Aller au contenu

James Agate

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
James Agate
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata
Pendleton (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 69 ans)
HolbornVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
James Evershed AgateVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Giggleswick School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Fratrie
Edward Agate (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

James Evershed Agate () est un diariste et critique dramatique britannique. Il travaille successivement pour le Guardian (1907–14), le Saturday Review (1921–23), et le Sunday Times (1923–47), ainsi que pour la BBC (1925–32).

Les journaux d'Agate et ses lettres, publiés dans une série de neuf volumes intitulés Ego, décrivent le théâtre britannique de son époque, ainsi que ses autres sujets d'intérêt parmi lesquels les sports, des commérages, et ses préoccupations personnelles sur sa santé et l'état précaire de ses finances. Outre ses critiques théâtrales, il a également écrit sur le cinéma et la littérature britannique, et publié trois romans, ainsi que des collections de ses essais sur le théâtre.

Les premières années

[modifier | modifier le code]

Fils ainé de Charles James Agate (1832-1909), drapier, et de Eulalie Julia née Young, James Evershed Agate nait à Pendleton (en), près de Manchester[1]. Son père a un vif intérêt pour la musique et le théâtre, dans les milieux desquels il a de nombreuses relations : Gustave Garcia (en), neveu de la prima donna Maria Malibran, était ami de Charles depuis qu'ils avaient été apprentis ensemble dans une manufacture de coton. Sa mère, élevée à Paris et à Heidelberg, était une pianiste accomplie[2]. Grâce aux relations de sa famille avec les milieux artistiques allemands à Manchester, James Agate assiste à de nombreuses représentations dans sa jeunesse. En , Sarah Bernhardt visite la demeure des Agate, ce qui montre la place qu'avait cette famille dans la vie artistique locale[3]. May, la sœur unique de James, étudiera par la suite l'art dramatique à Paris sous la direction de Sarah Bernhardt[1].

Après des études brillantes à la Giggleswick School (en) et à la Manchester Grammar School, il ne va pas à l'université, mais travaille pendant dix-sept années aux côtés de son père[1]. Il fréquente les théâtres durant son temps libre, et admire les écrits critiques de George Bernard Shaw dans le Saturday Review, en rêvant de les imiter. En 1906, il écrit une lettre concernant une représentation dramatique à un journal local de Manchester. Elle est publiée, et l'éditeur propose à Agate d'écrire une rubrique théâtrale hebdomadaire. L'année suivante, Agate rejoint l'équipe de critiques du Manchester Guardian dirigée par Charles Edward Montague (en)[1].

Dès ses débuts, Agate n'hésite pas à critiquer sévèrement les acteurs prédominants de la scène anglaise lorsqu'il l'estime justifié. Quelques mois après son entrée au Guardian, il écrit au sujet de la représentation de Herbert Beerbohm Tree dans Richard II : « C'était extraordinairement inintéressant ; il est étonnant de voir à quel point un rôle tragique convient mal à un acteur aussi remarquable que l'est indiscutablement, dans d'autres directions, Mr. Tree. »[4].

Agate écrit à cette époque une pièce, The After Years, que son biographe, Ivor Brown (en), décrit comme « pas vraiment un succès ». Un autre biographe, James Harding, dit de ses tentatives suivantes (une pièce et trois romans) qu'elles sont « de peu d'importance »[5].

En , à l'âge de trente-sept ans, Agate s'engage comme volontaire dans le Royal Army Service Corps (en), et est envoyé en France. Il devait envoyer une série de lettres ouvertes au Manchester Guardian, relatant ses expériences ; elles furent réunies dans son premier livre, L. of C. (Lines of Communication)[6]. Sa connaissance des chevaux et le fait qu'il parlait français couramment font qu'Agate obtient un poste de fourrier (qu'il décrit dans le premier volume de Ego), dans lequel il réussit remarquablement. Son système de gestion des achats de fourrage à l'étranger et en temps de guerre fut reconnu par le Bureau de la Guerre et servit de base à un manuel officiel ; son nom figure sur le mémorial de guerre à Chapel-en-le-Frith dans le Derbyshire.

Après L of C, Agate publie un livre d'essais sur le théâtre, Buzz, Buzz!, en 1918. La même année, alors qu'il est toujours en service en France, il épouse Sidonie Joséphine Edmée Mourret-Castillon, fille d'un riche propriétaire terrien. Le mariage ne dure pas, et après un divorce à l'amiable, Agate ne connaitra plus que des relations homosexuelles[1],[7].

Critique de théâtre à Londres

[modifier | modifier le code]

De retour à la vie civile, Agate continue sa carrière de critique de théâtre. En 1919, il publie un second livre d'essais, Alarums and Excursions (Bruits de bataille en coulisse)[8]. En 1921, il devient titulaire du poste tenu jadis au Saturday Review par Shaw (puis par Max Beerbohm), et en 1923, il passe au Sunday Times, où il restera critique dramatique jusqu'à sa mort. De 1925 à 1932, il occupe également le poste de critique dramatique à la BBC[1]. Son premier journal, The Manchester Guardian, écrira par la suite : « Que Agate soit le premier critique dramatique de son temps peut être mis en doute par les admirateurs de Ivor Brown ou de Desmond MacCarthy, mais on ne peut discuter qu'il soit le premier critique de théâtre. Il était né dans le théâtre, il comprenait le jeu des acteurs, il avait dans le sang les scènes françaises et anglaises. »[7].

