’y familiarise avec le domaine de la génétique des cellules somatiques[5] et le Québec en pleine révolution politique et culturelle.
Après un cours retour en France, il repart en détachement au Salk Institute (La Jolla, Californie, E-U.) comme chercheur post-doctoral dans le laboratoire de Biologie du développement dirigé par le Prof. Melvin Cohn, ou il se forme à l’immunologie au contact de Rodney Langman[6].
De retour à Paris en 1981 en tant que Chargé de Recherche au CNRS, il intègre l’Institut Pasteur pour y créer et diriger l’unité d’informatique scientifique, dont les recherche et les développements ont contribué à l’émergence de la « Bioinformatique » (terme qui n’est apparu qu’en 1990). Il est nommé Chef de Laboratoire à l’Institut Pasteur en 1982[7].
A la même période J.M. Claverie initie une collaboration intellectuelle avec le Prof. Philippe Kourilsky dans le domaine de l’immunologie cellulaire qui aboutira à la formulation du concept du « soi peptidique », qui a clarifié le rôle alors confus du complexe majeur d’histocompatibilité dans la spécificité des réponses immunitaires adaptatives[8],[9].
Après un passage éclair comme professeur d’immunologie à l’Université de Rouen (1989-1990), il est de nouveau recruté par le CNRS comme directeur de recherche en 1990.
Suite à un désaccord sur la stratégie de développement de la Bioinformatique à l’Institut Pasteur, J-M. Claverie retourne aux E-U détaché du CNRS sur un poste de « senior visiting scientist » au NIH (campus de Bethesda, Maryland) à l’invitation de David Lipman directeur du National Center for Biotechnology Information créé pour accompagner l’essor d’une nouvelle discipline, la génomique. Il y participera à plusieurs projets de bioinformatique[10],[11], dont l’identification du gène associé au syndrome de Kallmann[12].
Après un intermède de quelques mois comme directeur de la recherche informatique dans l’entreprise Incyte Pharmaceuticals (Palo Alto, Californie), Il rejoint Marseille en 1995 à l’invitation du CNRS pour créer le Laboratoire Information Génétique et Structurale avec Chantal Abergel, spécialiste en biologie structurale des protéines.
Après plusieurs années de travaux dans le domaine de la génomique des bactéries parasites intracellulaires (en collaboration avec l’Unité des Rickettsies dirigées par le Prof. Didier Raoult)[13],[14] , il participe à la découverte du premier virus géant, Mimivirus, qui va initier une réorientation complète de sa carrière et de son laboratoire rebaptisé « Information Génomique et Structurale », successivement unité de recherche mixte CNRS-Aventis (1999-2002), unité propre du CNRS (2003-2011), puis unité mixte CNRS-Université Aix-Marseille (2012- ).
La révolution des virus géants (2003- )
La découverte de Mimivirus[15],[16], un virus d’amibe doté une particule facilement visible au microscope optique et d’un génome d’une taille comparable à une bactérie a ouvert une nouvelle ère en virologie, qui s’est enrichie de nombreuses autres familles de virus géants infectant divers protistes dans les 20 années qui suivirent[17]. Cet élargissement imprévu du monde viral a amené le Comité International de Taxonomy Virale (ICTV [18]) à en revoir la classification de fond en comble, notamment en adoptant une nomenclature binomiale d'inspiration linnéenne.
Sous la direction de J.-M. Claverie, le laboratoire IGS a isolé et caractérisé les prototypes de 3 nouvelles familles de virus géants nommés Pandoravirus (en 2013)[19], Pithovirus (en 2014)[20] et Mollivirus (en 2015)[21]. Ces deux derniers virus, ressuscités de pergélisol sibérien vieux d’environ 30.000 ans, ont initié la très médiatique notion de virus « zombie »[22],[2]. La thématique de recherche sur les virus géants est désormais poursuivie au plan environnemental comme fonctionnel sous la direction de Chantal Abergel, à la tête du laboratoire depuis 2018.
