Ingrandes
Ingrandes est un toponyme rencontré notamment à :
- Ingrandes, commune française de l'Indre
- Ingrandes, ancienne commune française de Maine-et-Loire
- Ingrandes, commune française de la Vienne
- Ingrandes-de-Touraine, ancienne commune française d'Indre-et-Loire (intégrée à Coteaux-sur-Loire)
- Ingrandes-le-Fresne-sur-Loire, commune française de Maine-et-Loire
- Ingrandes, lieu-dit de la commune de La Réorthe en Vendée
- la seigneurie d'Ingrande, à Chazé-sur-Argos (Maine-et-Loire)[1]
Toponymie
[modifier | modifier le code]Variantes
[modifier | modifier le code]Aigurande, Eygurande, Eygurande-et-Gardedeuil, Iguerande, Ingrannes, Ygrande et Yvrandes. Si l'on prend en compte les lieux-dits, 120 toponymes sont issus du même étymon *egoranda[2].
Toponymes de même signification
[modifier | modifier le code]On peut leur ajouter les toponymes procédant du latin Fines, qui est une traduction simplifiée du mot gaulois à l'époque gallo-romaine[3] ; par exemple :
- Fain-lès-Moutiers, commune de la Côte d'Or
- Feins-en-Gâtinais, commune du Loiret
- Fins, commune de la Somme
- Fismes, commune de la Marne.
Il existe quelques autres toponymes qui peuvent marquer d'anciennes frontières, mais d'origine différente, notamment le latin basilica qui est devenu Basoche, Bazoges, etc.
Étymologie d'Egoranda ou Equoranda
[modifier | modifier le code]Le terme gaulois réellement utilisé n'est attesté par aucun texte, il est donc reconstitué en fonction des données disponibles et des théories de l'évolution du gaulois. La plus ancienne attestation textuelle date du VIIe siècle : "Igoranda" (Ingrandes-sur-Vienne, dans une chronique de la translation des reliques de saint Léger[4]. Les travaux sur ce toponyme remontent au XIXe siècle ; on citera les reconstitutions de :
- Roger Dion : il propose *ivuranda[5] mais aussi *igoranda.
- Charles Rostaing[6] utilise *equoranda.
- Pierre-Yves Lambert : dans La Langue gauloise[7], il propose *egoranda. En effet, les formes anciennes présentent un /g/ et non pas /kw/. De plus, le /kw/ n'est pas attesté en gaulois où il a régulièrement abouti à /p/ comme en brittonique[8], à l'exception du nom de la Seine, Sequana (qui peut s'analyser en *Se-ku-wa-na) et de equos, nom d'un mois dans le calendrier de Coligny.
- Xavier Delamarre suggère *equoranda ou *icoranda « limite territoriale »[9]. Le sens est assuré par les gloses latines qui traduisent par fines « limite, frontière »[9].
- Jacques Lacroix propose *icoranda (avec un passage de /k/ à /g/) ou *ic(u)oranda (afin d'éviter la graphie en qu qui est malencontreuse).
La signification en serait limite ou frontière (randa)[10]marquée par l'eau[11]. Pour Jacques Lacroix, le radical ic- correspond bien à "eau", on le retrouve par exemple dans Icauna (déesse de rivière à Auxerre). Le toponyme connote généralement l'eau, en particulier lorsqu'il est devenu le nom d'une rivière (l'Egrenne entre la Manche et l'Orne ; l'Egronne dans l'Indre). Dans certains cas, le toponyme devient synonyme de "frontière" tout court : ainsi pour le mont Durande (Haute-Loire, 1470 : Guyrandas).
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- J. Havet, « Igoranda ou Icoranda « frontière ». Note de toponymie gauloise », in Revue archéologique, tome XX, 1892, pp. 170-175 [ouvrage cité par Roger Dion, infra]
- Auguste Longnon, « Le nom de lieu gaulois ewiranda », Ibidem, pages 281-287 [ouvrage cité par Roger Dion, infra].
- Roger Dion, Les Frontières de la France, Hachette, 1947.
- Charles Rostaing, Les Noms de lieux, PUF (coll. Que sais-je ?), Paris, 1969.
- Jacques Lacroix, Les Noms d'origine gauloise. La Gaule des combats, Editions Errance, Paris, 2003, pp. 45-52.
L'auteur étudie en détail les aspects linguistique et toponymique et, grâce à quelques cartes de cités gauloises, montre que le toponyme est présent tout au long de leur limite.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Cf. [1]
- Jacques Lacroix, p. 51, en référence à une étude de Paul Lebel de 1937.
- Dans le cas d'Ingrandes (Indre), la dénomination Fines a effectivement été utilisée à l'époque gallo-romaine, mais n'a pas éliminé la dénomination gauloise. On la trouve sur la Table de Peutinger, sur quelques bornes milliaires.
- Lacroix, p. 51.
- Dion, p. 34
- Rostaing, pp. 41 et 54
- Lambert, La Langue gauloise, Editions Errance, 1994.
- Cf. latin quinque, breton pemp, cinq
- Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise : Une approche linguistique du vieux-celtique continental, Paris, éditions Errance, 2003, p. 163-164
- Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise
- *ego, selon Auguste Longnon.