Outre son travail comme critique de théâtre, Agate assure la critique de films pour le Tatler et la critique littéraire du Daily Express ; il a également des activités de loisir lui demandant beaucoup de temps et d'argent : c'est un passionné de cricket et de boxe, il possède des poneys Hackney de show, et c'est un golfeur enthousiaste. Toutes ces passions sont détaillées dans ses journaux personnels, publiés entre 1935 et sa mort dans une série de volumes intitulés Ego, Ego 2, Ego 3, etc[9]. L'historien Jacques Barzun, admirateur de Agate et éditeur d'une réimpression des deux derniers volumes de Ego[10], mit le travail d'Agate en valeur en 2001[11]., ce qui relança l'intérêt d'une nouvelle génération :

« Quand en 1932 il [Agate] décida de commencer un journal, il résolu de représenter toute sa vie, c'est-à-dire non seulement ses pensées et ses occupations quotidiennes, mais aussi ses conversations et sa correspondance avec d'autres, y compris ses frères et sa sœur, aussi originaux qu'il l'était lui-même. Le résultat, entrecoupé d'improvisations hilarantes, vaut le journal de Pepys pour ce qui est de la vie qu'il donne aux personnages et de la finesse des détails historiques. »

Alistair Cooke, un autre admirateur de Agate, consacra une de ses Lettres d'Amérique au « diariste suprême »[12].

Agate eut une succession de secrétaires, parmi lesquels Alan Dent (Jock), qui le servit pendant quatorze années, devint le plus important. Dent arriva chez Agate en  : « Il annonça qu'il s'appelait Alan Dent, qu'il habitait un endroit ridicule près d'Ayr, avait fait des études universitaires, détestait la médecine et refusait d'être médecin, admirait mon travail et voulait être mon secrétaire à tout prix, et avait marché depuis l'Écosse dans ce but. Regardant ses bottes, je compris que cette dernière affirmation avait seulement pour but de susciter ma pitié. » (Ego [1], p. 91.)

Les entrées du journal de Agate (constituant les neuf volumes de Ego) sont écrites dans un style décousu, où abondent les anecdotes et les nouvelles du jour, des extraits de sa volumineuse correspondance avec les lecteurs de ses critiques et de ses livres, des remarques amusantes sur son état de santé et celui de ses finances. Beaucoup d'entre elles mentionnent ses amis Herbert van Thal (en), George William Lyttelton, Dent et Pavia, ainsi que Edward Agate, son frère bien-aimé. Figurent aussi comme thèmes récurrents Maria Malibran, Sarah Bernhardt, Réjane, Rachel, l'affaire Dreyfus, William Shakespeare, et Charles Dickens. Son style est « franc et vigoureux, et toujours amusant, en dépit de son refus d'admettre qu'il existe de grands acteurs postérieurs à Henry Irving »[13]. Il a été comparé à des critiques des générations précédentes, tels que Clement Scott (en) et A. B. Walkley : « Il admirait le pouvoir qu'avait eu Scott sur le Daily Telegraph durant le dernier tiers du dix-neuvième siècle, et appréciait l'élitisme et la francophilie de Walkley au Times durant la fin du règne de Victoria et la période édouardienne. Agate cherchait à s'insérer dans cette tradition, et en conséquence ses critiques sont verbeuses et tendent à s'écouter parler, mais elles sont hautement révélatrices, intéressantes et amusantes »[14].

Agate fait en 1937 une adaptation d'une pièce allemande concernant l'affaire Dreyfus, I Accuse!(de Hans Rehfisch et Wilhelm Herzog (en)) qui n'eut aucun succès[15] ; en revanche, ses notices théâtrales furent publiées dans une série de collections incluant Buzz, Buzz!, Playgoing, First Nights, More First Nights, etc., et gardent leur intérêt historique pour leur description du milieu théâtral londonien entre les deux guerres. Il écrivit également une importante anthologie, The English Dramatic Critics, 1660–1932, et une biographie de l'actrice Rachel, que Arnold Bennett déclara être « sans le moindre doute le meilleur traitement en anglais » de la question[16].