Responsabilités administratives et scientifiques (liste partielle)* Directeur de 11 thèses de doctorat[23]
- Direction de l’informatique scientifique de l’Institut Pasteur, Paris (1982-1992)
- Direction du laboratoire « Information Génomique & Structurale », Marseille, (1995-2017)
- Direction de l’Institut de Microbiologie de la Méditerranée, Marseille, (2008-2017)
- Conseil scientifique du Centre National de Séquençage ("Genoscope")(1998-2002, 2006-2011)
- Conseil Scientifique du Consortium National de Recherche en Génomique (2002-2006)
- Conseil scientifique des Instituts Max Planck, Berlin (Allemagne)(2002-2010)
- Comité National de la Recherche Scientifique (2001-2005)
- Panel des « reviewing editors », Science (USA) (2002-2012)
- Co-fondateur et vice-président de la Société Française de Virologie (2015-2020)[24]
Distinctions
- Prix Pierre BOIS (Université McGill, Montréal, 2000)
- Médaille d’argent du CNRS (2003)[25]
- Sol Spiegelman Lecture (Urbana Champain, 2006)
- Professeur invité par Rockefeller University (New York, USA)(06-09/2014)
- Prix de « La Recherche » (Paris, 2015)
- Chevalier dans l’ordre des Palmes Académiques (2016)[26]
- Prix Jaffé de l’académie des Sciences (2019, avec C. Abergel)[27]
Ouvrage
- Bioinformatics for Dummies, J.-M. Claverie & C. Notredame (2003, 2ndedition dec 2006). John Wiley, New York.[28]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Jean-Michel Claverie et Chantal Abergel, « Mimivirus and its Virophage », Annual Review of Genetics, vol. 43, no 1, , p. 49–66 (ISSN 0066-4197 et 1545-2948, DOI 10.1146/annurev-genet-102108-134255, lire en ligne, consulté le )
- https://edition.cnn.com/2023/03/08/world/permafrost-virus-risk-climate-scn/index.html
- https://www.thinkglobalhealth.org/article/zombie-viruses-arctic
- (en) Jean‐Michel Claverie, « Sedimentation of generalized systems of interacting particles. III. Concentration‐dependent sedimentation and extension to other transport methods », Biopolymers, vol. 15, no 5, , p. 843–857 (ISSN 0006-3525 et 1097-0282, DOI 10.1002/bip.1976.360150504, lire en ligne, consulté le )
- (en) Jean-Michel Claverie, Aristide Comlan De Souza et Jean-Paul Thirion, « MUTATIONS OF CHINESE HAMSTER SOMATIC CELLS FROM 2-DEOXYGALACTOSE SENSITIVITY TO RESISTANCE », Genetics, vol. 92, no 2, , p. 563–572 (ISSN 1943-2631, PMID 488705, PMCID PMC1213976, DOI 10.1093/genetics/92.2.563, lire en ligne, consulté le )
- (en) Jean-Michel Claverie et Rodney Langman, « Models for the rearrangements of immunoglobulin genes: a computer view », Trends in Biochemical Sciences, vol. 9, no 7, , p. 293–296 (DOI 10.1016/0968-0004(84)90292-5, lire en ligne, consulté le )
- (en) Michel Elie Goldberg, « François Gros, mon patron », C R Biol., vol. 346, no S2, , p. 79–84 (ISSN 1768-3238, DOI 10.5802/crbiol.128, lire en ligne, consulté le )
- Claverie JM, Kourilsky P. Ann Inst Pasteur Immunol. 1986;137D(3):425-42.
- (en) Philippe Kourilsky et Jean-Michel Claverie, « MHC-Antigen Interaction: What Does the T Cell Receptor See? », dans Advances in Immunology, vol. 45, Elsevier, , 107–193 p. (ISBN 978-0-12-022445-6, DOI 10.1016/s0065-2776(08)60693-8, lire en ligne)
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- (en) Jean-Michel Claverie, « A Streamlined Random Sequencing Strategy for Finding Coding Exons », Genomics, vol. 23, no 3, , p. 575–581 (DOI 10.1006/geno.1994.1545, lire en ligne, consulté le )
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- https://theses.fr/074172506
- La Société Française de Virologie, naissance et premier acte. Virologie (Montrouge). 2017;21:45-47. doi: 10.1684/vir.2017.0693.
- https://www.cnrs.fr/fr/personne/jean-michel-claverie
- https://www.imm.cnrs.fr/actualites/jean-michel-claverie-lhonneur
- https://www.academie-sciences.fr/fr/Laureats/laureats-2019-des-prix-thematiques-deuxieme-ceremonie.html
- https://www.amazon.fr/Bioinformatics-Dummies-PhD-Jean-Michel-Claverie-dp-0470089857
Liens externes
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