La santé de Agate se détériore durant la Seconde Guerre mondiale, et il commence à souffrir de troubles cardiaques. Il meurt soudainement à Londres, à l'âge de 69 ans, peu après avoir terminé le neuvième volume de Ego.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Aucun des ouvrages de James Agate n'a été traduit en français. Les neuf volumes de Ego furent publiés en 1935, 1936, 1938, 1940, 1942, 1944, 1945 (et A Shorter Ego en deux volumes en 1946), 1947 et 1948. Il écrivit aussi des volumes de The Contemporary Theatre, publiés par Chapman et Hall, couvrant les années 1923, 1924, 1925, 1926, 1944 et 1945. Ses autres publications sont les suivantes :

  • L. of C. [Lines of Communication]. Constable, 1917
  • Buzz, Buzz! Essays of the Theatre. Collins, 1918
  • Responsibility. Grant Richards, 1919/Hutchinson, 1943
  • Alarums and Excursions. Grant Richards, 1922
  • At Half Past Eight. Jonathan Cape, 1923
  • Fantasies and Impromptus. Collins, 1923
  • On An English Screen. John Lane The Bodley Head, 1924
  • White Horse and Red Lion. Collins, 1924
  • Blessed Are The Rich. Leonard Parsons, 1924/Hutchinson, 1944
  • Agate's Folly. Chapman and Hall, 1925
  • The Common Touch. Chapman and Hall, 1926
  • Essays of Today and Yesterday. Harrap, 1926
  • A Short View of The English Stage, 1900–1926. Herbert Jenkins, 1926
  • Playgoing. Jarrolds, 1927
  • Rachel. Gerald Howe, London; Viking Press, NY 1928
  • Gemel In London. Chapman and Hall, 1928/Hutchinson, 1945
  • Their Hour Upon The Stage. Mandarin Press, Cambridge, 1930
  • The English Dramatic Critics, 1660–1932. Arthur Barker, 1932
  • My Theatre Talks. Arthur Barker, 1933
  • First Nights. Ivor Nicholson and Watson, 1934
  • Kingdoms For Horses. Gollancz, 1936
  • More First Nights. Gollancz, 1937
  • Bad Manners. John Mills, 1938
  • The Amazing Theatre. Harrap, 1939
  • Speak For England. Hutchinson, 1939
  • Express and Admirable. Hutchinson, 1941
  • Thursdays and Fridays. Hutchinson, 1941
  • Here's Richness! An Anthology of and by James Agate. Foreword by Sir Osbert Sitwell. Harrap, 1942
  • Brief Chronicles. Jonathan Cape, 1943
  • These Were Actors. Extracts from a Newspaper Cutting Book, 1811–1833. Hutchinson, 1943
  • Red Letter Nights. Jonathan Cape, 1944
  • Noblesse Oblige. Home and Van Thal, 1944
  • Immoment Toys: A Survey of Light Entertainment on the London Stage, 1920–1943. Jonathan Cape, 1945
  • Around Cinemas. Home and Van Thal, 1946
  • Thus To Revisit. Home and Van Thal, 1947
  • Oscar Wilde and The Theatre. Curtain Press, 1947
  • Those Were The Nights. Hutchinson, 1947
  • Around Cinemas, Second Series. Home and Van Thal, 1948
  • Words I Have Lived With. A Personal Choice. Hutchinson, 1949
  • A Shorter Ego. Volume Three. Harrap, 1949
  1. a b c d e et f (en) Brown, Ivor, rev. Marc Brodie "Agate, James Evershed (1877–1947)", Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004
  2. (en) Van Thal, Herbert (ed.) (1961) James Agate, an Anthology; introduction par Alan Dent, New York, Hill and Wang
  3. James Harding Agate: a Biography Londres : Methuen, 1986
  4. (en) J. E. Agate, "Theatre Royal", The Manchester Guardian, 6 novembre 1907, p. 12
  5. Harding, p. 25, cité dans ODNB
  6. (en) "A War Book", The Manchester Guardian, 20 juin 1917, p. 3
  7. a et b The Manchester Guardian, nécrologie, 7 juin 1947, p. 8
  8. (en) "Agate, James Evershed", Who Was Who, A & C Black, 1920–2008 ; édition en ligne, Oxford University Press, décembre 2007
  9. Agate 1976, p. 256
  10. (en) The Later Ego, Consisting of Ego 8 and Ego 9, Jacques Barzun, ed., New York, Crown Publishers, 1951
  11. (en) From Dawn to Decadence: 500 Years of Western Cultural Life, 1500 to the Present, Jacques Barzun, Harper Perennial, 2001.
  12. (en) Letter from America. Voir aussi [1]
  13. (en) Hartnoll, Phyllis, and Peter Found (eds) "Agate, James Evershed"" The Concise Oxford Companion to the Theatre, Oxford University Press, 1996. Oxford Reference Online
  14. (en) Victor Emeljanow, "Agate, James", The Oxford Encyclopedia of Theatre and Performance, Oxford University Press, 2003
  15. The Times, 28 octobre 1937, p. 14
  16. Harding 1986

Références

[modifier | modifier le code]
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « James Agate » (voir la liste des auteurs).
  • (en) James Agate, The Selective Ego, Tim Beaumont, (une version condensée des neuf volumes du journal d'Agate)
  • (en) James Harding, Agate, Methuen; London, (ASIN BOOOWVPRI)

Liens externes

[modifier | modifier le code]